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vendredi 31 décembre 2010

5 films qui ont marqué 2010 (partie 1)

Un top encore une fois personnel puisqu'ayant été exilé une année à l'étranger, j'ai loupé bon nombre des films projetés et n'ai absolument rien vu de français dans le lot...
Mes excuses pour ma présence d'Avatar dans le top de l'année dernière, on fait tous des erreurs (du moment qu'on les reconnaît). Malheureusement je me suis fait prendre en traître par le temps et n'ai pas eu le temps de faire un top complet, du coup on commence par les 5 premiers et on finira par la suite la prochaine fois.


1 - The Social Network (David Fincher)
Maintenant qu'on l'a vu, c'est d'une évidence toute palpable. Mais à l'époque, annoncer un film sur Facebook, c'était comme d'avancer la mise en chantier d'un film sur le Monopoly (en projet chez les frères Scott) : on en voyait pas vraiment l'utilité. Sauf qu'avec le scénariste Aaron Sorkin (A la Maison Blanche) et David Fincher aux commandes du projet, difficile de ne pas surveiller la chose de près.
Demi-surprise seulement, le résultat est brillant.

Où l'on suit Mark Zuckerberg, geek antisocial, fomenter une vengeance contre le monde entier. Sublimé par la mise en scène discrète de David Fincher, le site web se développe à mesure que les duels fratricides et prises de pouvoirs sournoises émaillent l'histoire cachée de Facebook. Émerveillé par un modèle dont il aimerait être l'égal (Justin Timberlake, parfait en créateur de Napster), Mark Zuckerberg continue d'écraser ses adversaires et relations sociales, plonge tête baissée dans le code et poursuit la conquête du monde, galvanisé par les chiffres du site et les procès qui tombent, qu'il traite avec un mépris jouissif.
Le film déploie une somme d'information proprement incroyable, et les retours en arrière dans la narration ne rendent pas la tâche aisée mais le film est toujours lisible et compréhensible malgré son rythme. The Social Network est une réussite imparable en terme de storytelling, montage et découpage, couvert par la musique angoissante de Trent Reznor et Atticus Ross. David Fincher a recréée le moment et parvient à réaliser le film le plus actuel, parfait reflet de notre époque.

En créant un réseau social fait à son image, Zuckerberg a paradoxalement isolé les individus les uns des autres, absorbés par un site tout-puissant sachant tout de tout le monde. Et se fait rétrospectivement élire, avec quelques années de retard, personnalité de l'année par le magazine Time.



2 - Inception (Christopher Nolan)
Le fossé continuent de se creuser entre authentiques amoureux du long-métrage et dissidents criant à la farce grotesque, mais force est de constater que le film de Christopher Nolan a fait parler de lui dans les grandes largeurs.
Avec son scénario vertigineux aux multiples plans interférant les uns avec les autres, sa mise en scène dantesque (parfois brouillonne dans la gestion des conflits), et ses acteurs aux diapasons parmi lesquels Tom Hardy et Joseph Gordon-Levitt, Inception s'est posé d'emblée comme un blockbuster capable de rassembler critiques et publics. Conçu comme une expérience totale à travers les plans de la réalité jusque très loin dans les rêves, empruntant le concept des limbes au christianisme, Nolan s'adjoint les services d'un paquet de monde très compétent, et crée une histoire de hackers de mémoire en mission pour un dernier gros coup. Facile, derrière tout ça, de se faire emporter.

En filigrane, on distingue le score martial de Hans Zimmer et James Newton Howard ; les précipitations dans les péripéties et les non-dits ont parfois l'air d'incohérences noyés dans l'information... au final, c'est plus la toute-puissance de Nolan (aussi sa mégalomanie) sur le projet et la façon qu'il a de nous marteler ses vérités qui gênent, et peut faire lâcher prise au terme d'une scène finale de 50 minutes déjouant toutes les attentes du spectateur.


3 - Scott Pilgrim vs. The World (Edgar Wright)
On en a déjà beaucoup parlé cette année, la critique du joli film de Edgar Wright se trouve chez Ecran Large. L'histoire de Scott Pilgrim, branleur rockeur énamouré de Ramona Flowers, n'a malheureusement pas trouvé son chemin vers le public, mais au moins celui vers nos cœurs (ce qui est un début).
Ultime frontière entre le cinéma et le jeu vidéo, le film brouille les pistes continuellement, tisse une intrigue limpide et parfaitement cadrée malgré ses concepts casse-gueule, et se voit en plus doté de la meilleure bande-originale vue depuis un moment, Beck assistant les essais un peu gauches du groupe Sex Bomb-Omb, dont Scott est le leader.

Piste de lecture : Youth in Revolt, à voir en écho à Scott Pilgrim où Michael Cera y joue son rôle d'éternel ado tourmenté. Les plus : un alter-égo sociopathe français, Portia Doubleday en lolita, des seconds rôles pas commodes (Ray Liotta, Steve Buscemi, Zack Galifianakis) et une pincée d'insolence et d'amoralisme en contradiction totale avec l'idée charmante qu'on peut se faire du gamin...


4 - Shutter Island (Martin Scorsese)
Le Scorsese nouveau n'est pas exempt de défauts mais son utilisation rigoureuse de comédiens chevronnés lui permet de créer l'évènement avec une facilité déconcertante. Adapté du roman de Dennis Lehane, Shutter Island envoie deux policiers dans un piège mental, une prison isolée où les pistes de résolution ne manquent pas. Parsemés de flashback d'une beauté sans commune mesure (des souvenirs douloureux à la colorimétrie presque saturée), ce crève-cœur, véritable film de cinéma, se termine brutalement, cliniquement, et laisse à genoux.
Mention spéciale à Mark Ruffalo un brin cabotin, Ben Kingsley, et Michelle Williams, dont on croyait qu'elle ne reviendrait jamais.
Amorçant un calvaire qu'il finira en revenant "d'outre-tombe" dans Inception, Leonardo DiCaprio s'impose définitivement comme la figure tragique de cette année au cinéma.


5 - Bad Lieutenant - Port of Call: New Orleans (Werner Herzog)
Après des années à jouer les éberlués au cinéma sans qu'apparemment aucun producteur ne lui dise d'arrêter, Nicolas Cage a enfin trouvé quelqu'un susceptible de contrebalancer ce grain de folie et cette démesure qui montent en lui. L'allemand Werner Herzog, réalisateur de Fitzcarraldo et d'un bon paquet de pellicules déviantes, reprend l'appellation du film de Abel Ferrara, clame à qui veut l'entende qu'il ne l'a pas vu et entreprend d'en faire non pas un remake mais une réinterprétation, avec excusez du peu, Eva Mendès, Val Kilmer (au bout du rouleau), Michael Shannon (partout et toujours grandiose) et l'allumé Nic Cage.
Dans une Nouvelle Orléans essayant de se remettre d'aplomb, le bon détective tâche de résoudre quelques enquêtes, va taxer les dealers, magouille avec certains autres et trouve un peu de réconfort dans les bras d'une prostituée. Ce qui s'y passe est parfois anecdotique mais la composition pour le coup parfaite de Nicolas Cage est une révélation, un soulagement. S'y mélangent coup de blues (littéralement), visions hallucinées et quête de rédemption dans la moiteur des bayous qu'on sent proches.
Le point de vue des animaux, inédit, est surréaliste et soudain implacable de logique quand on se met à la place du personnage, en perpétuel décalage avec ce qui se passe autour de lui. Avec son blues entêtant étouffé, les séquences prennent un air de chant funèbre glauque et moite, points relais du policier qui ne sait pas où il avance.

Vous pourrez retrouver ici la version russe de l'affiche, qui vend un film complètement différent...


La seconde partie se trouve ici.

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