Sortie ciné : You're next, de Adam Wingard

Affiche alternative réalisée pour le Fright Fest

Réalisé en 2011 et tournant dans les festivals fantastiques avec une étonnante régularité dans l'attente d'une hypothétique exploitation salle, You're Next nous arrive enfin avec une réputation sulfureuse le précédant. Mais comme on le découvre immédiatement lors du visionnage de la chose, le récit de home invasion est soumis à des règles dont il est difficile de s'éloigner tout en voulant être original à tout prix.

Le réalisateur Adam Wingard, réalisateur de petites séries B (A horrible way to die et des segments des anthologies V/H/S et The ABCs of Death) semble pourtant s'éloigner un temps des clichés habituels et nous fait grâce des personnages stupides dont le genre est coutumier ; ici, il s'intéresse à une réunion de famille de bourgeois américains qui va passer un sale quart d'heure. Si la caractérisation des personnages est faible, elle permet cependant de les placer efficacement les uns par rapport aux autres au cours d'un repas familial prise-de-tête dont le dessert risque d'être difficile à avaler : faut dire qu'avec la gorge tranchée…

L'actrice australienne Sharni Vinson, votre hôte pour la soirée

Rapidement, on se rend compte comme rien ne change vraiment : caméra à l'épaule frénétique et faux suspense sont de rigueur, dans un festival d'hémoglobine qui à le mérite de prendre aux tripes un moment devant l'effarante régularité des sévices infligés. La seule qualité de l'ensemble, c'est de mettre au premier plan un personnage féminin franchement dure-à-cuire et non pas traitée comme une bimbo décervelée, qui à la tête sur ses épaules (pour combien de temps ?) et s'adapte rapidement aux situations horribles s'offrant à elle. Un vrai spécimen de fille badass qui occupe l'espace malgré une intrigue qui ne se soucie que de son bodycount avant de basculer dans la grosse farce, malgré le parti-pris intéressant en l'état de montrer ses tortionnaires aux masques d'animaux sous un jour plus humain au cours du récit.

Le film use et abuse dans sa première partie d'un montage un tantinet facile provoquant quelques sursauts avant de jouer sur son strict aspect de survival par la suite : pour se rassurer dans un premier temps, il suffit d'analyser qu'il ne se passera rien avant que l'ensemble de la famille ne soit réunie. Une étrange musique aux faux airs de giallo électro encadre parfois le film, air entêtant que le label Italians do it better se serait fait une joie de proposer sur une compilation-maison, aux côtés de Chromatics ou Glass Candy.

Dommage que le film tombe dans la gaudriole stupide en fin de parcours, entre 1er et 2ème degré pas tout à fait arrêtés, terminant sa démonstration sur une grosse blague nous assurant d'une chose : Adam Wingard a voulu faire son petit malin pour se mettre tout le monde dans la poche, mais ça ne prend plus. Bref, une fois de plus, les festivaliers (soucieux de s'ériger en découvreurs de nouveaux talents ?) se sont excités un peu pour rien, et on attend toujours un film d'horreur franchement original qui nous fera lorgner de nouveau du côté de ce genre.

Les soirées de M. l'Ambassadeur vont encore dégénérer