*Un avis garanti sans spoiler si vous avez vu la bande-annonce...
Retour au merveilleux de l'espace pour J.J. Abrams, qui, après la parenthèse nostalgique que composait Super 8, retrouve l'univers rebooté de Star Trek pour un nouveau trip intergalactique, qualifiant de fait le réalisateur au rang des meilleurs entertainers en ce moment en activité, loin devant les décérébrés qu'on affectionne pourtant, ou les "auteurs" en mal de reconnaissance (Chris Nolan, je parle de toi).
En France où le culte autour de Star Trek est bien moins présent qu'aux États-Unis où le show naquit en 1966, on ne s'embarrasse que peu ou pas du poids de la mythologie entourant ces personnages, d'autant que J.J. Abrams reprenait tout ces éléments à son compte dans le film de 2009. Du coup, quand l'ouverture du film ici présent bafoue d'entrée de jeu les règles édictées par le show, le réalisateur et sa bande signalent qu'ils vont tâcher de nous emmener ailleurs, vers une promesse plus exaltante de blockbuster, plusieurs coudées au-dessus de la concurrence.
Benedict Cumberbatch, Palme d'Or du vilain de l'année (so far) |
Infiniment plus sombre que le ludique premier épisode qui jouait de la cabriole temporelle pour simultanément opposer deux Spock (la nouvelle recrue Zachary Quinto et le dinosaure Leonard Nimoy), ce second volet joue la carte de l'hommage en piochant allègrement dans le folklore passé des films, plus particulièrement, de son second épisode original, La Colère de Khan. On retrouve l'équipage de l'Enterprise et toute la Fédération aux prises avec un terroriste particulièrement dangereux réclamant vengeance, calant presque son intrigue sur celle d'un Iron Man 3 aux thèmes similaires. Avec cet épisode, Into Darkness y trouve sa valeur ajoutée en la personne de Benedict Cumberbatch, acteur britannique au physique particulier, dernière incarnation en date de Sherlock Holmes pour la BBC. Il y incarne une certaine idée de l'ennemi terminal, nemesis plus intéressant et ambiguë que ne l'était Nero (Eric Bana) dans le premier Star Trek. Son personnage ouvre des perspectives entre hommages et pistes de lecture annexes (terrorisme, trahisons, remise en question des institutions) qui interrogent de nouveau l'univers dans lequel nous sommes plongés. L'acteur incarne un vilain absolument parfait, bien aidé par des punchlines et des situations l'instaurant comme menace absolue.
Pourtant, Into Darkness reste un film extrêmement fun, généreux et gorgé d'images sublimes, de l'ouverture sur une planète étrangère aux passages dans l'espace où se déroule une majorité de l'intrigue. C'est d'ailleurs l'un des critères les plus satisfaisantes du show Abrams, de s'être projeté dans une cartographie poussée des confins du cosmos, évoquant d'une part les Klingons, race belliqueuse sujet du premier film et de nouvelles données relatives à l'exploration, ou tout le background concernant le personnage de Benedict Cumberbatch. Le film laisse de côté tous les artifices d'une narration dilatée, file droit et s'en remet entièrement à ses acteurs pour faire exister les prises de positions, les hésitations et autres décisions capitales de son équipage.
Kirk et Uhura, deux humains chargés d'éduquer l'humanité de Spock |
Reprenant la mécanique fonctionnelle du couple James Kirk et Spock, le film s'amuse de la logique froide du personnage vulcain alors que Kirk, tête brûlée ne répondant qu'à ses instincts, s'échine à lui montrer les valeurs de leur amitié, quitte à tordre le cou au protocole. Le cheminement des deux personnages évolue vers une bromance à peine reniée où chacun en sortira évidemment grandit ; si le sujet n'a rien d'original, la dynamique du couple vedette est le centre de toutes les attentions (même Uhura n'a malheureusement qu'un rôle de contrepoint pour Spock). Mais en prenant les commandes d'un blockbuster aux personnages ultra-définis, le scénario tente de nous étonner plus qu'il ne nous étourdit déjà, et la faible suspension d'incrédulité typique de ce genre de spectacle au faux suspense ne joue malheureusement pas en sa faveur : c'est en perdant de vue ses coups d'éclats efficaces, tiraillé entre hommage et volonté de nouveauté, que J.J. Abrams, pourtant grand expérimentateur, en fait les frais.
Qu'importe au final, tant le film est déjà touchant et parfois émouvant grâce à son empreinte visuelle particulière et les efforts qu'il déploie dans son impressionnante machinerie : les acteurs sont au diapason (le revenant Peter 'Robocop' Weller est très en forme), certaines séquences d'action sont ahurissantes et les multiples notes d'intentions font vraiment plaisir (en clair, le film essaie de faire plus gros que son prédécesseur, et y arrive largement). Dans les multiples situations et splendides univers où s'ébroue tout ce beau monde, le scénario n'oublie jamais vraiment de nous montrer l'envers du décor, de sa bande de geeks de l'espace aux idéaux pour lesquels ils se battent, avec toujours ces plans géniaux mais simples de protagonistes courant dans les couloirs de l'Enterprise (une version speedée et ragaillardie du walk & talk chère à Aaron Sorkin, 'inventeur' du procédé - toutes proportions gardées évidemment). C'est simple, mais dans sa débauche de couleurs, son rythme et son enthousiasme, le film touche à l'absolu divertissement tout en restant foncièrement positif.
Qu'importe au final, tant le film est déjà touchant et parfois émouvant grâce à son empreinte visuelle particulière et les efforts qu'il déploie dans son impressionnante machinerie : les acteurs sont au diapason (le revenant Peter 'Robocop' Weller est très en forme), certaines séquences d'action sont ahurissantes et les multiples notes d'intentions font vraiment plaisir (en clair, le film essaie de faire plus gros que son prédécesseur, et y arrive largement). Dans les multiples situations et splendides univers où s'ébroue tout ce beau monde, le scénario n'oublie jamais vraiment de nous montrer l'envers du décor, de sa bande de geeks de l'espace aux idéaux pour lesquels ils se battent, avec toujours ces plans géniaux mais simples de protagonistes courant dans les couloirs de l'Enterprise (une version speedée et ragaillardie du walk & talk chère à Aaron Sorkin, 'inventeur' du procédé - toutes proportions gardées évidemment). C'est simple, mais dans sa débauche de couleurs, son rythme et son enthousiasme, le film touche à l'absolu divertissement tout en restant foncièrement positif.
Star Trek Into Darkness est une belle réussite malgré quelques laisser-allers encombrant : Alice Eve, au charmant accent anglais est vulgairement reléguée au rang de simple eye-candy malgré son rôle d' "experte en armement", et le reste de l'équipage n'existe que par fragments : voir le rôle purement fonctionnel de certains membres d'équipage et celui totalement bâclé de Karl Urban qui ne fait que serrer la mâchoire, comme dans Dredd. Reste qu'on avait pas pris un pied aussi dément devant un divertissement aussi carré depuis un moment, la générosité du réalisateur trouvant une parfaite illustration avec ce récit bien mis en scène, spectaculaire et marrant. Avec ce film, J.J. Abrams vient de redistribuer les cartes en imposant Star Trek comme une nouvelle franchise de qualité, avant de malheureusement nous quitter pour les horizons de nouveaux Star Wars : jugé suffisamment capable pour reprendre le lourd fardeau/flambeau laissé en plan par des films minables, le réalisateur travaille actuellement sur l'épisode VII, mais assure n'avoir pas pour autant quitté sa position d'exécutant sur Star Trek. Tant mieux, car on n'acceptera pas moins de sa part : si le navire doit couler, ce sera avec son capitaine à bord, pas moins.
Pour poursuivre en bonne compagnie :
- Un avis de fainéant sur Star Trek, le film (l'original de 1979 par Robert Wise)
- Quelques lignes sur le reboot de Star Trek par J.J. Abrams, présent dans le top 2009 (#8)
- Une preview "d'époque" de Super 8 de J.J. Abrams, revenant sur ses enjeux (sorti en 2011)
- La critique de Dredd, starring Karl Urban (inédit vidéo 2013)
Pour poursuivre en bonne compagnie :
- Un avis de fainéant sur Star Trek, le film (l'original de 1979 par Robert Wise)
- Quelques lignes sur le reboot de Star Trek par J.J. Abrams, présent dans le top 2009 (#8)
- Une preview "d'époque" de Super 8 de J.J. Abrams, revenant sur ses enjeux (sorti en 2011)
- La critique de Dredd, starring Karl Urban (inédit vidéo 2013)
Trailer :
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