Il aura fallu 50 ans pour voir porté à l'écran le roman de Jack
Kerouac, initialement publié en 1957, et matériel rêvé pour tout
cinéaste prêt à se lancer dans un énorme travail d'adaptation. Une attente surprenante, de la part d'un pays qui s'est plusieurs fois défini par le road-movie. Les droits furent achetés en 1979 par
Francis Ford Coppola, qui en a projeté très tôt une adaptation, proposée
à Gus Van Sant et Jean-Luc Godard entre autres. Ce serait après avoir
vu Carnets de Voyages en 2004 que Coppola aurait offert la chose à
Walter Salles, le film restant dans le giron familial puisque entre
autres producteurs, on y retrouve son fils, Roman Coppola (qui tarde,
depuis le joli CQ en 2001, à se rassoir derrière la caméra malgré ses collaborations avec Wes Anderson).
Une attente malheureusement gâchée par le produit fini dont les seuls
garants du bon goût sont les acteurs sélectionnés, avec en l’occurrence dans le rôle principal, Sam Riley,
révélé en adolescent éternel et tourmenté dans Control où
il incarnait le leader de Joy Division, Ian Curtis. Le reste du casting
fait presque has-been, mais c'est avant tout parce que la production du
film a longtemps été retardée par des soucis de financement. On retrouve dans le rôle de
Marylou, feu follet du film, la fadasse Kristen Stewart ; à croire que les
directeurs de casting manquent d'imagination. Découverte après son rôle
dans Into the wild (Sean Penn, 2007), récupérée par le phénomène Twilight,
elle a nous a fait longtemps douter de ses capacités d'actrice,
dissimulée qu'elle était derrière l'écran de fumée. Si le rôle reste peu reluisant, il lui donne enfin l'occasion de s'incarner physiquement sur pellicule. Quant à la masse
Garret Hedlund, affadie dans le monde lisse de Tron Legacy
l'année dernière, il prend lui une jolie ampleur grâce au beau rôle de
Dean Moriarty, fou furieux avide d'aventures.
Le livre de Jack Kerouac se tient tout seul, sans véritable
scénario et avec un procédé
d'écriture reposant sur la découverte hallucinée et constante ;
retranscrit tel quel, le film tourne à l'amas assez répétitif et
vidé de son sens. L'enchaînement de plans cartes postales ne fait jamais
sens dans le trajet effectué, trouvant dans sa partie finale au
Mexique, un sommet nauséabond. On s'attend presque à voir apparaître à
l'écran l'application Instagram pour retrouver la patte vintage
supposément authentique.
D'un humour parfois navrant et d'une subtilité pachydermique, le film en
profite pour s'ajouter une caution moralisante aberrante et absente du
roman, achevant de réduire à néant ce qu'on retiendra de ce road-movie
avorté. La découverte enivrée et l'extraordinaire sensation de liberté
ne sont palpables qu'au travers de la bande-annonce, efficace, qui parvient à
capter l'essence de cette transe l'espace de quelques instants, mais que
le film n'atteint jamais.
Laissons les derniers mots au collègue Erwan, de The Electrifying Mojo: "Walter Salles, pour appréhender et approcher Sur la route, filme littéralement la
route. Le con. Et c'est long, putain..."
Décidément, un seul moyen de conclure l'affaire :
Décidément, un seul moyen de conclure l'affaire :
- Pour finir et parce qu'on l'a subi un jour: La critique du premier Twilight (dans une anthologie de la niaiserie jamais réouverte depuis). Enjoy.
1 commentaires:
Merci !
Tout à fait d'accord avec toi sur le film. J'aime beaucoup cette idée sur la photographie du film qui serait en mode Instagram.
le film aurait gagné, je pense, à travailler sur le fragment. Et non s'épuiser à vouloir tout raconter.
Quel gâchis.
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