Si ce blog a en partie pour vocation de parler de pellicules respectueuses, il est évident qu'on ne peut continuer à s'estimer aussi facilement (et faussement) vertueux sans entorses à la règle, pour la plupart référencées dans la catégorie "Déviance". J'en viens donc à ressusciter L'œil avec ces quelques brouillons. Histoire de commencer cette belle journée avec de la qualité.
Au programme cette semaine, 3 films célébrant la décadence et un bonus (de qualité) :
This Means War/Target, de McG
Du réalisateur/clippeur fanfaron des deux Charlie's Angels, fleurons instantanément kitch et fun des années 2000, il ne reste plus grand-chose de McG, cousin éloigné de Michael Bay sur l'échelle de la beaufitude pyrotechnique. Avec ce This Means War (Target en VF), pas plus d'originalité dans le projet où deux espions de la CIA se tirent la bourre pour les beaux yeux d'une fille, détournant tout leur attirail à destination de leurs propres fantaisies (comprendre, fantasmes) : mettre sur écoute la charmante jeune fille pour aller à la pêche aux infos ? Check. Pirater ses données virtuelles pour anticiper ses envies ? C'est parti. Malgré les têtes d'affiche (Chris Pine et Tom Hardy, dévoilé physiquement après les oripeaux de Bane et Bronson), Target est en fait un film typique estampillé "Reese Witherspoon", où l'actrice incarne dans ses premiers temps une femme active comblée - sauf sentimentalement - et trop occupée pour y penser, au point de faire la femme faussement réticente... comme un contrepoint à la suite du film, qui nécessairement, on ne sait pas trop pourquoi, la voit profiter de la situation, sous le prétexte faussement racoleur d'être une femme aussi libérée (comprendre déshinibée, d'après le scénario), que peut l'être un homme.
Le sens du rythme du réalisateur fait pourtant beaucoup dans le timing de comédie qui parcoure le film, malgré l'usante intrigue parallèle dont on se contrefout totalement. Et à défaut de réussir ses séquences d'actions (l'introduction du film est de ce point de vue totalement scandaleuse), il parvient à nous arracher quelques rires débiles grâce à ses personnages jouant au jeu de la séduction comme des enfants (la copine de Reese Witherspoon en fait des caisses, c'est merveilleux). Pourtant, quand le réalisateur se prend au jeu et arrive à disposer sainement de sa commande, il parvient à composer de jolis plans, dont quelques plans-séquences réjouissants. Le reste du film est assez triste, dans sa bataille rangée d'espions et ses effets publicitaires, son humour parfois bas du front et son imagerie publicitaire. Heureusement, la bromance entre Tom Hardy et Chris Pine (seul véritable enjeu du film), s'en sort indemne, à l'instar du politiquement correct, qui claque sur les doigts comme une porte battante en guise d'épilogue.
À noter que le film n'a de "comédie romantique" que la simple dénomination technique, puisqu'il n'est en fait qu'un apparat monstrueux à la concurrence entre copains pour tirer la belle, et se faire un high five satisfait en se refilant des photos le lendemain par Facebook. Et l'amour dans tout ça ?
Artificiel et glacé, feint, et au final à l'image si travaillée qu'il n'en paraît que plus faux.
Du réalisateur/clippeur fanfaron des deux Charlie's Angels, fleurons instantanément kitch et fun des années 2000, il ne reste plus grand-chose de McG, cousin éloigné de Michael Bay sur l'échelle de la beaufitude pyrotechnique. Avec ce This Means War (Target en VF), pas plus d'originalité dans le projet où deux espions de la CIA se tirent la bourre pour les beaux yeux d'une fille, détournant tout leur attirail à destination de leurs propres fantaisies (comprendre, fantasmes) : mettre sur écoute la charmante jeune fille pour aller à la pêche aux infos ? Check. Pirater ses données virtuelles pour anticiper ses envies ? C'est parti. Malgré les têtes d'affiche (Chris Pine et Tom Hardy, dévoilé physiquement après les oripeaux de Bane et Bronson), Target est en fait un film typique estampillé "Reese Witherspoon", où l'actrice incarne dans ses premiers temps une femme active comblée - sauf sentimentalement - et trop occupée pour y penser, au point de faire la femme faussement réticente... comme un contrepoint à la suite du film, qui nécessairement, on ne sait pas trop pourquoi, la voit profiter de la situation, sous le prétexte faussement racoleur d'être une femme aussi libérée (comprendre déshinibée, d'après le scénario), que peut l'être un homme.
Le sens du rythme du réalisateur fait pourtant beaucoup dans le timing de comédie qui parcoure le film, malgré l'usante intrigue parallèle dont on se contrefout totalement. Et à défaut de réussir ses séquences d'actions (l'introduction du film est de ce point de vue totalement scandaleuse), il parvient à nous arracher quelques rires débiles grâce à ses personnages jouant au jeu de la séduction comme des enfants (la copine de Reese Witherspoon en fait des caisses, c'est merveilleux). Pourtant, quand le réalisateur se prend au jeu et arrive à disposer sainement de sa commande, il parvient à composer de jolis plans, dont quelques plans-séquences réjouissants. Le reste du film est assez triste, dans sa bataille rangée d'espions et ses effets publicitaires, son humour parfois bas du front et son imagerie publicitaire. Heureusement, la bromance entre Tom Hardy et Chris Pine (seul véritable enjeu du film), s'en sort indemne, à l'instar du politiquement correct, qui claque sur les doigts comme une porte battante en guise d'épilogue.
À noter que le film n'a de "comédie romantique" que la simple dénomination technique, puisqu'il n'est en fait qu'un apparat monstrueux à la concurrence entre copains pour tirer la belle, et se faire un high five satisfait en se refilant des photos le lendemain par Facebook. Et l'amour dans tout ça ?
Artificiel et glacé, feint, et au final à l'image si travaillée qu'il n'en paraît que plus faux.
Lock Out, de James Mather et Stephen St. Leger
Célébré lors de sa sortie dans les limites de la candeur qu'il provoquait, Lock Out sort tout droit de l'écurie Besson, qui une fois de plus part chasser sur les terres des américains, à la poursuite d'un fantôme perdu : celui de la bande d'exploitation des années 80, véritable refuge des actionners de tous poils produits à l'époque. Un genre en soi dont l'essai est cette fois-ci très littéral et où sont conviés les fantômes de John Carpenter et de son anti-héros Snake Plissken, campé à l'époque (1981 !) par l'indémodable Kurt Russel. Ici, Guy Pearce remplace le mercenaire borgne mais le prétexte est le même : sous la contrainte, le barbouze est envoyé en territoire ennemi pour sauver la fille du Président. Même plus besoin de l'évoquer dans les détails tant la référence est évidente, New York 1997 de Big John ayant bercé les enfances de générations de cinéphiles, et instaurant en partie le règne de nouveaux personnages mythiques du même acabit dont l'inusable John McClane. Tout est ici repris sous le couvert de l'hommage routinier : muscles bandés, clope au bec, grosses pétoires et punchlines ironiques, jusqu'aux codes du buddy-movie où deux personnages fondamentalement différents se retrouvent à collaborer face aux évènements. Tout au plus manque-t-il à Guy Pearce le port du marcel dans cette parade vulgaire et gratuite, faisandée en grande partie par son envie d'en rester à la farce opportuniste, et plus intéressant dans ses thèmes et ses références que dans sa mise en chantier à proprement parler.
On pourrait décortiquer à l'envi les multiples sources qui étreignent le film, alors que celui-ci ne recherche que le plaisir ludique de revendiquer son héritage et d'en disposer sereinement. Bref, Lock Out est en perpétuelle jubilation de ses acquis, avec son psychopathe un temps inquiétant mais plutôt risible (Joseph Gilgun, doublure rescapée de la série Misfits), le rôle sans épaisseur échu au seul personnage féminin du film incarné par Maggie Grace (qu'on taxe bien vite d'action-woman depuis Taken 1 et 2), et l'envie du scénario de tutoyer les cieux en envoyant tout ce beau monde dans l'espace (Alien 3, Fortress et les autres ne sont pas loin). Malgré toute la bonne volonté du monde, les réalisateurs perdent clairement la main dès qu'il s'agit de développer leur histoire en dehors des séquences d'action, et le tout s'achève avec un ventre mou prévisible, alors que - miracle - la relation naissant entre Maggie Grace et Guy Pearce permettaient quelques scènes de comédie en tandem plutôt réussies, pour peu qu'on adhère à l'ambiance pouêt-pouêt du film...
Vous pouvez faire les malins mais Snake Plissken, lui, se rit de vous.
Drive Angry, de Patrick Lussier
C'est bon, c'est là ma limite (*geste de la main accompagnant*). Je vais le noter dans un coin, comme ça je m'en souviendrai pour la prochaine fois.
Drive Angry (ou Hell Driver en VF) est un film complètement gonzo où, chose étrange, toute l'équipe du film semble avoir pris la même substance au même moment pour proposer le spectacle le plus improbable possible. On ne compte plus les regards inquiets qu'on se lançait entre spectateurs pendant le visionnage du film... Qu'on ne ne s'étonne plus de retrouver Nicolas Cage (garant du bon goût) dans un rôle pareil, l'acteur a visiblement décidé d'accepter toutes les propositions de rôles qu'on lui offrirait. Et tout le reste du film est à l'unisson avec des rôles de rednecks consanguins, de policiers bouffis et d'extras bourrés sortant d'une secte, que dominent l'impérial William Fichtner (dans un rôle grotesque de démon toujours plus incroyable avec ses tours de passe-passe) et Amber Heard, à l'aise dans un rôle de garce badass (et c'est écrit gentiment). Il est d'ailleurs presque curieux de trouver un tel prototype de femme forte (toutes proportions gardées, c'est pas du ciné d'art et d'essai, on est d'accord) au croisement de pellicules aussi déviantes…
Le film dans son entier est un déferlement de mauvais goût ubuesque qui laisse hagard, à l'image d'une scène de fusillade dans une chambre de motel où Nic Cage, grand seigneur, sert le trois-pièces à madame en buvant une bouteille de Jack Daniel's au goulot, tout en démastiquant dans des ralentis dégueulasses une bande de gros bras. Qu'on le voit comme une série B décomplexé, pas de problèmes, mais le réalisateur est incapable de réaliser une séquence correcte (cadres, montage, bande-son, tout échoue) et semble s'être fourni chez la même boîte à effets spéciaux que Louis Leterrier sur Le Transporteur 2 : c'est du grindhouse sans le talent. Pour clôturer rapidement, le sens de la vulgarité particulièrement agressif du film est bien trop abrutissant pour pouvoir s'estimer réjouissant.
En d'autres termes, passer son chemin, c'est aussi recommandable.
Trois films, une seule conclusion :
Et moi, d'exiger un peu mieux pour un dimanche pluvieux,
comme le bonus ci-dessous :
Culte : Rosemary's Baby, de Roman Polanski (1968)
Premier film américain du monsieur, qui réalisait l'année d'avant Le Bal des Vampires, sublime fantaisie baroque toute européenne (Sharon Tate est pour toujours un fantasme, une pure illusion), Rosemary's Baby est un pavé dans la mare, une date dans le cinéma contemporain. Ici, Mia Farrow et un John Cassavettes insupportable de machisme déplacé jouent un couple déménageant à New-York, préparés, dans la logique des choses, à être de futurs parents comblés. C'était sans compter sur les histoires étranges et l'ambiance glauque régnant dans l'immeuble, les interventions des voisins séniles et des coupes de cheveux malheureuses. Bien qu'un poil longuet malgré des ellipses narratives intéressantes (le film suit 9 mois de la vie du couple), Rosemary's Baby est un modèle de suggestion paranoïaque, qui voit l'émergence de la forme de home invasion la plus radicale qui soit. Au final, un film d'horreur psychologique rondement mené, dévoré par son hors-champ insidieux, et plus particulièrement effrayant dans sa conclusion ravisée, après des décharges claustrophobes montant par paliers successifs. Le film semble amorcer dans la filmographie de Polanski un certain goût pour un fantastique ordinaire terriblement inquiétant, pointant le bout de ses cornes avec une régularité tenace, poursuivant des personnages esseulés jusqu'à les épuiser physiquement et psychologiquement (un acharnement illustratif à mettre en parallèle avec l'assassinat de sa femme, Sharon Tate, dans des circonstances liées au film, un an plus tard).
Un film qu'on recommande évidemment à toutes les femmes enceintes.
Premier film américain du monsieur, qui réalisait l'année d'avant Le Bal des Vampires, sublime fantaisie baroque toute européenne (Sharon Tate est pour toujours un fantasme, une pure illusion), Rosemary's Baby est un pavé dans la mare, une date dans le cinéma contemporain. Ici, Mia Farrow et un John Cassavettes insupportable de machisme déplacé jouent un couple déménageant à New-York, préparés, dans la logique des choses, à être de futurs parents comblés. C'était sans compter sur les histoires étranges et l'ambiance glauque régnant dans l'immeuble, les interventions des voisins séniles et des coupes de cheveux malheureuses. Bien qu'un poil longuet malgré des ellipses narratives intéressantes (le film suit 9 mois de la vie du couple), Rosemary's Baby est un modèle de suggestion paranoïaque, qui voit l'émergence de la forme de home invasion la plus radicale qui soit. Au final, un film d'horreur psychologique rondement mené, dévoré par son hors-champ insidieux, et plus particulièrement effrayant dans sa conclusion ravisée, après des décharges claustrophobes montant par paliers successifs. Le film semble amorcer dans la filmographie de Polanski un certain goût pour un fantastique ordinaire terriblement inquiétant, pointant le bout de ses cornes avec une régularité tenace, poursuivant des personnages esseulés jusqu'à les épuiser physiquement et psychologiquement (un acharnement illustratif à mettre en parallèle avec l'assassinat de sa femme, Sharon Tate, dans des circonstances liées au film, un an plus tard).
Un film qu'on recommande évidemment à toutes les femmes enceintes.
0 commentaires:
Enregistrer un commentaire