Dans la lignée des coming-of-age stories typiquement américaines où deux êtres un peu tourmentés se rencontrent et se trouvent, une nouvelle vague de films de ce genre trouve sa voie sur grand-écran, proposant à une nouvelle génération de spectateurs un regard chatoyant sur une période houleuse. L'année passé a vue The Perks of being a wallflower enchanter une majorité de spectateurs, cette année, on parie que The Spectacular Now, plébiscité à Sundance, devrait trouver sa voie chez certain d'entre vous.
Mais pas chez nous.
Réalisateur l'année dernière de Smashed, film indé sur les ravages de l'alcool au sein d'un couple (dont on disait qu'il apporterait à Mary Elizabeth Winstead sa première nomination à l'Oscar de la meilleure actrice - fail), James Ponsoldt récidive dans l'histoire de couple au destin faillible, dans une Amérique de banlieue ayant survécu au cinéma de John Hughes. Adapté du roman éponyme de Tim Tharp, le film suit un jeune branleur dans l'année scolaire précédant le départ à l'université, largué par sa copine de toujours avant de rencontrer une jeune fille qu'il n'aurait pas approché dans d'autres circonstances.
Mais pas chez nous.
Réalisateur l'année dernière de Smashed, film indé sur les ravages de l'alcool au sein d'un couple (dont on disait qu'il apporterait à Mary Elizabeth Winstead sa première nomination à l'Oscar de la meilleure actrice - fail), James Ponsoldt récidive dans l'histoire de couple au destin faillible, dans une Amérique de banlieue ayant survécu au cinéma de John Hughes. Adapté du roman éponyme de Tim Tharp, le film suit un jeune branleur dans l'année scolaire précédant le départ à l'université, largué par sa copine de toujours avant de rencontrer une jeune fille qu'il n'aurait pas approché dans d'autres circonstances.
Le moment juke-box dans un bar pourri d'un motel : c'est beau. |
Ce qu'il faut réussir, dans un film pareil, c'est son couple vedette. Dans un jeu un peu semblable à celui de Shia LaBeouf, le jeune acteur Miles Teller est malheureusement vraiment irritant, ce qui n'aide en rien à s'attacher au personnage très versatile de Sutter. Shailene Woodley fait elle preuve d'un naturel désarmant dans son rôle de jeune fille éveillée à sa première histoire d'amour, et la simplicité de son personnage a quelque chose de rafraichissant dans le paysage actuel, où chacun essaie d'être plus edgy et malin que son confrère. C'est sans doute son air innocent de petite fille normale à la Jennifer Lawrence qui lui a valu d'être castée dans Divergent, prochaine faute de goût à la Twilight/Les Âmes vagabondes/Hunger Games, on lui souhaite bon courage pour le reste de sa carrière.
Pour le réalisateur, il ne s'agit plus seulement de passer par les points obligés du teen-movie (soirées, bal de fin d'année, entrée à l'université) qui ne sont que des étapes à la dramaturgie par ailleurs assez mal gérée, sous forme de sauts temporels. On se concentre sur Sutter et son inhabilité à s'extirper du moment présent dans lequel il vit en permanence (le fameux "Spectacular Now" du titre), incapable de planifier et de se projeter dans un hypothétique futur alors qu'autour de lui, tout le monde fait des choix. La voix du livre permet quelques embardées plus surprenantes et certainement plus à propos : la relation des deux protagonistes est terriblement changeante et un peu plus cruelle que ce qu'on pouvait concevoir, principalement du côté de Sutter, qui persiste à lorgner du côté de son ex-copine, renvoyant à un idéal auquel il veut appartenir (et quand cet idéal est incarné par Brie Larson, qui elle seule m'a fait asseoir dans le cinéma, on le comprend tout à fait). Pourtant Sutter est aussi égoïste et condescendant, et le film parvient à décrire de façon assez juste les engagements et rajustements, les attentes ratées et les espoirs mal placés de jeunes gens en train de grandir et faisant face à une responsabilité bien lourde : leur propre futur. Le film évoque un moment le magnifique Say Anything (Un monde pour nous en VF) de Cameron Crowe, avec son ado, John Cusack, coupé du quotidien de ses congénères, incapable de s'ajuster au monde autour de lui… sans malheureusement l'investissement émotionnel qu'il faudrait pour se démarquer du tout-venant actuel dans ce genre de discours.
Le moment complice dans un lieu désert loin du bal de promo : c'est trop |
Malgré toute sa bonne volonté, le film devient rapidement douloureux dans son envie de retranscrire à son tour les tourments adolescents, et chaque séquence s'arrête sur le minimum syndical, en espérant que personne ne relève à quel point l'investissement sur la chose est relatif. Même pour les clients de ce genre d'histoires, le déroulement du scénario est vraiment gênant dans son exploitation éhontée de clichés vu et revus depuis John Hughes. Il reste cependant une jolie propension à refléter quels changements la relation des deux amoureux opère chez chacun d'eux : Sutter se détache de son image de fêtard irresponsable, Aimee s'ouvre et se révèle petit à petit.
Un point intéressant relie Smashed et le film ici-présent : l'omniprésence de l'alcool dans les faits et gestes des personnages, de Sutter se baladant sans conséquences une flasque d'alcool à la main, à son père (Kyle Chandler) que l'on découvre dans un bar (et qui y reste). Le film propose d'ailleurs à l'acteur, coach éternel de Friday Night Lights et père de famille superbement américain, de s'incarner une nouvelle fois dans une petite bourgade dont il n'échappera pas.
À défaut de trouver un intérêt supplémentaire au film, on peut y sonder ses affiliations : Mary Elizabeth Winstead, premier rôle de Smashed, fait ici son apparition dans un second rôle d'épouse modèle en pleine étape de Stepford-isation, et Aaron Paul (le jeune "protégé" Jesse Pinkman) de Breaking Bad laisse ici la place à l'acteur Bob Odenkirk (Saul Goodman) en proto-figure paternelle, comme si le même personnage avait choisi de se ranger dans une petite ville de l'état de Géorgie où se passe le film, plutôt que de poursuivre sa carrière de petit avocat véreux.
Malgré ses jolies intentions de départ, la petite "pépite" estampillée Sundance paraît trop évidente, trop facile et laisse aisément de marbre ; peut-être qu'il est temps de grandir ?
Sortie en France le 8 Janvier prochain.
Un point intéressant relie Smashed et le film ici-présent : l'omniprésence de l'alcool dans les faits et gestes des personnages, de Sutter se baladant sans conséquences une flasque d'alcool à la main, à son père (Kyle Chandler) que l'on découvre dans un bar (et qui y reste). Le film propose d'ailleurs à l'acteur, coach éternel de Friday Night Lights et père de famille superbement américain, de s'incarner une nouvelle fois dans une petite bourgade dont il n'échappera pas.
À défaut de trouver un intérêt supplémentaire au film, on peut y sonder ses affiliations : Mary Elizabeth Winstead, premier rôle de Smashed, fait ici son apparition dans un second rôle d'épouse modèle en pleine étape de Stepford-isation, et Aaron Paul (le jeune "protégé" Jesse Pinkman) de Breaking Bad laisse ici la place à l'acteur Bob Odenkirk (Saul Goodman) en proto-figure paternelle, comme si le même personnage avait choisi de se ranger dans une petite ville de l'état de Géorgie où se passe le film, plutôt que de poursuivre sa carrière de petit avocat véreux.
Malgré ses jolies intentions de départ, la petite "pépite" estampillée Sundance paraît trop évidente, trop facile et laisse aisément de marbre ; peut-être qu'il est temps de grandir ?
Sortie en France le 8 Janvier prochain.
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