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jeudi 31 décembre 2015

Classement ciné : 2015 en 13 films


Seconde année ciné complète en Australie (de janvier à décembre), dépendante donc des sorties locales. On se retrouve avec quelques répétitions et décalages inhérents aux sorties européennes et américaines (beaucoup de sorties propres à l'Europe n'ont pas eu lieu ici). Il y a je l'avoue beaucoup de manquements mais on tâchera d'amender si il le faut. Cette liste est garantie sans Star Wars, ni Jurassic World


13. 007 Spectre, de Sam Mendes
Enième film consacré à l'increvable agent secret, Spectre marque aussi le retour de Sam Mendes à cet univers ultra-codé après Skyfall (2012) qu'on juge ici correct mais pas parfait : la faute à une volonté d'en revenir à des origines pas nécessaires quand la série cherche encore une orientation satisfaisante. De façon presque inattendue, Spectre se permet ainsi de souffler un peu plus, de jouer plus volontairement avec le folklore d'un personnage présent au cinéma depuis maintenant plus de 50 ans. Spectre est un film élégant s'ouvrant sur un plan-séquence à Mexico pendant la traditionnelle Fête des morts, ouvrant les vannes à une nouvelle intrigue reliant les points marquants du passé depuis Casino Royale. De là, le film part dans un festival complotiste réjouissant, au rythme enlevé et indéniablement fun, où Mendes épouse aussitôt les hommage et les clichés propres à la série. 

Le film se montre remarquablement en contrôle de son image et des attentes qu'on peut en avoir, jusqu'à finir par jouer totalement de ses codes jusqu'à paraître absurdes par moments, mais dans une retenue tout classique : on ne compte plus les noeuds de l'intrigue démêlés par la grâce d'un scénario accommodant, car les principaux acteurs de la licence nous en détourne consciemment l'attention: Sam Mendes s'affranchit des impératifs de la licence et se permet de faire du cinéma, Roger Deakins compose cette année encore une photographie de folie (on n'a pas voyagé ainsi dans un Bond depuis bien longtemps) et Daniel Craig est d'une classe affolante dans les costumes taillés sur mesure, l'attitude crâneuse et le maniérisme animal. Quoiqu'un peu faible en terme de scénario et d'une durée record pas indispensable, Spectre est une jolie surprise, un sursaut de qualité depuis les débuts de l'ere Daniel Craig.

12 . Ex Machina, de Alex Garland
Un beau film sur l'intelligence artificielle que n'aurait pas renié Philip K. Dick. Alex Garland (scénariste de Danny Boyle) compose sa fable cybernétique avec un triangle de personnages qui nous perd peu à peu dans les couloirs feutrés de l'édifice où se déroule ce drame en huis-clos ; à vrai dire, il est difficile de dire où mène le film, qui instaure avec succès une atmosphère opaque et s'aventure sur le terrain de la morale philosophique, à mesure que les deux seuls personnages humains (deux hommes, Oscar Isaac et Domhnall Gleeson) se remettent en question via leur rapport à la machine. On suit Alicia Vikander depuis quelques années, mais dans le rôle de Ava, une androïde à l'IA ultra-poussée, elle déstabilise et promet encore mieux pour la suite.


11. Knight of Cups, de Terrence Malick
Attention, gros morceau. "Il était une fois un jeune prince que son père, le souverain du royaume d’Orient, avait envoyé en Égypte afin qu’il y trouve une perle. Lorsque le prince arriva, le peuple lui offrit une coupe pour étancher sa soif. En buvant, le prince oublia qu’il était fils de roi, il oublia sa quête et il sombra dans un profond sommeil"… Beaucoup est ici révélé dans l'ouverture du film, ou Malick poursuit ce qu'il a entamé de façon plus méthodique depuis Tree of Life : une auscultation méthodique des sentiments humains, des tourments, de la responsabilité, du rapport entre enfants et parents (et plus particulièrement le rapport au père), dans des films-poèmes bâtis comme des cathédrales. On y suit l'errance et les égarements d'un personnage apparaissant comme perdu dans une cité du vice qu'il préside en partie (Hollywood), représenté à la fois comme vain et pensif, s'entourant d'expériences d'amour mais incapable d'aimer, au rythme de chapitres dressés autour de figures de femmes peuplant sa vie.  


10. The Imitation Game, de Morten Tyldum
Un vrai beau film de cinema ratissant large et confondant de déférence à l'homme qui décoda Enigma pendant la Seconde Guerre Mondiale. The Imitation Game est l'exemple même du biopic comme il devrait être traité, en tant que genre délicat et avec lequel il convient d'être en phase avec son sujet. C'est le cas ici, avec un scénario doté de couches toujours plus délicates qui se succèdent et s'enrichissent les unes les autres. On est dans l'Histoire, le rapport de l'homme à la société l'entourant, sa place dans un microcosme qui ne l'accepte que difficilement, et les embardées qui blessent. Bonus: Keira Knightley n'est pas dégueu pour une fois.


9. Slow West, de John Maclean
Slow West est un travail d'orfèvre, le premier film de John Maclean qui fut un temps membre des groupes The Beta Band et The Aliens; de là, on comprend comme le rôle de la musique est pour lui prépondérant à l'installation d'une atmosphère, et pourquoi le score hante chaque plan du film. Fin esthète et on l'imagine, doté d'une sensibilité particulière, Maclean créée des plans d'une beauté graphique indéniable, comme celui montrant une maison jaune siégeant seule dans une vallée verte, entourée d'un chant de blés et surplombé d'un grand ciel bleu ; si il s'agit ici de son premier film, son directeur de la photographie (Robbie Ryan - Les Hauts de Hurlevent) est au top et conjure l'éclatante beauté de la nature néo-zélandaise dans un film censé se passer dans le Far West des années 1870.

Entièrement tenu du point de vue du garçon, le film se révèle être plus riche qu'on ne pouvait l'imaginer à premier abord, y compris dans sa dramatique chute, aussi symbolique que littérale et mise en scène de façon explicitement cruelle (impossible de spoiler tant les petites idées de mises en scène sont superbes et symboliques). Slow West prend véritablement son temps à raconter le poids de l'innocence sentimentale et le pas fourvoyé d'un garçon qui se sait pas vraiment ce qu'il cherche,  trop aveuglé par son amour pour penser qu'il devrait agir différemment.

> La critique en entier.


8. Far from the madding crowd, de Thomas Vinterberg
Déjà adapté de nombreuses fois à l'écran, on peut se demander ce qui pousse Thomas Vinterberg à s'emparer du roman de Thomas Hardy initialement paru au XIXème siècle. Si la démarche peut paraître aujourd'hui dépassée, elle reste un geste, un témoignage (comme autant d'autres productions similaires), de ce qu'un réalisateur peut apporter à l'ouvrage : ici en reprenant la trame suivant une jeune héritière de l'Angleterre victorienne, libre et impétueuse, courtisée par trois hommes de rangs et d'origines différentes, Thomas Vinterberg réalise un beau film classique gorgé de plans superbes et capable de faire transparaître toutes les émotions (parfois contradictoires) ressenties par ces personnages. 

Entièrement dévoué à la cause de ses personnages et des terribles sursauts du coeur qui les accompagne, la réalisation de Thomas Vinterberg embrasse l'enchantement de la lande anglaise, le passage des saisons et propose en permanence d'ausculter les tourments de ses protagonistes par un recours systématique au gros plan, intraitable, filmant les visages et les profils avec pudeur et recul. Chez Vinterberg, les convenances de l'époque battent leur plein, les circonvolutions du cœur sont explicitement abordées et la superbe photographie embrassant toute l'Angleterre champêtre du Dorset complète le tableau admirablement. En soi, c'est presque un miracle.

> La chronique en entier.


7. It Follows, de David Robert Mitchell
It Follows commence comme un conte américain, un conte entre ados oubliés, délaissés par leurs parents, qui essaient de vivre malgré le fardeau de leur propre existence. Jay rêve d'avoir un petit ami et son souhait est exaucé lorsqu'elle rencontre Hugh. Mais après leur première relation consentie, Hugh révèle à Jay qu'il lui a transmis une malédiction, se manifestant sous la forme d'une présence suivant et traquant méthodiquement sa victime.
Nanti d'une superbe atmosphère désuète effleurant la vie secrète des adolescents, le film est un mets de choix, un film traitant d'un passage à l'âge adulte brutal, à l'air rétro mélancolique et à la langueur déjà nostalgique des temps passés, dont la score inquiétant hante chaque cadre. Ceux ayant grandi avec l'angoisse existentielle d'un Donnie Darko devraient s'y retrouver avec joie.

> La critique en entier



6. Kingsman - The Secret Service, de Matthew Vaughan
Daniel Craig révélait en 2012 que le ton plus sombre du nouveau James Bond qu'il incarnait était une réaction directe à la série des Austin Powers ; que Mike Myers, leur instigateur, avait "ruiné James Bond", obligeant leurs producteurs à se tourner vers son cousin lointain d'alors (Jason Bourne) pour reconstruire le mythe. Et Kingsman, de se trouver un peu entre les deux. Le film est badass et poseur, ultra-cool mais aussi chargé d'un second degré salvateur qui soulage à la vue du paysage cinématographique actuel. L'équilibre est délicat, autant dans ses velléités ultra-violentes que sa mise à jour du code du super espion (pour faire simple, tout y est délicieusement excessif), mais la recette prend et le film est suffisamment surprenant sous ses dehors d'hommage assisté.

En février dernier, lors de la sortie du film, on misait déjà beaucoup sur celui-ci malgré la pléiade d'autres films du même genre à venir (Spectre, Mission Impossible 5, The Man from UNCLE), et on avait bien raison : 
Kingsman est le plus fun et décomplexé du lot, un héritier certes bâtard de la tradition du film d'espions, mais aussi tellement plus rafraichissant, dingue et réjouissant. 

> L'avis en entier.



5. Me and Earl and the Dying Girl, de Alfonso Gomez-Rejon

This is not a love story (en français) s'emporte un temps sur les terres du film indé d'adolescent en crise de mal-être pour s'en élever considérablement, et ce, assez rapidement : lorsque une connaissance lointaine, Rachel, se voit diagnostiquée d'une leucémie galopante, la mère de Greg pousse celui-ci à passer du temps avec la jeune fille en question pour lui remonter le moral… la suite, on nous le répète avec ténacité, "n'est pas une histoire d'amour".

Le réalisateur parvient sans mal à nous immerger dans le quotidien de Greg, jeune lycéen pas très assuré qui virevolte sans s'engager. Les premières scènes sont un modèle d'exposition qui assument ce rôle avec un humour ravageur et malin qui passe en revue les différentes facettes de la vie de Greg : son rapport au lycée et ses camarades de classe, la relation qu'il entretient avec ses parents (Connie Britton et Nick Offerman sont sensationnels), son amitié polie avec Earl et le passe-temps qu'il partage avec ce dernier : un amour irrationnel de vrai cinéphile qui les pousse tous deux à rendre hommage avec beaucoup d'humour aux films de Werner Herzog et à de nombreux autres titres de la collection Criterion (Powell et Pressburger, Kubrick, Truffaut pour n'en citer que quelques uns). 

Vendu de façon erronée comme une tranche de vie aux dialogues malins et sans doute prétentieux, le film tourne inexorablement au drame d'une richesse quasi insoupçonnée. Le terrible sort réservée à Rachel résonne d'autant plus fortement en comparaison de la vie sans conséquence que mène Greg, refusant les engagements les plus basiques. Et à mesure que l'on tombe amoureux de ses personnages (c'est inévitable), se dessine les traits d'un joli film très ambitieux qui mine de rien refile ci et là quelques étonnantes leçons de vie. Malgré ses airs de dilettante, il s'agit là très probablement de l'un des films les aboutis de l'année, et une petite merveille de réalisation. Dès cet instant, il convient de garder son réalisateur en tête. Et Greg. Et Earl. Et Rachel, cette "fille mourante" qui nous a bouleversé.  



4. Tomorrowland - à la poursuite de demain, de Brad Bird
Le vote du coeur, sans mentir. C'est l'histoire commune d'un jeune garçon des années 60 rêvant d'atteindre les étoiles, et celle d'une jeune fille, qui, de nos jours se prend à rêver. Sans surprises dans cette merveilleuse réminiscence des productions Amblin entertainment, les deux sont étroitement liés.
On attendait beaucoup de ce nouveau conte façonné par Brad Bird et on ne s'y est pas trompé; à l'image de sa superbe et délicate première bande-annonce, le film foisonne d'idées et de trouvailles originales, convoque de façon rentre-dedans un imaginaire qu'on aurait oublié et se prend à rêver de mieux pour l'humanité, sans cynisme, sans bien-pensance. 

Brad Bird a ainsi recours plus d'une fois à un imaginaire et un sens du merveilleux supérieur a bien des blockbusters de chez Marvel. À la poursuite de demain (chouette titre français, pour une fois) est un film aussi magnifique que nécessaire, qui fait entrevoir le futur avec optimisme et espoir plutôt qu'avec le pessimisme et l'anxiété actuelle relayés de films en films. Si à la vision du film certains se fourvoient en pensant Brad Bird obsédé par l'idée de nous asséner des théories fumeuses, on imagine plus volontiers que le réalisateur se revendique des rêveurs, optimistes et plein de confiance en ce en quoi l'être humain est capable.

> L'avis en entier.



3. Sicario, de Denis Villeneuve
Nouvelle impressionnante collaboration entre Denis Villeneuve et le directeur de la photographie Roger Deakins (déjà cité plus haut pour Spectre), qui choisit la terre brûlée de la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique pour sa guerre des cartels. Une situation idéale permettant d'instaurer une atmosphère dure où Kate (Emily Blunt), une agent spéciale traînée dans tous les coins par sa hiérarchie, cherche en permanence l'information et traque un mystérieux baron de la drogue. En acceptant la proposition de ses supérieurs d'intégrer une équipe spécialement apprêtée pour cette mission, elle accepte aussi de pénétrer un milieu dans les ombres, régit par différentes lois. On nous surligne plusieurs fois son statut de jeune recrue prometteuse et idéaliste et Kate rappelle parfois Jessica Chastain dans Zero Dark Thirty, autre symbole de personnage entêté devant questionner son implication, la justification d'actes hors-la-loi, luttant corps et bien contre les luttes de pouvoir de commanditaires anonymes et le lent poison qui infecte les coeur des hommes.
  
Il y a chez Denis Villeneuve un sens du cadre, de la composition et du plan qui déjouent toute attente. Les plans sont méthodiques et jamais gratuits, et dès l'ouverture du film, le montage au cordeau et l'inclusion du score inquiétant (marqué d'un tempo répétitif) concourent à faire monter la pression de façon remarquable. Sicario est définitivement l'une des réussites techniques les plus impressionnantes de l'année et évoque parfois le savoir-faire d'un David Fincher.  



2. The Lobster, de Yorgos Lanthimos
Etre célibataire quand on n'aspire qu'a une vie de couple, ca craint. Mais imaginez qu'au terme de plusieurs années de célibat, on vous assigne à résidence dans un hotel où vous devrez rencontrer, sous 45 jours, quelqu'un avec qui passer le reste de votre vie. C'est le postulat étrange du nouveau film de Yorgos Lanthimos, presenté à Cannes cette année et qui n'a cessé de faire parler de lui depuis. En bien, tant le film déploie des trésors d'imagination pour évoquer avec singularité la rupture du lien social entre des individus maternés et desespérés qui feront tout et n'importe quoi pour espérer survivre à leur situation. 

En chemin, Yorgos Lanthimos en dit des tonnes sur la condition humaine aux travers de personnages désadaptés, dans un film grotesque et hilarant et au final, tout simplement brillant, qui dénote d'un humour tres particulier, parfaitement retranscris dans le rythme anxieux et parfois délicat du film. Une surprise incroyable.  



1. Mad Max Fury Road, de George Miller

Le film de l'année, voire de la décennie est australien. Un film qui sera étudié dans les écoles de cinéma jusqu'à la fin du monde. Witness!

> La critique en entier.



Pas encore sorti/Pas vu: Vice-Versa, Macbeth, Everest, The Gift, Le Pont des espions, Bone Tomahawk, Arabian Nights, High Rise, The Duke of Burgundy, Phoenix, The Diary of a teenage girl,  Beasts of No Nation, Queen of Earth, Room, Spotlight, Brooklyn. 

Bonne année ciné !


vendredi 18 décembre 2015

Star Wars : Le Réveil de la Force, de JJ Abrams


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Ici, on aime JJ Abrams. Certes, il tire sur la corde et fait un peu le mariole, mais il a aussi apporté un brin de folie à la série TV, à ses reboots de Star Trek et s'est montré incontournable à force de se revendiquer de la culture geek, pour le meilleur et pour le pire. Aujourd'hui, le bonhomme est responsable du film le plus attendu, le plus fantasmé, le plus redouté au monde (jusqu'au prochain). Et avec toutes les parodies, les hommages et les reprises dans la culture de masse, peut-on encore s'extasier devant un épisode de Star Wars, quand bien même celui-ci a été annoncé depuis plus de trois ans? 

D'emblée, citons l'ultime frontière : on jugera le film en tant que film, et pas en comparaison de de la trilogie originelle, de ses préquelles ou des attentes véhiculées par des mois de marketing. À vrai dire, je n'avais vu aucun trailer si ce n'est le tout premier, et avais réussi à ménager mes attentes. Mais ça ne suffit plus. Il faut tout revoir à la baisse. L'opération marche parfois, quand le film reprend des schémas connus et s'affaire à recenser tous les moyens possibles de réactiver la nostalgie : personnages, musiques, vaisseaux et lieux communs, tout y passe. On y croit un moment malgré des débuts un peu laborieux, ou tout s'enchaîne vraiment trop vite. Mise en scène unidimensionnelle, belle satisfaction des ouvriers du film en plein travail de mémoire, une certaine envie de revenir aux débuts : la ferme, le désert jaune, Mos Eisley. Mais le tout prend très rarement, si ce n'est via deux nouveaux personnages : Finn (Moses, dans Attack the Block de Joe Cornish) jeune stormtrooper en pleine crise de conscience, et Rey (Daisy Ridley, tellement, incroyablement réminiscente d'une jeune Keira Knightley EN PERMANENCE), nouveau point d'ancrage à destination des nouveaux fans. Les deux personnages ont potentiellement deux belles voies à explorer, pour s'épanouir et exister pleinement. Mais les purs moments d'introspections sont passés sous silence et ignorés si cruellement qu'on ne peut qu'imaginer ce qui aurait pu être.

Reste qu'il y a quelque chose de très physique et slapstick dans la dynamique entre Finn et Rey; dans la chute des corps, les emportements (et les atermoiements), les courses sans relâches dans le désert et la forêt; quelque chose après laquelle semble courir Abrams en permanence, quelque part sur les traces de Spielberg (qu'il suivait déjà à la trace dans Super 8) et le souvenir d'une certaine idée du divertissement américain des années 80, Indiana Jones en tête. 

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Le tout fait très forcé, et si par le passé on s'inquiétait des dérives de la mise en scène de JJ Abrams, il ne reste plus grand chose à se mettre sous la dent : tout est préparé et balisé pour représenter Han Solo, Chewbacca et compagnie sous des abords très poseurs et sans réelle inventivité. Comme si l'hommage, le caméo suffisaient pour brièvement rassasier les attentes énormes de tout un chacun rassemblés devant l'écran. Certes, il serait de mauvaise foi de dire qu'on ne ressent rien devant les apparitions de tels ou tels personnages mais l'équipe Disney semble avoir choisi les moyens les plus faciles pour se faire. Une blague par-ci (BB-8 est le nouveau R2D2, so cute), un clin d'oeil par-là (tu crois que je t'ai pas vu, robot de Silent Running?) et les traditionnelles moments 'forcés' (haha?) pour l'emporter. Un brin paresseux. 

Et c'est dans ce recyclage que se pose la douloureuse question de cet épisode "VII", qui se retrouve empêtré de ses acteurs has been qui n'ont jamais fait mieux (Harrison Ford a part) que Star Wars. Comment les intégrer a la mythologie étendue tout en présentant de nouvelles têtes d'affiches charismatiques susceptibles de prendre le relai? Harrison Ford fait presque peine à voir dans son vieux costume de Han Solo (il incarne littéralement le symptôme du vieux sur le retour) mais Carrie Fischer n'est pas en reste avec quelques scènes laborieuses et embarrassantes dans ses vieilles frusques du Retour du Jedi. Le cadre parvient à peine à cacher la bedaine de Mark Hamill mais il a encore deux ans pour se préparer : rien n'est perdu. 


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"Help me to help you". 

Le film se trouve très satisfaisant à retourner sur les lieux du crime; même si les retrouvailles font forcées, certains moments tirent tout naturellement sur la corde nostalgique: Han Solo et Chewbacca nous refont visiter les coursives du Faucon Millenium, les premières apparitions de sabres-lasers ou de X-Wings font mouche, mais au final on s'attend à tout moment à voir l'avalanche de références plomber l'ensemble et c'est exactement ce qu'il se produit. Il est même impossible de passer outre ce douloureux détail tant cet épisode VII apparait comme un remake de l'épisode IV, dans sa structure, ses enjeux et la présentation de ses personnages. 32 ans après Le Retour du Jedi, c'est frôler le gâchis, non? Et de gâchis, il en est ouvertement question dans la dernière bobine du film, quand très péniblement, Abrams et son équipe nous jettent dans les pattes un retournement de situation unilatéralement faible, un sacrifice si évident qu'il n'est là que pour énerver les geeks. Dans son ensemble, Le Réveil de la Force n'apparaît que comme un épisode de l'attente, qui essaie tant bien que mal de remplir son contrat pour paraître plus intéressant qu'il ne l'est vraiment, avant la suite qu'on nous promet "encore plus démente".
  
On ne peut pas vraiment en vouloir à Abrams de s'être complètement loupé; le cahier des charges semble énorme et infini (voir cet épilogue douteux sacrement foiré qui essaie encore de pousser le souvenir dans la bouche du spectateur). Maintenant qu'on délaisse peu à peu JJ Abrams à son royaume de fanfreluches et de beaux joyaux éphémères, on s'inquiète légitimement de voir ce que parviendra à accomplir Rian Johnson, pour le coup vraiment moins consensuel que ses collègues, sur l'épisode 8 prévu dans deux ans.

May the Force be with you?

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Taffez un peu plus la prochaine fois, merci.



dimanche 20 septembre 2015

Sortie ciné : Loin de la foule déchaînée, de Thomas Vinterberg

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Déjà adapté de nombreuses fois à l'écran, on peut se demander ce qui pousse Thomas Vinterberg à s'emparer du roman de Thomas Hardy initialement paru au XIXème siècle. Si la démarche peut paraître aujourd'hui dépassée, elle reste un geste, un témoignage (comme autant d'autres productions similaires), de ce qu'un réalisateur peut apporter à l'ouvrage : ici en reprenant la trame suivant une jeune héritière de l'Angleterre victorienne, libre et impétueuse, courtisée par trois hommes de rangs et d'origines différentes, Thomas Vinterberg réalise un beau film classique gorgé de plans superbes et capable de faire transparaître toutes les émotions (parfois contradictoires) ressenties par ces personnages. 

Thomas Vinterberg, Thomas Hardy, David Nicholls, Carey Mulligan, Bathsheba Everdene, Matthias Schoenaerts, Gabriel Oak, Tilly Vosburgh, Mrs. Hurst, Sam Phillips, Sergeant Doggett, Tom Sturridge, Sergeant Francis Troy, Juno Temple, Fanny Robbin, Bradley Hall, Joseph Poorgrass, Hilton McRae, Jacob Smallbury, The Hunt, geekmehard, geek me hard, test, trailer, critique, avis, comic-book, comics, payetonwak, film, chronique, article

Et en tête, il est difficile de passer sous silence Carey Mulligan, qui détient à la fois la délicatesse et la pudeur nécessaires pour incarner de forts caractères prisonniers des convenances de l'époque. Sa retenue et ses sourires réfrénés sont autant de sublimes atouts pour faire croire au personnage de Bathsheba, subitement en charge d'une ferme, farouchement indépendante, et se débattant dans un monde d'hommes. Entièrement dévoué à la cause de ses personnages et des terribles sursauts du coeur qui les accompagne, la réalisation de Thomas Vinterberg embrasse l'enchantement de la lande anglaise, le passage des saisons et propose en permanence d'ausculter les tourments de ses protagonistes par un recours systématique au gros plan, intraitable, filmant les visages et les profils avec pudeur et recul (le nez pointu de Carey Mulligan se dessinant dans l'ombre est un régal).

Loin de la foule déchaînée est un beau film classique qui prête une attention fantastique aux détails reconstituant minutieusement cette vie d'autrefois, des tâches quotidiennes aux petites joies de l'ordinaire - comme lors des scènes d'activités rurales (où se présentent certains rapports de force), ou la séquence du bal populaire (ce plan charmant de l'ananas), sans jamais les amoindrir de façon épisodique.

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Il y a une attention au montage d'organiser une progression sentimentale particulièrement efficace auprès des personnages, pour lesquels on éprouve différents sentiments à mesure que s'égrène l'affaire ; si on ressent naturellement beaucoup d'empathie pour la maladresse et le bon cœur de Matthias Schoenaerts, les personnages de Tom Sturridge et Michael Sheen (incarnant respectivement un jeune soldat et un noble gentilhomme) sont bien plus compliqués à aborder au regard de la narration et celle-ci leur permet d'évoluer admirablement : si on est d'emblée réticent à accueillir ces personnages dans l'histoire pour ce qu'ils représentent, ils trouvent systématiquement une voie, une faille jusqu'à Bethsheba et nous en tant que spectateurs. La direction d'acteurs de Vinterberg est sans faille et permet de hisser son film d'époque à des hauteurs inespérées.

Le film illustre puissamment la passion qui s'empare de chaque personnage, et se montre étonnamment déférent du travail de Joe Wright sur Orgueil et Préjugés, mais de façon plus noble et (on ose) moins triviale, le film de l'anglais se concentrant bien plus sur les rapports de force entre membres de la noblesse locale que sur une réflexion du cœur. Chez Vinterberg, les convenances de l'époque battent leur plein, les circonvolutions du cœur sont explicitement abordées et la superbe photographie embrassant toute l'Angleterre champêtre du Dorset complète le tableau admirablement. En soi, c'est presque un miracle.

lundi 20 juillet 2015

Sortie ciné : Jurassic World, de Colin Trevorrow

Colin Trevorrow, Rick Jaffa, Amanda Silver, Chris Pratt, Owen, Bryce Dallas Howard, Claire, Irrfan Khan, Masrani, Vincent D'Onofrio, Hoskins, Ty Simpkins, Gray, Nick Robinson, Zach, Jake Johnson, Lowery, Omar Sy, Barry, BD Wong, Dr. Henry Wu, Judy Greer, Karen, Le Monde Perdu, Jurassic Park 3, Joe Johnston, Steen Spielberg, geekmehard, geek me hard, test, trailer, critique, avis, comic-book, comics, payetonwak, film, chronique, article

Après un Mad Max - Fury Road qui a rappelé qu'on était en droit d'attendre d'un film qu'il nous surprenne et redéfinisse toutes les attentes qu'on puisse avoir d'un blockbuster/film d'auteur (alliance parfaite), il est temps de jeter un œil du côté des sorties estivales (hivernales, ici) et du très remonté Jurassic World de Colin Trevorrow, premier film de la franchise depuis 2001.

Et malgré la meilleure volonté du monde, difficile de jouer la vierge effarouchée : on sait pertinemment ce qui nous attend devant un Jurassic Park. L'attente est donc ailleurs, dans la redécouverte, cette posture inconfortable entre nostalgie et attente. Lui aussi élevé aux films de Spielberg, le réalisateur (dont c'est le premier gros budget) arrive parfois à sublimer l'attente qu'on a du film en lui-même. Il est impossible de retrouver cet émerveillement qu'on avait éprouvé en 1993 devant un groupe de brachiosaures et Colin Trevorrow l'admet simplement, en substituant ce plaisir avec un parc à thèmes high-tech qui fait froid dans le dos : la douce (relative) folie de ce Jurassic World, c'est d'avoir imaginé que le parc de John Hammond ait été un succès, plus d'une vingtaine d'années après les évènements de Jurassic Park. Émerveillés par les apparitions foraines de ces dinosaures, le public et le spectateur plongent dans le fantasme touché du doigt par le passé. Il y a d'abord une tentative d'essayer de recréer un merveilleux qui n'est pas si superficiel.

Là où le film est souvent gênant, c'est qu'il sert la soupe aux fans de la première heure, même s'il le fait plutôt bien dans ses premières scènes : c'est une conversation avec un pilote d'hélicoptère (en fait, l'investisseur principal) qui rappelle les rêves et les espoirs du premier parc et ce qu'ils essaient de recréer avec ce JW, mais aussi un échange avec un technicien (Jake Johnson de New Girl) qui essaie de raviver les consciences en insistant sur le fait que ces choses dérapent assez vite : cut sur Bryce Dallas Howard, bienveillante mais sans pitié qui anticipe parfaitement la maladresse de son employé. Quelque part, on essaie de nous dire que tout est sous contrôle, alors qu'on attend qu'une chose, c'est que tout dérape. Il y a presque un lien très respectueux avec le film de Spielberg où sont abordés certaines des problématiques importantes de la série (faire revenir à la vie des animaux, tâcher de les contrôler et les utiliser sous couvert de divertissement - une idée horrible parfaitement américaine).


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Le prétexte du gros dinosaure génétiquement modifié est spectaculairement ridicule ; seul argument de vente de ce nouvel épisode (mis à part Bryce Dallas Howard, qui nous avait manqué), il est aussi original qu'une nouvelle étiquette sur un bidon de lessive. Le troisième épisode de Joe Johnston nous vendait déjà un reptile plus dangereux que le T-Rex. Quant à l'idée d'avoir Chris Pratt en 'dompteur' de vélociraptors, c'est une idée magnifiquement Z et casse-gueule : ils faut avoir foi en son projet pour oser se lancer dans un truc pareil. Si le film est complètement neuneu et improbable, l'équipe du film doit estimer qu'une fois la place de cinéma payée, on se met dans la même position que les visiteurs du parc : accepter de voir tout et n'importe quoi, comme des ptérodactyles à têtes de raptors par exemple. Pas de suspense, pas d'effrois, juste du dinosaure numérique qui rugit. Jurassic Park perd beaucoup de son impact en oubliant de faire peur. Chris Pratt roule des mécaniques comme un mâle alpha, le casting féminin est réduit à peau de chagrin et la majorité des tentatives d'humour tombent à plat, mais le rythme est suffisamment soutenu (dans ses maladresses) pour tenir la distance.

Le problèmes des Jurassic Park (une saga qu'on peut maintenant englober en un tout homogène, dans ses qualités et ses défauts), c'est qu'il n'y a aucune progression possible : Le Monde Perdu et Jurassic Park 3 ont tenté à leur époque de faire les choses différemment mais ce quatrième épisode abandonne en reprenant l'idée du premier roman/film avec un twist : "Et si tout avait fonctionné parfaitement ?". D'où la teneur épisodique permanente de cet épisode, qui ne parvient jamais à s'élever au-dessus de son statut de simple produit. Ce sera toujours la même chose. Les dinosaures s'évaderont toujours. Spielberg nous collera toujours des gamins dans les pattes. Un Jurassic Park ne sera jamais un grand film, même si le premier tutoie souvent les cimes pour sa scène de jeep renversée sous la pluie. Si on peut imaginer qu'une suite sera mise en chantier sous peu devant le succès colossal de Jurassic World au box-office mondial, l' "idée" fait elle aussi froid dans le dos.

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Et congrats à Bryce pour avoir couru pendant tout le film en talons.

mercredi 1 juillet 2015

Sortie ciné : Tomorrowland - À la poursuite de demain, de Brad Bird


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Second métrage live de Brad Bird après Mission: Impossible - Ghost Protocol (2012), Tomorrowland est un projet qui tient à coeur à Brad Bird puisqu'il aurait refusé la réalisation de Star Wars VII pour pouvoir s'y atteler, enivré qu'il était par la possibilité de pouvoir composer avec du matériel inédit, bien qu'il provienne du terreau de la maison Mickey. En effet, Tomorrowland, c'est d'abord une section commune aux parcs Disney consacré au futur et aux multiples inventions imaginées à l'époque des premiers parcs. Tomorrowland fut aussi une sorte de foire aux nouvelles technologies dans les années 60, pratique encouragée par M. Walt Disney lui-même qui en était fasciné.

On peut légitimement se méfier de l'alliage de plus en plus méticuleux avec lesquels les studios imaginent et font le marketing de leurs produits; bien que garnis de références un peu parasitaires, À la poursuite de demain le fait avec une certaine délicatesse et ouvre l'histoire de l'un de ses personnages par un flashback des années 60 suivant le jeune Frank se rendant dans l'une de ses foires pour présenter son invention. Curieux, passionné et très débrouillard, le garçon se retrouve à Tomorrowland, sorte de paradis alternatif où les plus grands esprits de la planète se seraient retrouvés pour organiser le futur de l'humanité.

Si le tout début du film tressaute dans sa narration car deux personnages s'en attribuent la légitimité, le film a tôt fait de retrouver le rythme nécessaire a l'installation progressive de son imaginaire: c'est l'histoire commune d'un jeune garçon des années 60 rêvant d'atteindre les étoiles, et celle d'une jeune fille, qui, de nos jours se prend à rêver. Sans surprises dans cette merveilleuse réminiscence des productions Amblin entertainment, les deux sont étroitement liés.

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Britt Robertson, superbe héroïne slapstick indémontable

On attendait beaucoup de ce nouveau conte façonné par Brad Bird et on ne s'y est pas trompé; à l'image de sa superbe et délicate première bande-annonce, le film foisonne d'idées et de trouvailles originales, convoque de façon rentre-dedans un imaginaire qu'on aurait oublié (l'idée de mémoire collective est ouvertement référencé dans le film) et se prend à rêver de mieux pour l'humanité, sans cynisme, sans bien-pensance.

Accompagné de Damon Lindelof (un scénariste délicat, qui pour une fois est bien cadré), Brad Bird fait reposer toute sa quête sur ses personnages : Frank, jeune garçon devenu adulte et vivant reclus et Athéna, mystérieuse jeune fille cherchant à entrer en contact avec Casey, enfant prodige. Laquelle vit avec le fantôme de la mère absente flottant sur sa famille, et dont le père ingénieur menace d'être lourdé par la NASA ("sans fusées à faire décoller", dit-il) malgré les efforts de la jeune fille qui ne fait que repousser l'inévitable.
De fait, le film partage avec certains de ses contemporains un instant de réflexion sur le fait de s'élever en tant qu'êtres humains pour progresser, trouver une réponse; en tant que réalisateur, Brad Bird innove et invente en permanence dans des séquences enivrantes, créée des cadres fous, virevolte et nous fait rêver, s'empare de gimmicks pour nous pousser nous et ses personnages, vers la prochaine scène, le prochain coup de pied au cul, le prochain leap of faith. Le réalisateur n'y va pas avec le dos de la cuillère : tout le film repose sur l'espoir et la foi en l'imaginaire.
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Le film est d'une richesse thématique ahurissante à mesure qu'il avance, brasse les références et brouille les lignes; le film est certes estampillé Disney et s'inspire en partie des parcs d'attraction, avant de passer par un fantasme d'exposition universelle (et de saluer Mr Eiffel), de brouiller les pistes de sa mise en abime (le monde auquel accède Casey est en fait une invitation virtuelle préenregistrée, comme le serait le cheminement d'une attraction) et nous embarque dans une féérie rétro où, au hasard, on balaie du revers de la main le nostalgique, et où soudainement, des men in black s'affrontent dans une masure en bois abritant un arsenal venu d'un autre monde. Fonçant en permanence vers la prochaine féérie, le scénario exige qu'on s'y attache pour en profiter un maximum. Si on peut juger la séquence finale un peu plus faible, elle est immédiatement contre-balancée par une scène d'adieux déchirante, à contre-courant des attentes qu'on pourrait avoir d'un film purement familial, osant à peu près tout et reposant purement sur ses personnages : la grande classe.

Brad Bird a recours plus d'une fois à un imaginaire et un sens du merveilleux supérieur a bien des blockbusters de chez Marvel. À la poursuite de demain (chouette titre français, pour une fois) est un film aussi magnifique que nécessaire, qui fait entrevoir le futur avec optimisme et espoir plutôt qu'avec le pessimisme et l'anxiété actuelle relayés de films en films. Si à la vision du film certains se fourvoient en pensant Brad Bird obsédé par l'idée de nous asséner des théories fumeuses, on imagine plus volontiers que le réalisateur se revendique des rêveurs, optimistes et plein de confiance en ce en quoi l'être humain est capable.

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George Clooney, bien cadré dans le rôle de Frank

Il suffit de quelques instants pour remarquer comme Britt Robertson, la jeune actrice et héroïne principale du film, est incroyable de présence, aussi versatile et inépuisable qu'un personnage de cartoon; ses mimiques et réactions sont à tomber à la renverse tant elle incarne avec tellement de perfection un idéal de pur personnage animé d'une curiosité incessante. On ne manquera pas non plus de remarquer comme la jeune Raffey Cassidy, qui joue le rôle d'Athena, est elle aussi démente (les deux dans le même cadre, c'est un bonheur de jeu d'actrices). Ces deux personnages féminins au caractère frondeur tiennent à elles seules une majorité du film et c'est suffisamment rares pour être salués, d'autant que leur relation avec le reste du monde (avec Frank, la figure du père, les représentants de l'autorité et Tomorrowland en lui-même) présentent de sacrés morceaux de bravoure dans la remise en question incessante des dogmes questionnés, et une note d'intention formidable pour le film : ne rien tenir pour acquis et toujours tâcher d'aller de l'avant.

Éternellement optimiste, le film s'est fait taxer de niaiserie candide par les plus cyniques alors que le message du film est bien plus malin et presque sournois, puisque par les temps qui courent, c'est bien à une cruelle absence d'imagination qu'on s'expose de plus en plus. Malgré quelques digressions visuelles pas très heureuses et un dernier acte subitement un peu plat, Tomorrowland est un film noble fait d'un mélange d'intrigue, de fantaisie et de magie qu'on ne retrouve plus si facilement dans les films à destination d'un large public (et surtout pas dans ceux produit par Disney). L'émerveillement permanent qui définit Casey fait presque froid dans le dos tant elle parvient nous ramener à nos positions de spectateurs blasés, baladés dans une féérie bon enfant et optimiste; à la manière d'un Sam Raimi ou d'un film des Wachowski, c'est à en abandonner tout cynisme et ouvrir les yeux un peu plus grands à la sortie de la salle. En soi, c'est tout ce qu'on attendait du cinéma. Mine de rien, Brad Bird vient de signer l'un des films les plus importants de l'année !


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On rappelle que le premier teaser du film est idéalement la seule chose à en voir avant de se lancer dans l'aventure. 
Deux séquences d'animation coupées du film


jeudi 25 juin 2015

Sortie ciné : Slow West, de John Maclean

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Quelque part au Colorado, Jay, un garçon arrivé d'Ecosse, traverse le pays direction l'Ouest, cherchant à rejoindre la jeune fille dont il est amoureux. Jay va croiser le chemin d'un mystérieux hors-la-loi, Silas (Michael Fassbender), lequel va l'escorter moyennant finance jusqu'à sa bien-aimée.

Slow West est un travail d'orfèvre, le premier film de John Maclean qui a aussi appartenu aux groupes The Beta Band et The Aliens; de là, on comprend comme le rôle de la musique est pour lui prépondérant à l'installation d'une atmosphère, et pourquoi le score hante chaque plan du film. Fin esthète et on l'imagine, doté d'une sensibilité particulière, Maclean créée des plans d'une beauté graphique indéniable, comme celui montrant une maison jaune siégeant seule dans une vallée verte, entourée d'un chant de blés et surplombé d'un grand ciel bleu ; si il s'agit ici de son premier film, son directeur de la photographie (Robbie Ryan - Les Hauts de Hurlevent) est au top et conjure l'éclatante beauté de la nature néo-zélandaise dans un film censé se passer dans le Far West des années 1870…

À bien des égards, Slow West pourrait être le résultat d'un croisement entre le cinéma de Wes Anderson et celui des frères Coen; il y règne une atmosphère surréaliste, causée en grande partie par ces décors naturels stupéfiants de beauté qui créent un décalage inhérent au statut recherché de western; on y fait aussi des rencontres étranges et parfois absurdes comme si le Far West recélait de ses découvertes inopinées. Enfin, le réalisateur a un œil certain pour les détails incongrus, un humour inattendu et sait aussi user d'une délicatesse infinie lorsqu'il filme Caren Pistorius, incarnant Rose (notamment ses postures ou certains éléments de sa garde-robe), tout comme il sait jouer de l'intensité naturelle de Michael Fassbender, en retrait mais dévorant pourtant l'écran.
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Il règne tout le long du film un sens de la solennité vis-à-vis d'une terre pleine de promesses mais encore intraitable et dangereuse. La quête romantique de Jay est emplie d'une mélancolie profonde et le jeune homme trouve en Silas un guide inattendu, quand bien même les deux confrontent leurs points de vue sur ce monde qui semble les engloutir : lors de leur première rencontre, Silas, homme d'action endurci, sait que la violence est nécessaire dans ce nouveau monde, concept auquel refuse de croire Jay qui pense que son idéalisme lui suffira. On y parle d'innocence perdue et d'un passage à l'âge adulte forcé qui traîne à s'accomplir.

Quelques flashbacks retracent l'itinéraire de Jay en Écosse, sa relation avec Rose et les circonstances qui vont tous deux les amener à quitter leur terre natale ; ces souvenirs troublés d'une lumière froide ne sont jamais ouvertement discutés mais offrent un plan de lecture alternatif à l'histoire présentée. Entièrement tenu du point de vue du garçon, le film se révèle être plus riche qu'on ne pouvait l'imaginer à premier abord, y compris dans sa dramatique chute, aussi symbolique que littérale et mise en scène de façon explicitement cruelle (impossible de spoiler tant les petites idées de mises en scène sont superbes et symboliques). Slow West prend véritablement son temps à raconter le poids de l'innocence sentimentale et le pas fourvoyé d'un garçon qui se sait pas vraiment ce qu'il cherche,  trop aveuglé par son amour pour penser qu'il devrait agir différemment.


Date de sortie encore inconnue en France.


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Les Hauts de Hurlevent de Andrea Arnold (2012) était numéro 8 de notre top 2012.