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dimanche 3 juillet 2011

L'inédit cinéma: Take me home tonight, de Michael Dowse

En ces temps nostalgiques (Super 8 où es-tu ?), c'est maintenant un autre film qui prend le parti de reconstituer les années 80, leur ambiance et leur douce euphorie, sous couvert d'une mélancolie typique du cinéma de John Hughes. A la fin de l'été, un jeune diplômé sans grandes perspectives se retrouve face à des choix à faire alors que la vie d'adulte s'apprête à exploser le cadre de sa petite existence. Et alors qu'il court après la fille de ses rêves, il reste le temps d'une dernière soirée pour tout corriger.

Aux manettes de ce petit film, l'acteur Topher Grace qui se dévoile enfin comme quelqu'un de sympathique malgré ses rôles au cinéma peu reluisants. Ici, l'acteur de That 70's Show semble même imaginer ce que serait devenu son personnage dans les années 80, après les étapes essentielles que sont la remise des diplômes et le bal de promotion. A la base du projet dont il a eu l'idée, il a su piloter la chose, la produire et se donner le beau rôle comme on joue dans son propre film autobiographique.
Mais ici il s'agit moins de se regarder le nombril que de rendre hommage à tout un pan de cinéma classique tout en se faisant énormément plaisir.

Son meilleur ami, joué par Dan Fogler est un ersatz de personnage secondaire vu très souvent, et ne brille pas nécessairement par son originalité. Pour autant, sa participation au film est plutôt appréciée vu les dérives grotesques dans lesquelles il se vautre avec délice.

Le duo d'acteurs invite en même temps tout le cinéma de Judd Apatow, Supergrave en tête: avec les deux pieds nickelés de Take me home tonight, c'est comme si on retrouvait Michael Cera et Jonah Hill, des années plus tard et toujours aussi paumés - le film emprunte aussi à Supergrave son espace-temps d'une nuit pour tout régler. De ce mélange étrange et nourrit de ses propres accouchements générationnels (de John Hughes à Apatow) surgit un film qui s'il n'est pas parfait, est parfois surprenant dans la façon qu'il a de traiter ses personnages (avec du cœur), d'évoquer brièvement cette décennie d'excès et de folie, et de passer par le traditionnel arrêt empirique du teen movie, la dernière soirée où tous les enjeux d'une vie se rejoignent.


 Surnagent aussi deux personnages féminins ; l'un, campée par la greluche préférée d'Hollywood, n'est autre que Anna Faris, enfantée par la saga des Scary Movie. Elle y joue la sœur de Topher Grace dans un registre qu'on ne lui connaissait pas, moins folle et plus mesurée. L'autre personnage est l'objet de toutes les affections, incarnée par Teresa Palmer, aux faux airs de Kristen Stewart (la capacité de jouer et d'avoir des émotions en plus). Ce faux-semblant évoque brièvement Adventureland de Greg Mottola, scandaleusement inédit en France où une trame similaire se jouait avec Jesse Eisenberg (Zombieland, The Social Network) dans le rôle de l'individu énamouré. Si le rôle de Teresa - Tori - est schématique, elle synthétise bien tous les enjeux du personnage de Topher Grace.


On peut se poser la question légitime d'avoir affaire à un film pareil, produit en 2011 avec la patte ineffaçable du produit moderne. Le production design et la mise en scène trahissent la modernité du film, pourtant pas cynique dans son approche de recréer un film de teenagers tardifs en pleines interrogations. Le parti pris est même osé, laissant de côté le langage châtié pour se vautrer dans la gaudriole et les situations explicites avec notamment la représentation frontale des drogues (le film est interdit aux moins de 17 ans aux États-Unis). Si le tout n'est pas toujours heureux, il permet des moments de franches rigolades, de réparties sublimes et tranche littéralement avec l'idée qu'on pouvait se faire du film sur le papier.
Signalons aussi la présence de Michael Biehn au générique du film, l'acteur fétiche de James Cameron ayant été rappelé de sa retraite par Topher Grace qui a su convaincre le marines de Aliens de jouer son père : pour l'hommage et le plaisir.

Le film est sorti en mars dernier aux États-Unis, mais son score très mitigé au box-office n'a pas aidé à le promouvoir correctement à l'étranger. Aucune sortie ciné n'est prévue en France à l'heure actuelle.



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