Retour du roi de San Diego dans une suite qu'on espérait plus, mais qui s'est finalement concrétisée tant le personnage mis au point par Will Ferrell et Adam McKay est le plus mémorable issu de leurs récentes collaborations : même avec Talladega Nights, et malgré l'excellence téméraire de Stepbrothers, c'est bien du personnage de Ron Burgundy qu'on se souvient si on se lançait dans une rétrospective de la dernière décennie occupée par Will Ferrell, dont Ron Burgundy tient la dragée haute : "présentateur vedette" et roi de l'info dans les années 70, ce personnage haut en couleurs est misogyne, raciste et surtout complètement abruti. L'avènement des années 80 le voit confronté à de nouveaux défis, entre sa propre imbécilité à gérer et l'arrivée des chaînes d'informations émettant 24h sur 24.
Là où le bât blesse, c'est rayon scénario où la trame reprend à peu de choses près le même cheminement que le premier volet (parcours initiatique, succès, déchéance, réévaluation de soi et retour au succès). Le tout, sans pour autant nous considérer comme acquis puisque Ferrell et McKay font revenir toute la bande et y ajustent leur propre logique imbécile au moyen d'un second (voire dernier) degré fluctuant mais totalement jouissif dès lors qu'il s'attaque au politiquement correct - un humour potache qui fait des merveilles tant le duo semble ne pas s'être bridé en chemin. Difficile cependant de garder la même qualité de gags en chemin, malgré les additions parfaitement intégrées du minet James Marsden et de Meagan Good en cible raciale en veux-tu en voilà, on en oublie volontairement et des pas tristes. De par son sujet, le film est aussi évidemment assorti d'une satyre outrée mais très vraie de la démocratisation des chaînes de télévision et de la baisse de qualité conséquente des programmes diffusés, jusqu'à critiquer de façon virulente ses spectateurs légitimant par leur présence devant l'écran de tels programmes.
Un tantinet poussif mais parfois plus que jouissif, Will Ferrell et sa bande n'y vont pas de main morte dans les scènes les plus abracadabrantes possibles, assistés d'une sacrée bande de zozos toujours plus hauts en couleurs ; comme dans le premier film, Steve Carell remporte une adhésion immédiate grâce à un savant mélange entre bouffonnerie et véritable déficit mental, acoquiné à une secrétaire fait du même moule en la personne de l'indispensable Kristen Wiig. On aimerait les voir plus souvent ensemble, mais le rouleau-compresseur Ferrell/McKay est en branle et bien vite, il faut progresser malgré les dérives et autres idées développées ne servant pas directement le scénario, mais plutôt un rire immédiat. Et on voudrait pouvoir énumérer calmement les caméos du film, tous absolument réjouissants (même les plus incongrus), mais cela enlèverait évidemment un élément de surprise d'un film qui en dit déjà trop dans sa bande-annonce.
C'est un signe, devant le manque d'originalité patent de la production hollywoodienne faite de suites et de remakes, Anchorman 2 reste probablement l'une des rares suites devant laquelle on s'enthousiasmera cette année - c'est un plaisir de voir Will Ferrell revenir à ce personnage aussi borderline. Depuis le succès du premier film en 2004 (comprendre, dans son pays natal), la cote de popularité de l'acteur n'a cessé de grimper, jusqu'à conquérir petit à petit notre beau pays pourtant pas gâté entre sorties cinés en catimini ou direct-to-DVD pur et simple. Et c'est encore une fois avec une politique similaire que la branche marketing du territoire a d'ores et déjà renommé le film "Légendes vivantes" en français, repoussant la sortie de Anchorman 2 à juin 2014 alors que le film est sorti à Noël dernier aux États-Unis : autant dire que d'ici là, ceux qui auront voulu voir le film l'auront vu, et possiblement dans de meilleures conditions que la VF proposée au Gaumont du coin.
Bref, it's kind of a big deal, mais toujours pas en France.
Ron Burgundy s'en fout toujours autant de toutes façons. |
Mise à jour Février 2014 : La sortie de Anchroman 2 en France vient d'être tout simplement annulée ! Le blasphème continue, vous savez ce qu'il vous reste à faire...
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