Voleur insaisissable, Diabolik est une sorte de James Bond corrompu, narguant les forces de police par ses vols de plus en plus audacieux. Aidé de sa partenaire, la sublime Eva, il met en échec toutes personnes s'attaquant à lui, avec une facilité déconcertante.
Bijou pop des sixties, Danger: Diabolik met en scène un anti-héros masqué, créée à l'origine par les sœurs Giussani dans les pages d'un fumetti (équivalent de la bande dessinée italienne). Le personnage de Diabolik, ouvertement mauvais, fait alors basculer la BD dans une optique plus adulte, où les anti-héros se meuvent dans la violence et l'érotisme outrancier propre à cette époque.
Pour ce projet, Dino de Laurentiis produit le film en même temps que Barbarella, tourné dans le studio voisin par Roger Vadim. Une nécessité, car l'interprète de Diabolik, John Philip Law, joue dans les deux films et fait les allers-retours entre les plateaux. Pour l'adaptation de Diabolik, Dino de Laurentiis choisit Mario Bava, réalisateur qui a fait ses armes à l'époque du film d'horreur gothique italien avec notamment Le Masque du Démon (1960), référence matricielle du cinéma de Tim Burton : Sleepy Hollow (1999), en plus d'être un film hommage au cinéma britannique de La Hammer, a aussi beaucoup emprunté à Mario Bava.
Rôdé par des années dans le métier, Mario Bava dispose d'un budget important mais ne peut s'empêcher de recourir au système D et à sa propre imagination pour parvenir à ses fins ; en résulte un mélange étrange où la démesure de certains décors dénote fortement avec d'autres séquences, faussement cheap.
En pleine période du pop art, Danger: Diabolik devient une vitrine d'expérimentation où tout le monde s'en donne à cœur joie. Ennio Morricone compose une musique délirante, à l'image du film, avec son générique à la James Bond, ses essais de cadrages et de filtres alambiquées, avec même une séquence de collages lors d'une scène de portrait robot du meilleur effet.
Du côté des acteurs, John Philip Law rigole comme Fantomas, fait passer tout son jeu par des coups d'œils outrancier, et Marisa Mell, qui incarne sa maîtresse Eva, est alors assurément la plus belle femme du cinéma avec Ursula Andress et Raquel Welsh. L'alchimie entre les deux partenaires est parfaite, et est le centre de quelques scènes montrant l'immoralité du duo comme un jeu de séduction passionné. Hautement suggestif, le film ne se prive pas de petites gâteries visuelles comme ces cabrioles dans un lit remplis de billets, où des déambulations dans des bases secrètes complètement james bond-iennes.
Avec le temps, les conventions formelles du cinéma ont bien changé et on peut trouver le film vieux-jeu, parfois kitsch surtout dans sa seconde partie où Mario Bava multiplie les effets, les rebondissements bizarrement coordonnés et les casses, plus grotesques les uns que les autres, donnant au film cet air unique. Le montage tantôt audacieux, tantôt hasardeux, ajoute à cette confusion des sens où les rapports spatio-temporels n'existent plus, où le déferlement de couleurs vives créent un univers de pur comic-book, à la réjouissance totale. Le côté série B ne quitte jamais le film et on peut légitimement se demander à quoi aurait ressemblé le film si Mario Bava avait utilisé la totalité du budget à disposition pour des scènes encore plus impressionnantes.
Danger: Diabolik sonne comme une réplique italienne aux productions étrangères à gros budget. En 1968, Sean Connery en est déjà à son cinquième James Bond, films produits avec un sérieux total entre l'Angleterre (aux Pinewood Studios) et les États-Unis. Le côté parodique du film de Mario Bava offre une récréation bienvenue au paysage cinématographique, et permet de désamorcer la violence intrinsèque du personnage de Diabolik, qui n'hésite pas à supprimer toute personne ne dressant sur son chemin.
Que ce soit par ses personnages, ses situations ou ses décors, un charme fou se dégage de l'ensemble, une candeur perdue depuis, qu'on jurerait ne plus revoir de sitôt. Et c'était déjà il y a plus de 40 ans... Un projet de suite a été évoqué à l'époque, qui ne s'est hélas jamais concrétisé. L'aura du film ne se dément pourtant pas, même les Beastie Boys se baseront sur le film pour concevoir le clip de Body Movin en 1998, où des extraits du film sont repris. La boucle est bouclée grâce à Grant Morrison, scénariste de comics écossais qui se serait aussi inspiré de Diabolik pour créer Fantomex, personnage évoluant du côté des X-Men : le bonhomme est un super mutant effroyablement intelligent accompagné de son vaisseau autonome (appelé EVA), se faisant parfois passer pour un français distingué. Tout un programme pour l'un des personnages les plus intéressants de l'équipe X-Force.
Danger: Diabolik est une merveille, ne passez pas à côté !
Pour ce projet, Dino de Laurentiis produit le film en même temps que Barbarella, tourné dans le studio voisin par Roger Vadim. Une nécessité, car l'interprète de Diabolik, John Philip Law, joue dans les deux films et fait les allers-retours entre les plateaux. Pour l'adaptation de Diabolik, Dino de Laurentiis choisit Mario Bava, réalisateur qui a fait ses armes à l'époque du film d'horreur gothique italien avec notamment Le Masque du Démon (1960), référence matricielle du cinéma de Tim Burton : Sleepy Hollow (1999), en plus d'être un film hommage au cinéma britannique de La Hammer, a aussi beaucoup emprunté à Mario Bava.
Rôdé par des années dans le métier, Mario Bava dispose d'un budget important mais ne peut s'empêcher de recourir au système D et à sa propre imagination pour parvenir à ses fins ; en résulte un mélange étrange où la démesure de certains décors dénote fortement avec d'autres séquences, faussement cheap.
En pleine période du pop art, Danger: Diabolik devient une vitrine d'expérimentation où tout le monde s'en donne à cœur joie. Ennio Morricone compose une musique délirante, à l'image du film, avec son générique à la James Bond, ses essais de cadrages et de filtres alambiquées, avec même une séquence de collages lors d'une scène de portrait robot du meilleur effet.
Du côté des acteurs, John Philip Law rigole comme Fantomas, fait passer tout son jeu par des coups d'œils outrancier, et Marisa Mell, qui incarne sa maîtresse Eva, est alors assurément la plus belle femme du cinéma avec Ursula Andress et Raquel Welsh. L'alchimie entre les deux partenaires est parfaite, et est le centre de quelques scènes montrant l'immoralité du duo comme un jeu de séduction passionné. Hautement suggestif, le film ne se prive pas de petites gâteries visuelles comme ces cabrioles dans un lit remplis de billets, où des déambulations dans des bases secrètes complètement james bond-iennes.
Avec le temps, les conventions formelles du cinéma ont bien changé et on peut trouver le film vieux-jeu, parfois kitsch surtout dans sa seconde partie où Mario Bava multiplie les effets, les rebondissements bizarrement coordonnés et les casses, plus grotesques les uns que les autres, donnant au film cet air unique. Le montage tantôt audacieux, tantôt hasardeux, ajoute à cette confusion des sens où les rapports spatio-temporels n'existent plus, où le déferlement de couleurs vives créent un univers de pur comic-book, à la réjouissance totale. Le côté série B ne quitte jamais le film et on peut légitimement se demander à quoi aurait ressemblé le film si Mario Bava avait utilisé la totalité du budget à disposition pour des scènes encore plus impressionnantes.
Danger: Diabolik sonne comme une réplique italienne aux productions étrangères à gros budget. En 1968, Sean Connery en est déjà à son cinquième James Bond, films produits avec un sérieux total entre l'Angleterre (aux Pinewood Studios) et les États-Unis. Le côté parodique du film de Mario Bava offre une récréation bienvenue au paysage cinématographique, et permet de désamorcer la violence intrinsèque du personnage de Diabolik, qui n'hésite pas à supprimer toute personne ne dressant sur son chemin.
Que ce soit par ses personnages, ses situations ou ses décors, un charme fou se dégage de l'ensemble, une candeur perdue depuis, qu'on jurerait ne plus revoir de sitôt. Et c'était déjà il y a plus de 40 ans... Un projet de suite a été évoqué à l'époque, qui ne s'est hélas jamais concrétisé. L'aura du film ne se dément pourtant pas, même les Beastie Boys se baseront sur le film pour concevoir le clip de Body Movin en 1998, où des extraits du film sont repris. La boucle est bouclée grâce à Grant Morrison, scénariste de comics écossais qui se serait aussi inspiré de Diabolik pour créer Fantomex, personnage évoluant du côté des X-Men : le bonhomme est un super mutant effroyablement intelligent accompagné de son vaisseau autonome (appelé EVA), se faisant parfois passer pour un français distingué. Tout un programme pour l'un des personnages les plus intéressants de l'équipe X-Force.
Danger: Diabolik est une merveille, ne passez pas à côté !
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