- Précédemment sur Geek me hard : Luther - Saison 1
Après
une première saison particulièrement originale, saluons le retour de
Luther sur les ondes de la BBC, pour une seconde saison malheureusement
amputée en partie : il ne nous sera offert que 4 épisodes pour sonder
l'âme tourmentée du "big man with a big walk", comme se plaît à
le décrire Neil Cross, créateur du personnage. Une série toujours
pilotée par son instigateur uniquement, tenant la barre pour mener son
personnage là où il le souhaite - ce qui est suffisamment rare pour être
souligné, en ces temps où les showrunners de tous poils menacent de se
faire débarquer de leurs propres bébés par des producteurs inquiets.
Comme produit en totale isolation, Luther continue de plonger à des profondeurs insoupçonnées pour une série aussi discrète, au flux tendu, entièrement construit sur ses personnages, riches et complexes. La silhouette massive, au pas pressé, Luther déambule dans les rues de Londres, les mains plongées dans les poches à la poursuite de criminels particulièrement retors. Fidèle à sa composition première d'auteur de romans policiers, Neil Cross nous assène des bribes d'informations entourant l'enquête, d'histoires passées, de personnages marqués par le sillon de Luther. En écho à l'apparente nécessité que s'est donné l'auteur d'appointer une jungle urbaine froide et si dense qu'elle en devient impénétrable, l'ampleur accordée aux récits va crescendo dans une "réjouissante" montée mi-polar, mi-vigilante, où John, définitivement trop humain, se perd inexorablement.
Cette saison est scindée en deux parties distinctes, pour deux enquêtes dans une métropole qui ne pardonne rien, avec en trame de fond les errements d'un flic dont les fantômes passés reviennent le hanter. Sans cesse sur la corde raide, Luther est jeté en pâture aux malfrats, courbant l'échine pour espérer pouvoir s'en sortir. A ce moment-là, la série semble filer sur les lieux-dits du flic corrompu, avant de rebondir sur des situations judicieusement menées. Une réussite qu'on doit autant à l'incroyable charisme de Idris Elba qu'au créateur de la série, Neil Cross donc, écrivain et un temps scénariste sur la série MI-5. Si la galerie de personnages qui entoure Luther en prend nécessairement un coup, les relations terriblement humaines du flic au tempérament soupe au lait sont l'occasion de dialogues malins et assénés avec conviction, dont le clou est sans doute un dernier face-à-face avec Alice Morgan, "partenaire" de Luther lors de la première saison.
Idris Elba prête ses traits à un personnage d'une extrême richesse, tourmenté et à la rigueur morale indéniable, mais qui, poussé dans ses derniers retranchements et révolté par la violence quotidienne galopante, prend parfois sur lui pour en endiguer l'abcès. Comme l'a souligné Neil Cross en interview, "John Luther est comme nous, mais il est aussi le meilleur d'entre nous, et il en paie le prix fort". Des faits déjà largement constatés dans la première saison, où en 6 épisodes, le scénariste liait le destin de son héros… lequel, vu la situation actuelle, risque d'en voir encore de vertes et des pas mûres malgré l'accalmie accordée en guise d'épilogue. Cette saison 2 subit ainsi le contrecoup de la précédente, et se pose comme une héritière quelque peu rudimentaire ; il manque une vraie présence du personnage, dont on adore les pauses réflexives, et tout semble aller trop vite sur 4 épisodes menés tambour battant.
Comme produit en totale isolation, Luther continue de plonger à des profondeurs insoupçonnées pour une série aussi discrète, au flux tendu, entièrement construit sur ses personnages, riches et complexes. La silhouette massive, au pas pressé, Luther déambule dans les rues de Londres, les mains plongées dans les poches à la poursuite de criminels particulièrement retors. Fidèle à sa composition première d'auteur de romans policiers, Neil Cross nous assène des bribes d'informations entourant l'enquête, d'histoires passées, de personnages marqués par le sillon de Luther. En écho à l'apparente nécessité que s'est donné l'auteur d'appointer une jungle urbaine froide et si dense qu'elle en devient impénétrable, l'ampleur accordée aux récits va crescendo dans une "réjouissante" montée mi-polar, mi-vigilante, où John, définitivement trop humain, se perd inexorablement.
Cette saison est scindée en deux parties distinctes, pour deux enquêtes dans une métropole qui ne pardonne rien, avec en trame de fond les errements d'un flic dont les fantômes passés reviennent le hanter. Sans cesse sur la corde raide, Luther est jeté en pâture aux malfrats, courbant l'échine pour espérer pouvoir s'en sortir. A ce moment-là, la série semble filer sur les lieux-dits du flic corrompu, avant de rebondir sur des situations judicieusement menées. Une réussite qu'on doit autant à l'incroyable charisme de Idris Elba qu'au créateur de la série, Neil Cross donc, écrivain et un temps scénariste sur la série MI-5. Si la galerie de personnages qui entoure Luther en prend nécessairement un coup, les relations terriblement humaines du flic au tempérament soupe au lait sont l'occasion de dialogues malins et assénés avec conviction, dont le clou est sans doute un dernier face-à-face avec Alice Morgan, "partenaire" de Luther lors de la première saison.
Idris Elba prête ses traits à un personnage d'une extrême richesse, tourmenté et à la rigueur morale indéniable, mais qui, poussé dans ses derniers retranchements et révolté par la violence quotidienne galopante, prend parfois sur lui pour en endiguer l'abcès. Comme l'a souligné Neil Cross en interview, "John Luther est comme nous, mais il est aussi le meilleur d'entre nous, et il en paie le prix fort". Des faits déjà largement constatés dans la première saison, où en 6 épisodes, le scénariste liait le destin de son héros… lequel, vu la situation actuelle, risque d'en voir encore de vertes et des pas mûres malgré l'accalmie accordée en guise d'épilogue. Cette saison 2 subit ainsi le contrecoup de la précédente, et se pose comme une héritière quelque peu rudimentaire ; il manque une vraie présence du personnage, dont on adore les pauses réflexives, et tout semble aller trop vite sur 4 épisodes menés tambour battant.
Pour
poursuivre avec le héros et enrichir le personnage de fêlures dont la
BBC ne voudrait pas, il restait une alternative à Neil Cross : écrire un prequel du personnage dans un premier roman appelé The Calling
(sorti en 2011), se voulant l'enquête de trop ayant précipité Luther
dans les tourments émotionnels qu'on lui connaît. On y retrouve les
familiers de la première saison, Ian Reed, Zoe, Mark, Martin Schenk,
Rose Teller ; le voyage ainsi inversé offre une optique de redécouverte
assez ludique, et la narration de Cross se parcoure avec efficacité dans
cette histoire de kidnappeurs d'enfants - une enquête particulièrement
éprouvante pour tous ceux impliqués, le lecteur y compris.
Le récit présente aussi un grand nombre de nouveaux personnages (dont une nouvelle coéquipière) et prend le temps de sonder son personnage, les manies qu'on lui connaît, ses expressions, ses hésitations, son goût pour David Bowie, quelques phrases fétiches, et on imagine sans problème toute l'intrigue transposée à l'échelle d'une saison. La narration à la troisième personne, par ailleurs omnisciente, permet à l'auteur de s'épancher sur les réflexions de chacun et de proposer un flux, un débit d'information différent et bien plus libre que ne le permet le cadre d'une série TV.
Le livre se clôturant sur la séquence pré-générique de l'épisode-pilote, la boucle est ainsi bouclée sur deux formats différents mais complémentaires. Un vrai travail de scénariste, rondement mené.
Deux autres livres liés à la série devraient suivre, et la BBC a accordé son feu vert pour une saison 3, dont le tournage vient de s'achever.
Luther - Saison 2 - 4 épisodesLe récit présente aussi un grand nombre de nouveaux personnages (dont une nouvelle coéquipière) et prend le temps de sonder son personnage, les manies qu'on lui connaît, ses expressions, ses hésitations, son goût pour David Bowie, quelques phrases fétiches, et on imagine sans problème toute l'intrigue transposée à l'échelle d'une saison. La narration à la troisième personne, par ailleurs omnisciente, permet à l'auteur de s'épancher sur les réflexions de chacun et de proposer un flux, un débit d'information différent et bien plus libre que ne le permet le cadre d'une série TV.
Le livre se clôturant sur la séquence pré-générique de l'épisode-pilote, la boucle est ainsi bouclée sur deux formats différents mais complémentaires. Un vrai travail de scénariste, rondement mené.
Deux autres livres liés à la série devraient suivre, et la BBC a accordé son feu vert pour une saison 3, dont le tournage vient de s'achever.
Cliché de tournage publié sur la page Fbk de la série: it's a wrap ! |
Luther - The Calling par Neil Cross - publié chez Simon & Schuster
Trailer saison 2 :
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