Alors que Skins saison 4 commence à peine, avec pour mission de clôturer le deuxième cycle de la série de la chaîne E4, il est temps de revenir sur les ados écorchés vifs dits de la Première Génération, couvrant les saisons 1 et 2.
Créée par un père et un fils tous deux scénaristes (Bryan Elsley et Jamie Brittain), la série offre un regard frais et plutôt virulent sur la difficulté d'être un ado à Bristol, surtout entouré de pareils amis. Si on peut voir sans problèmes les excès du drama, ceux-ci sont à la hauteur d'une écriture au cordeau. Scénarisé par des débutants pas plus âgés que les acteurs eux-mêmes, Skins est un vivier de jeunes talents qu'il faut impérativement surveiller, tant le travail effectué, mêlant humour impeccable, foutoir adolescent et traitement intelligent impose le respect.
Car Skins fait partie de cette vague du renouveau de la série britannique. Avec des séries comme Dr Who, Life on Mars (et son spin-off, Ashes to Ashes) mais encore la trilogie Red Riding, la petite lucarne UK reprend du poil de la bête. En témoigne cette série encore relativement jeune fut un temps, au départ pensée suivant un certain schéma : acteurs non professionnels, scénaristes débutants et participant de très près au show, tournage en décor naturel (beaucoup de scènes en extérieur, dans Bristol), tournage serré en HD pour l'économie et une captation maximale de l'environnement.
Au programme de cet essai de la chaîne E4, une bande de potes dont chaque épisode (de 9 à 10 par saison) s'attarde sur un personnage en particulier, tout en suivant un fil rouge aussi simple que le quotidien de branleurs dans une ville qu'ils arpentent sans relâche. Pour ces jeunes, la vie est une fête où tous les excès sont tolérés. Mais sous cette superficialité gronde une terrible réalité, immédiate si on y prête attention : toutes les figures adultes sont absentes, droguées, démissionnaires, disparues, parties, envolées.
Même les profs abandonnent ou s'obstinent à ne pas comprendre. Curieusement, quelques personnages apparaissent sporadiquement pour plus ou moins guider ces jeunes en perte de repère totale. Ils ne sont au final qu'un ilot où s'amarrer temporairement, sans apporter de réelles solutions.
Complètement largués et sans gardiens véritables (seul Anwar, indien d'origine, est entouré d'une famille très présente), ils se déchirent sur des sujets de société aussi divers que possible (homosexualité, religion, drogues), complétant ce programme chargé par les déboires et histoires personnelles de chacun.
Ultra réjouissante malgré tout, la saison 1 du show développe sa "mythologie" à grands coups d'éclats à mesure que le personnage très "Valmont" de Tony, s'amuse à manipuler les gens par dépit. Le groupe, soudé face à l'adversité, affronte l'échec scolaire, les soirées qui tournent mal, les amours déçus, la vie en général. C'est tellement simple que ça pourrait en devenir niais, si ce n'était pour le traitement original, plastiquement (le tournage en extérieur y est pour beaucoup) et dans le ton : On a beau assister à des ébats terre-à-terre, la série trouve parfois un timbre assez cocasse dans ces situations, rappelant un humour non-sensique purement british.
La farce tourne court dans la saison 2, moins attractive d'emblée. Groupe disloqué, amitiés abattues, la dynamique est perdue. On perd vite pied tout comme les personnages, éparpillés. Cassie, ange blond pour lequel on ne peut que se prendre d'affection dès sa première apparition dans la saison 1, devient un fantôme errant. D'abord absente, elle finit par repasser, hante les esprits, apparaît comme bon lui semble. On lui pardonne son excentricité, même si elle sait tout. C'est paradoxalement le personnage le plus clairvoyant de la série, entre interventions gratuites et rageuses.
Alors que la reprise semblait patiner sur ses premiers épisodes, la série décolle de façon fulgurante par la suite pour abandonner toute notion de pitié vis-à-vis de ses personnages. C'est jetés dans le monde réel qu'ils se sépareront. Se terminant sur un effet de crève-cœur insoutenable avec une fuite éperdue pour chacun, on croit pouvoir distinguer la suite des opérations, finalement abandonnée comme un travail en cours jamais achevé. La grande force du show, c'est de nous donner l'espoir sans jamais nous l'imposer.
De série strictement cool, Skins gagne son âme avec sa saison 2. Il ne faut surtout pas s'arrêter sur les photos promotionnelles racoleuses cachant littéralement la misère : Skins est une série brut et brutale, singeant le pire pour au final l'étreindre passionnément. Comme au final, tout menait à cette fin, la saison 3 adapte le concept en recomposant entièrement son casting dans lequel on ne retrouve que Effy, petite sœur de Tony. Nouvelle génération, nouvelles histoires. On a eu beau s'attacher immensément à ces personnages plus humains que jamais, il faut les laisser partir. Skins achève un cycle et redémarre sur un nouveau.
A voir impérativement en anglais, pour apprécier l'accent anglais et ses dérivés joyeusement incompréhensibles.
Saisons 1 et 2 dispo en France, éditées chez Studio Canal
Créée par un père et un fils tous deux scénaristes (Bryan Elsley et Jamie Brittain), la série offre un regard frais et plutôt virulent sur la difficulté d'être un ado à Bristol, surtout entouré de pareils amis. Si on peut voir sans problèmes les excès du drama, ceux-ci sont à la hauteur d'une écriture au cordeau. Scénarisé par des débutants pas plus âgés que les acteurs eux-mêmes, Skins est un vivier de jeunes talents qu'il faut impérativement surveiller, tant le travail effectué, mêlant humour impeccable, foutoir adolescent et traitement intelligent impose le respect.
Car Skins fait partie de cette vague du renouveau de la série britannique. Avec des séries comme Dr Who, Life on Mars (et son spin-off, Ashes to Ashes) mais encore la trilogie Red Riding, la petite lucarne UK reprend du poil de la bête. En témoigne cette série encore relativement jeune fut un temps, au départ pensée suivant un certain schéma : acteurs non professionnels, scénaristes débutants et participant de très près au show, tournage en décor naturel (beaucoup de scènes en extérieur, dans Bristol), tournage serré en HD pour l'économie et une captation maximale de l'environnement.
Au programme de cet essai de la chaîne E4, une bande de potes dont chaque épisode (de 9 à 10 par saison) s'attarde sur un personnage en particulier, tout en suivant un fil rouge aussi simple que le quotidien de branleurs dans une ville qu'ils arpentent sans relâche. Pour ces jeunes, la vie est une fête où tous les excès sont tolérés. Mais sous cette superficialité gronde une terrible réalité, immédiate si on y prête attention : toutes les figures adultes sont absentes, droguées, démissionnaires, disparues, parties, envolées.
Même les profs abandonnent ou s'obstinent à ne pas comprendre. Curieusement, quelques personnages apparaissent sporadiquement pour plus ou moins guider ces jeunes en perte de repère totale. Ils ne sont au final qu'un ilot où s'amarrer temporairement, sans apporter de réelles solutions.
Complètement largués et sans gardiens véritables (seul Anwar, indien d'origine, est entouré d'une famille très présente), ils se déchirent sur des sujets de société aussi divers que possible (homosexualité, religion, drogues), complétant ce programme chargé par les déboires et histoires personnelles de chacun.
Ultra réjouissante malgré tout, la saison 1 du show développe sa "mythologie" à grands coups d'éclats à mesure que le personnage très "Valmont" de Tony, s'amuse à manipuler les gens par dépit. Le groupe, soudé face à l'adversité, affronte l'échec scolaire, les soirées qui tournent mal, les amours déçus, la vie en général. C'est tellement simple que ça pourrait en devenir niais, si ce n'était pour le traitement original, plastiquement (le tournage en extérieur y est pour beaucoup) et dans le ton : On a beau assister à des ébats terre-à-terre, la série trouve parfois un timbre assez cocasse dans ces situations, rappelant un humour non-sensique purement british.
La farce tourne court dans la saison 2, moins attractive d'emblée. Groupe disloqué, amitiés abattues, la dynamique est perdue. On perd vite pied tout comme les personnages, éparpillés. Cassie, ange blond pour lequel on ne peut que se prendre d'affection dès sa première apparition dans la saison 1, devient un fantôme errant. D'abord absente, elle finit par repasser, hante les esprits, apparaît comme bon lui semble. On lui pardonne son excentricité, même si elle sait tout. C'est paradoxalement le personnage le plus clairvoyant de la série, entre interventions gratuites et rageuses.
Alors que la reprise semblait patiner sur ses premiers épisodes, la série décolle de façon fulgurante par la suite pour abandonner toute notion de pitié vis-à-vis de ses personnages. C'est jetés dans le monde réel qu'ils se sépareront. Se terminant sur un effet de crève-cœur insoutenable avec une fuite éperdue pour chacun, on croit pouvoir distinguer la suite des opérations, finalement abandonnée comme un travail en cours jamais achevé. La grande force du show, c'est de nous donner l'espoir sans jamais nous l'imposer.
De série strictement cool, Skins gagne son âme avec sa saison 2. Il ne faut surtout pas s'arrêter sur les photos promotionnelles racoleuses cachant littéralement la misère : Skins est une série brut et brutale, singeant le pire pour au final l'étreindre passionnément. Comme au final, tout menait à cette fin, la saison 3 adapte le concept en recomposant entièrement son casting dans lequel on ne retrouve que Effy, petite sœur de Tony. Nouvelle génération, nouvelles histoires. On a eu beau s'attacher immensément à ces personnages plus humains que jamais, il faut les laisser partir. Skins achève un cycle et redémarre sur un nouveau.
A voir impérativement en anglais, pour apprécier l'accent anglais et ses dérivés joyeusement incompréhensibles.
Saisons 1 et 2 dispo en France, éditées chez Studio Canal
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire