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mercredi 19 août 2009

G.I. Joe de Stephen Sommers: l'amour à moudre, les miettes à ramasser


Cette année, la Paramount voit grand en lançant en association avec Hasbro deux adaptations cinés dérivés de jouets. On croyait avoir tout vu mais les exécutifs d'Hollywood continuent de nous attérer consciencieusement tous les ans. Si Transformers 2 s'avérait au final être un plaisir coupable épileptique parfaitement conseillé après quelques séances de préparation, que pouvait-on décemment attendre de G.I. Joe, film ouvertement pro-Américain dont le pendant satirique s'appelle Team America ?

Tout simplement RIEN. Si ce n'est la satisfaction d'avoir les "talents" de Stephen Sommers derrière la caméra, grand absent des écrans cinés depuis Van Helsing en 2003. Ce projet de la Universal, qui voulait faire revenir au ciné ses monstres sacrés (loups-garous, vampires et autres), était au final un ride décervelé, qui perdait toute prestance dans sa boursouflure d'effets spéciaux... GI Joe, c'est la même chose, avec du pire en plus.

Au cœur du projet, l'élite secrète GI Joe et les terroristes de chez Cobra, lesquels parviennent à mettre la main sur des missiles d'un nouvel ordre. A l'équipe de GI's de récupérer lesdits missiles et de faire la nique aux méchants !
Construit autour de l'endive Channing Tatum et de la lisse Sienna Miller, le film est racoleur au possible, là où même Transformers 2 finit par paraître subtil. Visiblement pas conscient des clichés en vigueur depuis des années à Hollywood dès qu'on parle de blockbuster, les scénaristes de la chose ont foncé droit dans le mur avec son intrigue à base de missiles volés et, pire, sa sous-intrigue de méchante devenant gentille par amour pour le beau leader des gentils (ici on spoile, c'est gratuit !)

Au milieu de ce désert de bêtise, le script essaie de nous vendre que la bande de militaires est belle et sympa, tout ça quoi: mais contrairement au film de Michael Bay, toutes les tentatives d'humour tombent lamentablement à plat. Alors qu'en terme de construction de personnages, les scénarii de ses dernières années semblent ne jurer que au choix, par le trauma passé ou les vannes lancées pour détendre l'atmosphère (ici et respectivement, l'enfance de Snake Eyes et Marlon Wayans en comique de service), G.I. Joe peine sur tous les fronts à proposer un fond sympa. Chaque tentative poseuse de déclencher le rire s'écroule maladroitement. Incapable de développer ses personnages plus que le strict minimum, le film s'en sert comme de pions remplaçables destinés à nous faire passer un bon moment. Tout au plus entend-t-on leurs noms de codes respectifs, voit-on quelles sont leurs armes de prédilection (un passage obligé pour une gamme de jouets adapté au cinéma), sans autres formes de procès. Sans doute conscient de l'humiliation qui guette, Stephen Sommers s'en remet à ce qu'il fait de mieux : de l'action pétaradante, généreuse et parfois conduite à l'aveuglette si on en juge par ce qu'il se passe à l'écran.
Chapeau bas au production designer du film qui s'en est donné à cœur joie, sans avoir le plaisir de voir toutes ses créations utilisées correctement. Dans cette foire, impossible de mettre un chiffre sur le nombre de bases secrètes, véhicules futuristes, armures de combats et armes badass passés en revue. Comme une caravane de l'étrange vendue au Dieu entertainment américain, le film dote même Paris d'un tramway au couleurs de la RATP pour le plaisir de le traverser. Le point culminant du film, c'est d'ailleurs cette course effrénée dans Paris, avec certains plans larges bardés d'effets spéciaux, pour faire genre "On y est !". Autour de l'Arc de Triomphe et le long des quais de la Seine, les véhicules se percutent et explosent tandis que deux abrutis en méga-armure courent partout en défonçant le maximum de choses. C'est ahurissant, filmé n'importe comment (parfois bien quand c'est pour poser) et toujours dans l'optique de démonstration qu'il n'y en a pas encore eu assez de dégâts.

Malgré les moyens, on sent clairement la limite vaine des effets spéciaux pendant tout le film. Comme si Transformers 2 avait récupéré tout le budget estival de la Paramount, GI Joe doit faire avec un budget clairement pas assez conséquent pour illustrer proprement tous les lieux, les effets et les dérives (surtout les dérives) du scénario. En clair, GI Joe est un film des années 80 doté d'une technologie perfectible et des moyens d'un blockbuster d'il y a quelques années, le tout monté ensemble avec l'affront d'un gamin de 5 ans préparant une fin du monde dans un bac à sable. Ceux qui taxait encore Michael Bay de grand enfant peuvent se rhabiller vu la maîtrise formelle de son dernier film à côté de cette purée, que le fun dégagé ne peut totalement excuser.

Détail presque anodin et gros morceau de la bande-annonce, l'explosion de la Tour Eiffel. Il est quand même effarant de voir qu'en 2009, les américains font encore des films où l'on explose les monuments à tire-larigot, juste pour le plaisir du plan d'affaissement surdécoupé et celui du bon mot quelques scènes après ("Le gouvernement français n'est vraiment pas content, vous les comprendrez"). Michael Bay s'est aussi bien lâché sur les pyramides, alors que la suite se prépare avec (encore) Roland Emmerich et sa fin du monde dans 2012. Mais la dernière fois que la Tour Eiffel a morflé, c'était dans Team America (par les créateurs de South Park), une affiliation qui n'échappe pas à GI Joe et qui récupère à son avantage cette caractéristique pour proposer un spectacle décomplexé (comme l'était Van Helsing), parfois frustrant vu le peu d'ampleur donné à l'histoire, mais définitivement réjouissant dans ces derniers moments. Parce qu'à force d'assister à l'inacceptable, on finit par revoir ses exigences à la baisse et de laisser passer tout et n'importe quoi sous peine de bloquer dès les premières minutes.
Niveaux acteurs, Christopher Eccleston écarte tout le monde. Le Dr Who (saison 1) au faciès pourtant sympathique fait ici place à un mégalo tordu qui veut faire péter Paris pour venger un ancêtre offensé par les français 3 siècles auparavant... A l'annonce de cette magnifique réplique, on s'en veut de ne pas voir le film en VO pour savourer l'accent écossais de l'acteur s'en donnant à cœur joie dans le rôle de McCullen/Destro, appelé à revenir en renfort dans une suite déjà annoncée. Pas dupe pour un sou, Stephen Sommers fait péter toutes ses cartouches et place soigneusement ses pions à la fin, avec l'argument d'un scénario déjà "minutieusement" préparé.

Reste un casting de têtes connues passées dire bonjour à leur réalisateur, de Brendan Fraser en caméo à son némésis de La Momie, Arnold Voosloo (l'un des grands méchants de chez Cobra). Curiosité du casting, on retrouve aussi Jonathan Pryce en président des Etats-Unis: même 2012 de Roland Emmerich est à jour en plaçant à ce poste crucial Danny Glover, acteur noir-américain. Dennis Quaid, dont on adore la gueule mais qui cachetonne depuis des années, pose fièrement en Général Hawk, chef des G.I. Joe prêts à tout casser.
Mais la surprise vient d'ailleurs, puisque dans le rôle de Cobra on retrouve Joseph Gordon-Lewitt, soit la meilleure chose qui soit arrivée au ciné indé US depuis quelques années. On l'a vu dans Mysterious Skin, Brick, j'en passe et des meilleurs, personne ne l'attendait au tournant pour GI Joe. Caché derrière un masque impénétrable, on reconnaît la gestuelle du gamin, content de se prêter au jeu. Ici-bas, on continue encore de se demander ce qui a pu le motiver à l'idée de faire ce film...

La prise de conscience : impossible, en sortant de GI Joe, de considérer encore Michael Bay comme un tâcheron. A côté de Transformers, GI Joe fait pâle figure : la première heure de long-métrage fait peine à voir, avec ses plans décadrés dans tous les sens, son absence de gestion d'espace et ces scènes d'où sortent tout et n'importe quoi comme un carnaval fantasmé de technologie militaire.
A cette purée visuelle constante s'ajoutent des dialogues atterrants finissant par être franchement drôles à force de renâcler tous les poncifs du genre, le must étant sans doute quand Dennis Quaid et son béret scandent "Allez les GI Joe, on rentre à la base !" en fin de mission. Un bon moment de n'importe quoi, ouvertement mauvais.
Car il est loin le temps où le projet était pensé sérieusement ; suite à des projos presse apparemment catastrophiques, le film aurait été remonté et repensé pour se gausser de lui-même. De ces rumeurs, on ne connaît finalement pas le dernier mot mais toujours est-il qu'en se positionnant sur la ligne des blockbusters de l'été, GI Joe avait tout à prouver, et s'en sort piteusement, à quatre pattes, tendant le bâton pour se faire battre.



BONUS
: Très rapidement, Snake Eyes, c'est de la balle (avec un final pompé en partie sur La Menace Fantôme), Saïd Tagmahoui ne ressemble à rien, et l'on se prend plusieurs fois au cours du film à se tourner vers son voisin pour lui souffler de façon éhontée: "Elle est bonne la rousse".
C'est aussi ça GI Joe, un film parfois si horrible qu'on se prend à devenir de bien laids êtres humains.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Oui "elle est bonne la rousse" mais la brune n'est pas en reste..... mais ça compense à peine le casting masculin ATTERANT !! America Fuck YEAH !! (air connu)

Le voisin

mrWak a dit…

Cher voisin, merci pour ce partage :)