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mardi 4 juin 2013

Sortie ciné : Fast & Furious 6, de Justin Lin
(ferme les yeux, ouvre la bouche)


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  Franchement, on est grand seigneur sur ce blog : depuis 2009, on rapporte des progrès de la licence Fast & Furious, en notant avec quels efforts la franchise se mue en authentique plaisir solitaire. Et tout comme il y en a qui persistent à s'infliger les Transformers de Michael Bay en justifiant ainsi l'appellation de "plaisir coupable" (j'en fais partie), certains continuent de réfuter l'évidence selon laquelle la franchise des Fast & Furious a réussi à se changer en spectacle certes complètement grotesque, mais infiniment plus réjouissant que le film de tuning auquel il se destinait.

Alors que l'épisode 5 lorgnait dans son évolution du côté du film de casse, justifiant la présence d'une équipe plus importante, le prétexte indigent de ce film n'arrive jamais à faire exister ses personnages au-delà de notes d'intentions bas du front (ces petits bouffons de Ludacris et Tyrese Gibson s'en donnent à cœur joie). Comme à chaque fois que les personnages prennent la parole, c'est pour se prendre bien trop au sérieux devant ce qu'est devenue la série, et les personnages commencent à le faire avec une espèce de recul post-moderniste très mal géré (et immérité). On perd très vite tout intérêt devant les relations artificielles entre membres de la "famille", avec cette sensation pas si saugrenue que le film de bagnoles est déjà loin dans le rétro…

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Ouais, susu ! C'est bon on a l'air cool, on fait quoi maintenant ?

  En chemin, cet épisode donne toujours dans le recyclage aberrant de son casting (je redemande : où est Devon Aoki ?), moins pour les besoins d'une intrigue-prétexte, que pour la recherche du clin d’œil complice un peu lourdingue. Les personnages féminins y sont toujours cruellement sous-exploitées, qu'il s'agisse de Elsa Pataky et de son museau de souris, ou de Jordana Brewster et de ses robes à fleurs (pourtant dernière garante d'un amour vrai et pur). De la même façon, on ne fait qu'entrevoir les possibilités du personnage de Clara Paget, dernière recrue en date dans un rôle de conductrice blonde qu'on ne peut que difficilement plus évoquer tant elle est transparente, et même Gal Gadot, dont le power-couple qu'elle forme avec Han est pourtant (et sans doute de façon non-intentionnelle) l'une des données les plus intéressantes du show, ne dispose toujours pas des mêmes égards que les autres... comme par exemple, la revenante Michelle Rodriguez, totalement à la rue, qu'on colle dans les bras de Vin Diesel en souvenir du bon temps.

Et alors que le projet avait ce qu'il fallait pour en envoyer encore plein les mirettes, sans aucune garantie de bon goût évidemment, voilà que revient cette constante hypocrite des exécutifs qui consiste à engager des acteurs d'un certain standard pour finalement les sous-exploiter : exemple précis avec l'embauche de Gina Carano, combattante de freefight, qui a fait montre de ses talents l'année dernière dans Haywire, ici injustement sous-exploitée dans des fights injustes, surdécoupées, et vaguement saphiques pour appeler au public masculin alors qu'il est clair qu'elle pourrait en remontrer à n'importe qui. C'est en cherchant peut-être consciencieusement à créer un spectacle de qualité aux codes très clairs que le film échoue à être satisfaisant, quel que soit le bout par lequel on le prend. Le casting semble très occupé à débiter des conneries et à se claquer le cul (hallucinante scène bling précédant une course, ponctuée d'un "Home sweet home" bovin de l'ami Vin), et rien ne fonctionne vraiment malgré les efforts déployés par les équipes techniques qui ont l'air de s'être décarcassées (voir les véhicules à la sauce Mad Max utilisés par Luke Evans et sa bande), pour un résultat malheureusement très fade.

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Gina Carano et The Rock, deux ex-combattants sur ring: n'en attendez rien

  Le problème principal du film, c'est l'absolue dyslexie de la réalisation et du montage, qui fait qu'on ne comprend absolument rien aux scènes de courses-poursuites, alors que c'est pourtant la seule chose qu'on demande à être soignée ! La séquence de l'autoroute paraît être la plus lisible, mais c'est uniquement parce qu'elle se déroule en plein jour, a contrario des autres séquences de courses, pour la plupart filmées dans une obscurité d'autant plus déplaisante qu'elle paraît forcée pour cacher la misère.

En attendant, les producteurs ont compris comment manœuvrer la saga, à coups d'effets d'annonces de plus en plus excitants ; après The Rock, et un caméo malheureusement sans suite de Eva Mendès dans Fast 5, c'est un autre grand castagneur qui est appelé à prendre la relève dans un Fast & Furious 7 déjà sur les rails. Dans la scène post-générique la plus cruelle à ce jour, on nous règle de façon expéditive le destin de l'un des membres de la bande, dans une boucle annoncée depuis l'épisode 4 - sans égards, sans pauses, sans pitié (à l'image de l'une des autres grandes pertes du film). Le film sacrifie toute sa conclusion pour un clin d’œil, et perd le mince rapport qu'il entretenait avec son public ; c'est qu'il est déjà temps d'avancer, de repousser le cadre de la connerie : Justin Lin abandonne le navire après 4 films (!) et sera remplacé par James Wan (Death Sentence, Insidious) pour un tournage déjà annoncé. Il aura fallu 6 films pour que la série se trouve une identité à exploiter, et encore, celle-ci est encore visiblement compliquée à définir pour ses propres instigateurs... 

Trailer
(on se "contentera" de la version Super Bowl pour éviter les spoilers) :



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