Pages

Ads 468x60px

samedi 1 août 2009

Sortie ciné inattendue : Jusqu'à toi, de Jennifer Devoldere

Avec l'été arrive la disette ciné, mais comme on est toujours prêt à tenter le diable, c'est parti pour le film français du mois ! Un premier film qui sort de nulle part, apparente sortie technique de juillet, à trois semaines de la sortie du bulldozer Inglourious Basterds. A première vue il n'y a aucun rapports entre ces deux productions, si ce n'est que le film de Tarantino partage avec Jusqu'à toi l'actrice Mélanie Laurent, l'occasion sans doute de booster un peu les chiffres d'un petit film sorti sans grosse promo.
Le pitch, c'est de l'amour en conserve : A 26 ans, Chloé vit seule à Paris. Tout semble aller pour le mieux. Un bon travail, des amis agréables, des voisins conciliants... Elle attend juste le grand Amour. Et seuls les films qu'elle loue régulièrement en DVD lui apportent une lueur d'espoir. Un jour, elle croise sans s'en rendre compte un Américain, Jack, largué par sa copine, et qui vient de gagner un séjour à Paris. Chloé va alors, par un heureux hasard, récupérer la valise de Jack, et surtout tomber amoureuse de son contenu...

Rythmé par une chanson entêtante de Kate Nash, le film suit le parcours de Mélanie Laurent, adorable et espiègle, qui perd son inaccessibilité le temps d'un film, pour devenir cette voisine qui pourrait habiter dans l'appartement d'à côté. Rêveuse, légère mais incroyablement grave dès qu'on en vient aux sentiments, elle parvient à insuffler à son personnage (Chloé) un je ne sais quoi de particulièrement original et touchant dont on ne peut que tomber amoureux.

Dans cette histoire romantique à Paris qui pourrait dès son pitch en dégoûter plus d'un, le potentiel parfum d'artificiel est vite évacué par la légèreté de l'entreprise : Le film est construit comme une enquête loufoque qui mettra à contribution toutes les personnes que Chloé connaît, pour retrouver le propriétaire de la valise rouge et oser lui parler. Entre espoirs qu'elle sait à juste titre déraisonnables et envie d'y croire, elle va faire du chemin pour sortir de sa petite bulle et faire ses premiers pas dehors. Sous ses traits si charmant, Chloé est un personnage différent qui rassure presque sur les filles de son âge : on peut être une adulte et encore rêver du Prince Charmant, un piège comme une bénédiction.


Jusqu'à toi, c'est un film au titre laissant songeur, vaguement poétique on ne sait pas pourquoi, où l'on se laisse embarquer entre les murs décrépis d'un hôtel parisien, un appart de jeune fille un peu perdue, un film où l'on passe d'un continent à l'autre l'espace d'un plan. Un postulat et une facilité qui semblent inhérentes au genre, et qui peut vite énerver si ce n'était pour la fraîcheur dégagée de l'ensemble et la conviction qui s'en dégage. L'intrigue se joue sur deux niveaux, entre Chloé et son quotidien qui dérape petit à petit, et l'américain Jack en vacances à Paris, où il attend patiemment qu'on retrouve sa valise (à ce titre, le point de vue américain sur la vie d'hôtel en France est assez hilarant).
Partagé entre anglais et français, le film ne se cantonne pas à sa situation de comédie romantique, et joue la chronique de mœurs à partir de deux personnalités assez originales espérant un peu mieux que leur présente situation. Un jeu de chaises musicales qui devient presque cruel avec ses personnages dans son dernier acte avant de nous rassurer sur le devenir de chacun. Ouf.

Jusqu'à toi
se plonge dans le quotidien de ses personnages, même secondaires, au point de nous faire partager quelques facéties sympathiques. Au creux d'une séquence, on y développe un concept sympa : la théorie de la compatibilité par le DVD. Trois titres, trois films pour savoir si on se correspond. Un test qu'on n'hésite déjà pas à se faire en soirées, sans pour autant l'avoir formulé ainsi.
La réalisatrice Jennifer Devoldere enrichit au passage sa douce épopée de seconds rôles réjouissants, du réceptionniste d'hôtel odieux au père de Chloé, un peu paumé, joué par le grand Jackie Berroyer (à voir impérativement : Calvaire). On y croise aussi l'acteur Billy Boyd (Pippin dans le Seigneur des Anneaux), anglais pimpant à l'accent génial, jouant le meilleur pote de Jack, qui apporte au film une caution comique indéniable par ses interventions toujours un peu "directes".

Détail sympa entre gens bien : Chloé est une vraie consommatrice de DVD et se fournit dans un vidéo-club. Un vidéo-club que les clients d'Opération Frisson de Yannick Dahan peuvent reconnaître puisqu'il s'agit de celui servant de cadre à l'émission (sans doute suspendue depuis). Arié Elmaleh, bien moins relou que son frère, y joue le gérant qui lit Mad Movies et parle (presque) bien de ciné de genre : sont évoqués pêle-mêle The Grudge, 28 jours plus tard et The Descent. Des références "obscures" dans un film romantique, il n'en faut pas plus pour m'agiter sur mon siège.
Si tu n'as jamais vu Opération Frisson, clique ici pour de l'exemple consistant !

Jamais démonstratif, toujours dans l'attente et à l'affût du bon moment, Jusqu'à toi est le formidable récit d'une rencontre confuse et sujette au doute jusqu'à son dénouement, trop beau pour être vrai mais pourtant si évident. La vie n'est pas faite que de coups de foudres, on apprend aussi à se connaître avant.

8/10 parce que In the Mood for Love

0 commentaires: