This is the end (littéralement traduit par un décidément très inspiré "C'est la fin" dans nos contrées) réuni la bande qu'on a aimé voir grandir et prendre les rênes de la comédie à Hollywood, des premiers temps sous l'égide de Judd Apatow aux comédies délurées de ces dernières années, creusant un nouveau giron référentiel instantanément identifiable. Alors quand ceux-ci s'affranchissent pour créer leur propre marque, que peut-on en attendre ?
Inspiré d'un court-métrage écrit et réalisé par Seth Rogen et Jay Baruchel en 2007, le film démarre sur un postulat de base assez réjouissant, où les acteurs jouant leur propre rôle organisent une soirée-débauche chez James Franco. Les caméos font plaisir et les hommages aux carrières passées de chacun tombent à pique. On y développe un second degré bien a propos qui permet d'entretenir une certaine ambiguïté entre les rôles qu'ils épousent, et les possibles points communs avec leurs véritables personnalités (une distanciation pas très maligne qui casse le rythme du film). Malgré tout, on devient de plus en plus curieux face à cette fin du monde et son huis-clos progressivement ouvert sur le reste du monde.
Reefer Madness |
Il faut bien le dire, le film est parfois génial dans ses moments de connivence apprêtée, où chacun y va de sa séquence ludique (ou de sa scène concept/aparté clipesque). Il y a quelques scènes grandioses, des répliques déjà cultes et une grossièreté ahurissante présente en permanence. Et pour ceux qui n'ont jamais eu la chance d'approcher du Danny McBride façon Kenny Powers, la surprise risque d'être de taille puisque l'acteur y développe des trésors de vulgarité à chérir entre amateurs pour l'après-séance.
Mais le film hésite pendant un moment sur la direction à prendre, et plutôt qu'être un tout global où toute les références seraient pensées et digérées, il semble singer la méthode "Kevin Williamson", qui commentait dans un élan postmoderniste, toutes les règles du film d'horreur dans les Scream des temps passés. Devant cette fin du monde bien hypocrite, les héros s'en remettent à un même système de règles établies par les écrits saints. On est dans le blasphème absolu, et c'est assez réjouissant de voir cette bande d'acteurs formée à l'école de l'insolence y plonger dans de telles profondeurs.
Pourtant quelque chose ne marche pas entièrement ; le film est trop superficiel, trop gadget, trop gratuit. Cette réunion de sales gosses ressemble exactement à ce qui était annoncé dans les trailers : soit des acteurs qui se regardent jouer, l'air assez satisfaits d'eux-mêmes, avec cette désagréable impression d'assister à une grosse farce qui ne décolle jamais malgré l'évolution progressive de son concept de base. Et hormis quelques blagues hénaurmes, jetées au milieu et qui distraient en ajoutant à la confusion générale, on est à la limite du film à sketch, sans réelle cohésion, qui lorgne méchamment vers la private joke qu'on imagine permanente entre les membres du casting.
Eh ouais, nous aussi on s'emmerde. |
C'est malgré tout une chouette invitation, ambitieuse dans l'idée, qui échoue à totalement inclure son spectateur et qui s'apparente malheureusement plus à Your Highness (et son univers codifié, malmené par un concept tordu et déjanté) qu'à Pineapple Express (où l'homogénéité de la connerie atteint un niveau inédit). Pour la fin du monde, on se tournera du côté des britanniques avec Edgar Wright qui offrait un condensé moins instantané, plus pérenne et légitime que la bande de Seth Rogen dans The World's End (qui reste malgré tout une petite déception vu leurs productions précédentes).
Sortie du film le 9 octobre en France.
Trailer :
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- La critique du Edgar Wright, Le dernier pub avant la fin du monde / The World's End
- Un tour d'horizon de la comédie des années 2000 (à updater un de ces jours)
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