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vendredi 14 décembre 2012

Ciné tardif : Skyfall, de Sam Mendes

En cette période de Hobbit et de sorties précipitées avant Noël, retour sur l'un des films évènements de cette dernière rentrée, le nouvel épisode d'une institution bien ancrée dans le paysage cinématographique.

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Une bannière étonnamment sobre pour un éternel retour...

  Dans la foulée des films de Martin Campbell et Marc Forster, le Bond nouveau se réinvente cette fois-ci sous la caméra de Sam Mendes, réalisateur britannique de films à teneur plus classique, voire d'auteur (d'American Beauty aux Noces Rebelles)... en tous cas, loin du principe de franchise qui supervise pourtant chaque nouveau James Bond. Avec une société-mère (la MGM), au bord du gouffre à chaque nouvelle production lancée sur les rails, la mise en chantier chaotique de Skyfall (entaillé de coupes budgétaires) rend d'autant plus réjouissant le produit fini, entre mix old school parfois référentiel et volonté d'aplanir une fois pour toutes les nouvelles bases. 

Bouclant la première trilogie du renouveau, avec Daniel Craig en étendard de la nouvelle masculinité, Skyfall s'en prend de façon classique (c'est-à-dire, en bousculant l'establishment) à l'un de ses gardes-fous les plus constants : soit Judi Dench, mère supérieure chapeautant la saga depuis Goldeneye en 1996. Pas de complot à l'échelle mondiale derrière tout ça, mais une histoire de vengeance plus simple qu'il n'y paraît, à la cohérence mise en faille par son instrument principal : Javier Bardem, certes excellent en méchant de cartoon improbable, est handicapé par une psychologie de comptoir pilotant tout le film, qui a pourtant le mérite de filer droit.

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L'attente.
  En repensant cependant son action (et en pacifiant une mise en scène appelée à pétarader), la licence perd les effets de montage catastrophiques hérités du film d'action post-Jason Bourne pour retrouver une progression considérablement plus lisible et enfin raccord avec notre héros fait de chair et de sang. Au programme, quelques scènes d'actions aussi courtes que violentes et sèches, toutes tendues dans l'espace, avec la part d'improbabilité classique parfaitement intégrée à la mythologie entourant James Bond (le plan-frime instauré par Brosnan à l'appui).
La photographie de Roger Deakin, collaborateur régulier de Sam Mendes et des frères Coen, est souvent sublime quand le réalisateur choisit d'équilibrer l'exotisme clinquant avec une base de lieux plus communs, transfigurés : jungle urbaine asiatique diluée dans les néons, rues grisâtres de la capitale londonienne, désert écossais brumeux. De superbes tableaux, capturés en de longs plans. 

Daniel Craig, 44 ans, ne cache pas son âge, en raccord parfait avec le sous-texte interrogeant la nécessité d'avoir un tel fou de guerre encore en activité autour du globe. On découvre l'acteur et le personnage, grimés en machine vieillissante, assurant le boulot pour l'honneur et l'Angleterre autant par sacrifice que par caprice. Au-delà de la performance poseuse, une nouvelle représentation du syndrome du personnage perdu dans un monde nouveau, où tout se résout de façon intangible (un thème pas vraiment nouveau), mais aussi une invitation à la nécessité de vieillir (prendre sa retraite ?) comme le personnage en lui-même, revenu de tout après 50 ans d'incarnations désuètes, kitsch ou déplacées.

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James saigne et sue, toujours avec classe : badass shit.
  Tout entier porté par son activité d'agent du MI6, James Bond cavalcade sans relâche pendant toute la durée du film, jusqu'à un troisième acte totalement inédit et presque courageux dans son envie (déceptive à l'écran) de construire plus en profondeur le personnage, plutôt que de l'exposer à la convention classique du final de film d'action réclamant violence et explosions.
Dans l'histoire du personnage, le retour aux origines est quasiment contreproductif, James Bond étant cet être monolithique (d'autant plus depuis Daniel Craig) recréant toujours les mêmes formules. Même sans en arriver à de bouleversantes révélations, l'approche hors de la convention initiale - qu'on pourrait attribuer uniquement à son réalisateur si les scénaristes originels n'était pas présents -  oscille entre hommage et nouveau départ, et permet a posteriori d'enrichir le James Bond des années 2010, toujours dans la lignée du reboot amorcé par Casino Royale

Dans la déconstruction des vestiges du passé, Skyfall enraye parfois le mythe, hésitant entre lui apporter sa propre voie ou y faire référence en permanence. Au bout de 50 ans, le personnage prend toutefois avec cet épisode bien agencé un bain de jouvence réussi, et c'est déjà beaucoup.

Trailer :



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