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vendredi 13 avril 2012

L'inédit ciné : Red State (2010) de Kevin Smith


Red State, poster, affiche, Kevin Smith, Zack, Miri, make a porno, Jennifer's Body, The Haunting, Kyle Gallner, Michael Parks, John Goodman, article, test, critique, geekmehard, geek me hard, Kerry BisheAnnoncé très tôt dans les plannings, et annonçant le retour de Kevin Smith à des films à petits budgets (dans la veine de ses premières productions), Red State devait être tourné dans la foulée de Zack and Miri font un porno, avant d'être repoussé aux calendes grecques par les frères Weinstein, pas convaincus ; devant les problèmes de financement, Kevin Smith s'est chargé lui-même de tout le développement du film et sa distribution, évitant les gros circuits. Le film était initialement un film d'horreur classique avant d'être modifié au gré des changements de scripts en critique acerbe taclant comme souvent, le fanatisme religieux et la politique paranoïaque d'un pays en dérive.

Il faut s'abandonner un temps au film, avant de voir traitée la thématique qu'annonce le titre: Red State, du surnom donné aux états comportant le plus de chrétiens fondamentalistes - et par extension, républicains. C'est au milieu de ce grand nulle part qu'on retrouve tous les excès auxquels Kevin Smith aime s'attaquer.
Dans ce film maladroit mais pourvu d'un feu impétueux, s'y confrontent trois acteurs: Michael Parks en leader charismatique d'une communauté d'extrémistes, John Goodman, agent spécial en première ligne, derrière lequel se retranche la politique corrompue des bureaucrates invisibles, et aussi Kyle Gallner, tête-à-claque du teen-movie horrifique actuel (Jennifer's Body, The Haunting et le remake de Freddy).

On retrouve avec Red State, un espèce de naturalisme de mise en scène du "film de genre", dans des dialogues relevés à l’impertinence, élevant significativement le niveau: comme toujours chez Kevin Smith, les joutes verbales sont chiadées et les monologues, diablement efficaces. L'usage de la caméra digitale RED permet une clarté folle de l'image et peu à peu se dessine par ces traits et ces couleurs un tableau peu reluisant d'une Amérique du Midwest en conflit permanent avec son identité.
Si on peut s'attacher facilement aux situations (assez grotesques et extrêmes à la fois), il manque d'un personnage principal clairement identifié auquel s'identifier, bien que les pans dévolus à Michael Parks, John Goodman et certains autres acteurs permettent de redynamiser en permanence la narration, éclatée en divers points s'attachant à retranscrire le chaos total. Le final surgit dans une apothéose hystérique, entre surréalisme tranchant et grosse farce hénaurme. La conclusion est elle bouclée en un tour de main et quelques démonstrations cyniques (on pense à Burn After Reading) laissant planer Red State haut dans les sphères du grindhouse et du film de genre, se faisant énormément plaisir tout en crachant sur tout le monde.

Bonus: Ceux qui auront suivi la série Scrubs jusqu'à son terme reconnaîtront l'actrice Kerry Bishé, qui remplaçait plus ou moins dans la 7ème et dernière saison l'acteur Zack Braff par un personnage similaire de tête-en-l'air paniquée. Ici, elle est l'un des relais/narrateurs du film, jeune fille membre de la communauté de Five Points.

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