Une échelle sociale d'un genre différent |
Vu le pedigree du romancier écossais, ce n'est pas un hasard si l'on retrouve un personnage principal totalement borderline dans le Edinburgh des années 90, vivant son mal-être aux yeux de tous dans toute sa grandeur et décadence. Le réalisateur, passionné par une certaine culture football et hooligan typiquement britannique (il n'a à son actif qu'un film avant Filth mais en a produit de nombreux autres tournant autour de cette culture footeuse), s'occupe du travail d'adaptation, à grands renforts d'effets de montage. Et si tout va un peu trop vite et sans finesse dans un premier temps, c'est pour aussi tenter de raccrocher les wagons quant aux excès du personnage et leurs incidences sur son environnement immédiat. C'est vulgaire, complètement gratuit et on rigole grassement en attendant la traditionnelle paire bad trip/gueule de bois qui accentue davantage les névroses dans lesquelles s'enfonce le personnage, alors qu'on se demande légitimement quelle place le personnage de Imogen Poots peut avoir dans cette foire au mauvais goût.
D'ailleurs, le nez de Imogen Poots est sans conteste l'une des merveilles actuelles du cinéma |
Le casting s'en donne à cœur joie, James McAvoy trouve dans doute dans le personnage l'un des personnages les plus compliqués de sa carrière, tout en excès certes mais avec aussi cette retenue inconsciente qui le rend parfois tragique. L'acteur en fait des caisses depuis quelques films (l'horreur Trance en mars dernier nous avait profondément emmerdé) mais le cadre de Filth lui permet de s'exprimer dans un environnement contrôlé prédisposé à l'exercice. Dans le rôle de son collègue et compagnon d'armes, Jamie Bell semble enfin accéder à l'âge adulte et on apprécie de le voir s'essayer à ce changement de registre, tellement plus discutable que ses rôles passés de gentils gaillards habituels.
La rupture de ton est brutale et le film ne cherche pas du tout à vouloir se prendre trop au sérieux ; il y a dans son ton un je-m'en-foutisme particulièrement poussé qui ne prend pas parti et laisse le spectateur décider de son orientation ; on tombe des nues plus d'une fois devant les sautes d'humeurs, changements d'orientations et rupture de tons tout en se demandant si le film est vraiment bon ou si l'énergie entêtante dont il dispose pour recréer un "Trainspotting 2013" est judicieux. Le film est donc totalement gratuit dans ses intentions et son visuel très graphique, mais il s'en sort grâce à son étonnante énergie, son rythme tapageur et un James McAvoy totalement allumé, hilarant et tragique, trimballant sa carcasse rageuse clopin-clopant, borderline et irrécupérable. De notre côté, on recommande vivement le film qui a sa part de saynètes ahurissantes, montées crescendo jusqu'à ce que l'inconscience générale du truc trébuche et rencontre enfin le pavé - froid et dur.
Jamie Bell (de la Billy Elliot fame), en grosse forme |
À noter : tout le monde s'ébroue dans Filth au rythme d'un accent écossais (feint ou pas) particulièrement coriace et difficile à suivre sans sous-titrages.
À l'heure actuelle, le film n'a pas encore de date de sortie prévue en France et on se demande bien sous quelle forme celui-ci pourrait être marketé vu son contenu de petit voyou.
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En tant qu'amateurs de bon goût, on relève la présence de Imogen Poots à chaque fois qu'elle apparaît sur les écrans, dernièrement pour le remake de Vampire, vous avez dit vampire (Fright Night) et 28 semaines plus tard, en attendant de subir (volontairement) l'adaptation ciné de Need for Speed...
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