L'ivresse de l'attente, la folie des espoirs, l'ire des fans : c'est ce à
quoi s'est exposé Ridley Scott dès 2009 en annonçant vouloir étendre
l'univers autour de Alien, dont il fut l'instigateur en 1979.
Annoncé d'abord comme un prequel, puis finalement comme un film qui se
tiendrait seul (à moins que...), Prometheus revient à l'origine, s'accorde des clins d’œil complices et offre des pistes qui ne plairont pas à tous.
Au sein de cette exploration spatiale programmée, on trouve les recherches d'une équipe de scientifiques envoyés sur une planète lointaine, pour répondre à un appel qui remontrait à la nuit des temps. La trame de l'histoire mêle sans vergogne science et mysticisme pour s'approcher d'une explication fantasmée de l'origine du monde, en l'état, une proposition de science-fiction étonnamment complète et poétique. L'ambitieuse volonté des artisans de Prometheus va très loin, jusqu'à une jolie révélation qui bouscule le sens commun de l'équipe, avec à sa tête Elizabeth Shaw (Noomi Rapace) et son collègue, chapeautés des représentants de la Weyland Corporation (l'impériale Charlize Theron et Michael Fassbender). Pendant une partie du film, ces scientifiques espèrent rencontrer leur créateur, très littéralement.
Au sein de cette exploration spatiale programmée, on trouve les recherches d'une équipe de scientifiques envoyés sur une planète lointaine, pour répondre à un appel qui remontrait à la nuit des temps. La trame de l'histoire mêle sans vergogne science et mysticisme pour s'approcher d'une explication fantasmée de l'origine du monde, en l'état, une proposition de science-fiction étonnamment complète et poétique. L'ambitieuse volonté des artisans de Prometheus va très loin, jusqu'à une jolie révélation qui bouscule le sens commun de l'équipe, avec à sa tête Elizabeth Shaw (Noomi Rapace) et son collègue, chapeautés des représentants de la Weyland Corporation (l'impériale Charlize Theron et Michael Fassbender). Pendant une partie du film, ces scientifiques espèrent rencontrer leur créateur, très littéralement.
Dans chaque plan, un fétichisme de la redécouverte, upgradée: vaisseaux,
combinaisons spatiales, architectures, décors environnants, tout confine au grandiose dans des
plans paisibles et recouvrant l'horizon. Le tout pour une fois mis en
valeur par le recours à la 3D, gadget qui s'accorde parfaitement à
l'arsenal high-tech disséminé dans les casques et cockpits : écrans en tous genres,
caméras embarquées, mapping en relief, et d'autres splendides
trouvailles, plongées dans un clair-obscur de rigueur permanent.
Pourtant, il y a dans cette débauche d'effets un détachement froid, qui
n'arrive pas autant à susciter l'émotion que les premiers plans à bord
du Nostromo en 79 ; le film est en soi condamné à assumer une lourde
pérennité, dont il profite autant qu'il subit, grâce aux efforts du
réalisateur pour préparer
l'évènement : une campagne virale excitante, de la profession de foi de Peter Weyland au labo où l'on nous introduit à l'androïde David 8, à qui
l'inévitable Michael Fassbender prête ses traits trop parfait.
En retrouvant un terrain d'expérimentation illimité, Ridley Scott peut avoir la satisfaction d'avoir réalisé d'incroyables scènes d'actions où les dimensions sont décuplées, mais tiennent toutes du même tenant: une qualité de SF prodigieuse. En l'état, le scénario est terriblement ambitieux et sait poser ses pions : si la majorité des personnages ne sont caractérisés que par leur fonction première (géologues, pilotes, commandants), ils remplissent leur office avec efficacité, le film prenant toujours le temps de nous accrocher suffisamment avant de progresser vers les prochaines étapes. Le plaisir de la redécouverte est total dans cet environnement si étrange et familier à la fois.
L'ombre de Blade Runner ne plane jamais loin, de par les questions métaphysiques soulevées par le personnage de David 8, un robot de la Weyland qui accompagne les scientifiques et s'éveille peu à peu à la conscience tout en restant ambiguë. La relation qu'il entretient avec la jeune scientifique fait partie de ces beaux instants préparés par Ridley Scott, à la filmographie inégale mais qui raccroche ici les wagons avec son cinéma antérieur.
Noomi Rapace justement, est attachante et pleine d'une juste foi, qu'elle complète de son expérience scientifique. Si le couple qu'elle incarne à l'écran avec Logan Marshall-Green n'est pas inoubliable, c'est bien ce petit bout de femme, fait de chair et de sang (et d'un accent anglais incroyable), qui marque durablement la pupille. Jusqu'au clou du spectacle qui la transforme en lointaine cousine de Ellen Ripley, dans une scène intense et d'une rare violence, en écho aux cages thoraciques éclatées dans la saga originelle à laquelle on ne cesse de se référer.
Pour autant, l'expédition miraculeuse patine légèrement, car on ne peut s'empêcher de tâcher de lier toutes les nouvelles intrigues, découvertes et créatures de cauchemar qui apparaissent à l'écran. Le spectateur qui pensait avoir une longueur d'avance peut arrêter de cogiter pour se laisser porter par les nouveaux architectes de ce renouveau. Dans le prolongement parfait des designs imaginés par H.R. Giger, les décors et courbes à l'image dessinent une continuité de cinéma riche et splendide. Une débauche qui malgré tout finit par prendre le pas sur la compréhension de la saga qu'on essaie d'avoir, ouvrant la porte à toutes les possibilités concoctées par le scénariste Damon Lindelof, en passe d'être célébré comme grand mystificateur après sa supervision de la série Lost. On ressort de la séance grouillant de questions, avec parfois la sensation d'avoir été mené en bateau, d'autant que la fin du film appelle à une suite logique.
En l'état, Prometheus reste ce qu'il se fait de mieux en matière de SF à l'heure actuelle, d'autant que le film parvient à éviter bien des écueils. Restant loin de l'actionner bas de gamme pour proposer une réflexion certes pas terminale mais intéressante, le film se tire de l'abîme boueux avec dextérité pour en mettre plein les mirettes et étendre une mythologie fascinante. Tout au plus pourrait-t-on regretter que certains personnages ne soient pas plus nécessaires à l'avancement de l'intrigue, et qu'ils soient si drastiquement limités en marge de manœuvre. Le bât blesse davantage quand le réalisateur et ses scénaristes tentent désespérément de raccorder les ponts avec la saga, sans s'accorder le tempo nécessaire pour faire passer la pilule. Attendons la suite, qui va se faire attendre malgré tout.
Pour se conserver un maximum de surprises, il conviendra de ne regarder que le court teaser dévoilé en décembre dernier:
En retrouvant un terrain d'expérimentation illimité, Ridley Scott peut avoir la satisfaction d'avoir réalisé d'incroyables scènes d'actions où les dimensions sont décuplées, mais tiennent toutes du même tenant: une qualité de SF prodigieuse. En l'état, le scénario est terriblement ambitieux et sait poser ses pions : si la majorité des personnages ne sont caractérisés que par leur fonction première (géologues, pilotes, commandants), ils remplissent leur office avec efficacité, le film prenant toujours le temps de nous accrocher suffisamment avant de progresser vers les prochaines étapes. Le plaisir de la redécouverte est total dans cet environnement si étrange et familier à la fois.
L'ombre de Blade Runner ne plane jamais loin, de par les questions métaphysiques soulevées par le personnage de David 8, un robot de la Weyland qui accompagne les scientifiques et s'éveille peu à peu à la conscience tout en restant ambiguë. La relation qu'il entretient avec la jeune scientifique fait partie de ces beaux instants préparés par Ridley Scott, à la filmographie inégale mais qui raccroche ici les wagons avec son cinéma antérieur.
Noomi Rapace justement, est attachante et pleine d'une juste foi, qu'elle complète de son expérience scientifique. Si le couple qu'elle incarne à l'écran avec Logan Marshall-Green n'est pas inoubliable, c'est bien ce petit bout de femme, fait de chair et de sang (et d'un accent anglais incroyable), qui marque durablement la pupille. Jusqu'au clou du spectacle qui la transforme en lointaine cousine de Ellen Ripley, dans une scène intense et d'une rare violence, en écho aux cages thoraciques éclatées dans la saga originelle à laquelle on ne cesse de se référer.
Pour autant, l'expédition miraculeuse patine légèrement, car on ne peut s'empêcher de tâcher de lier toutes les nouvelles intrigues, découvertes et créatures de cauchemar qui apparaissent à l'écran. Le spectateur qui pensait avoir une longueur d'avance peut arrêter de cogiter pour se laisser porter par les nouveaux architectes de ce renouveau. Dans le prolongement parfait des designs imaginés par H.R. Giger, les décors et courbes à l'image dessinent une continuité de cinéma riche et splendide. Une débauche qui malgré tout finit par prendre le pas sur la compréhension de la saga qu'on essaie d'avoir, ouvrant la porte à toutes les possibilités concoctées par le scénariste Damon Lindelof, en passe d'être célébré comme grand mystificateur après sa supervision de la série Lost. On ressort de la séance grouillant de questions, avec parfois la sensation d'avoir été mené en bateau, d'autant que la fin du film appelle à une suite logique.
En l'état, Prometheus reste ce qu'il se fait de mieux en matière de SF à l'heure actuelle, d'autant que le film parvient à éviter bien des écueils. Restant loin de l'actionner bas de gamme pour proposer une réflexion certes pas terminale mais intéressante, le film se tire de l'abîme boueux avec dextérité pour en mettre plein les mirettes et étendre une mythologie fascinante. Tout au plus pourrait-t-on regretter que certains personnages ne soient pas plus nécessaires à l'avancement de l'intrigue, et qu'ils soient si drastiquement limités en marge de manœuvre. Le bât blesse davantage quand le réalisateur et ses scénaristes tentent désespérément de raccorder les ponts avec la saga, sans s'accorder le tempo nécessaire pour faire passer la pilule. Attendons la suite, qui va se faire attendre malgré tout.
Pour se conserver un maximum de surprises, il conviendra de ne regarder que le court teaser dévoilé en décembre dernier:
Une possible version longue pourrait être proposée lors de la sortie Blu-ray et DVD. Cependant, comme souvent, Ridley Scott assure que la version salle est son director's cut, il est donc plus probable qu'il nous propose une compilation de scènes coupées sans nouveau montage.
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