NB: Pain & Gain sortira en France le 11 Septembre prochain sous le titre "No Pain No Gain"
Grand dégénéré du cinéma d'action, Michael Bay avait, à ses débuts, une candeur qui marchait parfaitement devant la kitcherie du spectacle proposé. À présent seul maître à bord d'un projet chéri qu'il souhaitait monter depuis le début des années 2000, Michael Bay balaie 10 ans de ciné "grand public", de robots et de catalogue de lingerie pour décharger son trop-plein de perversité latente : This is a true story.
Clôturant la saison des blockbusters dans une hémorragie de stupre et de fureur, le dernier-né de l'écurie Michael Bay n'a pas la même vocation d'imposer sa loi au box-office : comme lassé de bâtir des cathédrales de mauvais goût frôlant les 250 millions de dollars de budget, le grand architecte de la destruction massive s'engage sur un "petit" budget pour raconter une histoire originale tiré d'une histoire vraie. Dérivé de la maxime "No Pain, No Gain", récupérée comme argument commercial par une majorité de marques de sport, le film décrit comment trois bodybuilders se sont improvisés kidnappeurs et meurtriers dans le Miami clinquant des années 90 pour atteindre le rêve américain.
Et malgré sa démarche quasi auteuriste sur la chose, le film partage pourtant avec ses aînés la même détermination d'imposer toujours pire pour tester la résistance de son audience : une expérience unique.
Le film démarre comme une satire pas très maligne d'une Amérique brûlée jusqu'à la pellicule par ses excès : fric, sexe, besoin d'appartenance et de reconnaissance en sont les mamelles. Dans son giron, un trio de losers poussés dans les derniers retranchements de leur frustration, guidé par un Mark Walhberg changé en bête de foire musculeuse, qui n'a plus que son petit visage bouffi pour essayer de véhiculer la stupidité qui l'anime en permanence. Son complice Adrian (Anthony Mackie) et lui aspirent à mieux et vont pour se faire recruter Paul (Dwayne "The Rock" Johnson), ancien détenu et fervent disciple de Jésus. Bref, ça rame déjà et pour fêter son premier film classé R depuis Bad Boys 2 (2003), le réalisateur n'y va pas avec le dos de la cuillère, et démontre de sa capacité jusqu'ici en sourdine à représenter une beauferie machiste invraisemblable, dans une overdose visuelle de couleurs dénaturées affublée d'un montage cut, bref : le deal habituel, les cascades pyrotechniques en moins.
The boys are back in town |
Si on évoque le film d'auteur, c'est moins pour railler le réalisateur que pour mettre en lumière ses efforts inconsidérés pour transformer tout blockbuster passant sous sa patte en expérience parfois douloureuse, mais aussi singulièrement cocasse : cadres tarabiscotés, illisibilité du plan, et parfois de singuliers moments de comédie vulgaire semblent représenter l'idée que Michael Bay se fait de l'Amérique d'aujourd'hui, une Amérique de frat boy, fantasmée par tous les pores nauséeux de sa peau.
C'est que le type a changé : de ses grandes épopées patriotiques et romantiques (Armageddon, Pearl Harbor), à l'anéantissement absolu de toute grammaire cinématographique où la suggestion sexuelle hante chaque cadre (Transformers 1, 2 et 3), le réalisateur ne semble pas avoir conscience de ne plus y croire, alors qu'il redéfini le cinéma de masse américain avec une constance catastrophique.
Ici, les excès ne réjouissent plus et même en théorie, il n'y a pas grand-chose à sauver de la mise en scène du réalisateur, cependant plus lisible que quand il anime ses robots tout creux. Le recyclage de ses gimmicks est tape-à-l’œil et paresseux, du travelling tournoyant entre deux pièces/scènes exposées en parallèle, inauguré sur Bad Boys 2, aux inserts DV pourris.
Curieusement, le réalisateur semble toujours trouver les acteurs susceptibles d'incarner cette bouffonnerie surréaliste. Entre Rebel Wilson (infirmière en surpoids) et Bar Paly (stripteaseuse abrutie), c'est le grand écart permanent où s'ajoutent les extras les plus improbables au service de plans dégueulasses représentant une humanité dépravée où il ne reste plus que l'argent et le sexe, où même les prêtres vont tenter d'abuser de vous. Racoleur et putassier, Michael Bay a une idée précise de l'Amérique qu'il veut immortaliser à travers ses films.
C'est que le type a changé : de ses grandes épopées patriotiques et romantiques (Armageddon, Pearl Harbor), à l'anéantissement absolu de toute grammaire cinématographique où la suggestion sexuelle hante chaque cadre (Transformers 1, 2 et 3), le réalisateur ne semble pas avoir conscience de ne plus y croire, alors qu'il redéfini le cinéma de masse américain avec une constance catastrophique.
Ici, les excès ne réjouissent plus et même en théorie, il n'y a pas grand-chose à sauver de la mise en scène du réalisateur, cependant plus lisible que quand il anime ses robots tout creux. Le recyclage de ses gimmicks est tape-à-l’œil et paresseux, du travelling tournoyant entre deux pièces/scènes exposées en parallèle, inauguré sur Bad Boys 2, aux inserts DV pourris.
Curieusement, le réalisateur semble toujours trouver les acteurs susceptibles d'incarner cette bouffonnerie surréaliste. Entre Rebel Wilson (infirmière en surpoids) et Bar Paly (stripteaseuse abrutie), c'est le grand écart permanent où s'ajoutent les extras les plus improbables au service de plans dégueulasses représentant une humanité dépravée où il ne reste plus que l'argent et le sexe, où même les prêtres vont tenter d'abuser de vous. Racoleur et putassier, Michael Bay a une idée précise de l'Amérique qu'il veut immortaliser à travers ses films.
Tu la sens, ma grosse intelligence ? |
Le film devient même pire que Bad Boys 2 dans son entêtement problématique à disposer des corps humains au service du rire gras, et ce, malgré la présence de The Rock qui tente de servir de boussole morale pour le groupe avant d'échouer dans les grandes largeurs, la faute à l'impeccable imbécilité les animant. L'ancien catcheur reconvertit acteur s'ébroue avec joie dans le registre de la comédie noire, dont la vulgarité du registre ne semble atteindre aucune limite. Il faut dire qu'avec le réal' des Transformers en maître d'orchestre survolté, les blagues de cul et de coke vont bon train. Et si dans Armageddon, on se promettait un amour éternel allongé dans un champ avant de se marier sur le générique de fin, le Michael Bay des années 2000 n'a guère plus à montrer qu'un quickie dans une ruelle (un idéal de relation, apparemment), effeuillant au passage ses greluches en deux-trois plans cut chargés de faire monter la température.
Pas vraiment intéressant et filant droit dans le mur en permanence, le film vaut pour son statut d' "histoire vraie", caution rappelée en cours de séance tellement le développement prend des tours surréalistes devant l'absurdité des décisions prises par Daniel Lugo et sa bande. Entre effusions de sang et de sperme, attifé du Gangsta's Paradise de Coolio qui n'a jamais semblé aussi approprié que pour illustrer les égarements de petites frappes stupides, le film ne trouve aucun répit, pas même dans ses rares pauses supposées réflexives où le scénario ne peut s'empêcher de rendre sympathique son trio de meurtriers.
Ed Harris, qui n'avait pas fréquenté Michael Bay depuis The Rock (1996), incarne de loin le personnage le plus normal du casting, celui par qui les affaires vont capoter pour le Sun Gym Gang. À côté de sa prestance impeccable, il reste Tony Shalhoub, excellent en self-made man crasseux, et l'éventuel espoir, quelque part dans ce merdier absolu, que Bay retrouve ses esprits.
Mais savoir que dans l'ombre se prépare un Transformers 4 n'est pas rassurant, loin de là… et on imagine mal Tonton Spielberg (producteur des Transformers via Dreamworks), s'émerveiller devant ce Pain & Gain éreintant et aussi glamour qu'une boîte de striptease un dimanche matin.
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1 commentaires:
Ouch tu le défonces là le pauvre Mickael Bay, avec la manière en plus. ^^
J'attendais rien de particulier de ce film, c'était juste un peu surprenant de voir ce réalisateur sur ces thèmes mais il s'est visiblement loupé.
Donc j'irai pas le voir !
Teste Élysium sinon, c'est de la bonne !
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