"Romantic love will be the last delusion of the old order".
Après l'embardée improbable qu'était Hanna, conte de fée transposé à l'échelle d'une Europe contemporaine, retour pour Joe Wright à l'adaptation d’œuvres littéraires classiques, et cette fois-ci, d'un sommet réputé intouchable, dont l'héroïne partage un patronyme presque similaire : Anna, ici Karénine, née sous la plume de Léon Tolstoï.
Peut-être formellement sommé de se renouveler après deux romances historiques, Joe Wright s'empare d'un nouveau classique de la littérature, mais choisit de le situer dans un théâtre, siège classique des tragédies. Un film dans un théâtre, comme un nouvelle synthèse des médias pour un public devenu plus difficile à capter et surprendre. Ses planches usées et ses coulisses vétustes seront le lieu des tourments de chaque protagoniste où les scènes et les séquences se succèdent grâce aux glissements de panneaux ou à des portes dérobées, créant de nouvelles pièces, en trompe l’œil. Le plan-séquence, cher au réalisateur, est ici devenu un exercice de style nécessaire pour assurer les transitions adroites où autant de lieux communs sont réaménagés en vue d'une reconstitution éclatante de la Russie.
En choisissant ainsi le cadre d'un théâtre, le réalisateur illustre un cauchemar mental (le dilemme amoureux) qui frise la claustrophobie entre les personnages prisonniers de leurs sphères respectives, avant d'arriver aux scènes incluant Lévine, seul personnage aux problématiques terre-à-terre, porteur d'un amour tendre et pur, forcé à un cheminement solitaire jusqu'à une maturité de l'esprit lui permettant d'accéder à ce qu'il souhaite. Il est en ce sens un contrepoint au personnage de l'aînée Jane Bennet (Rosamund Pike) dans Orgueil et Préjugés, trop idéaliste et vertueux pour pouvoir naviguer adroitement entre les messes basses et les intrigues de cour. Ses réflexions le portent en dehors du théâtre où se joue le drame, ouvrant alors les perspectives et les champs (cinématographiques) où l'extérieur, la campagne russe, est perçu comme un répit, une douce quiétude loin des affaires des grandes villes aux modèles aristocratiques décadents.
Peut-être formellement sommé de se renouveler après deux romances historiques, Joe Wright s'empare d'un nouveau classique de la littérature, mais choisit de le situer dans un théâtre, siège classique des tragédies. Un film dans un théâtre, comme un nouvelle synthèse des médias pour un public devenu plus difficile à capter et surprendre. Ses planches usées et ses coulisses vétustes seront le lieu des tourments de chaque protagoniste où les scènes et les séquences se succèdent grâce aux glissements de panneaux ou à des portes dérobées, créant de nouvelles pièces, en trompe l’œil. Le plan-séquence, cher au réalisateur, est ici devenu un exercice de style nécessaire pour assurer les transitions adroites où autant de lieux communs sont réaménagés en vue d'une reconstitution éclatante de la Russie.
En choisissant ainsi le cadre d'un théâtre, le réalisateur illustre un cauchemar mental (le dilemme amoureux) qui frise la claustrophobie entre les personnages prisonniers de leurs sphères respectives, avant d'arriver aux scènes incluant Lévine, seul personnage aux problématiques terre-à-terre, porteur d'un amour tendre et pur, forcé à un cheminement solitaire jusqu'à une maturité de l'esprit lui permettant d'accéder à ce qu'il souhaite. Il est en ce sens un contrepoint au personnage de l'aînée Jane Bennet (Rosamund Pike) dans Orgueil et Préjugés, trop idéaliste et vertueux pour pouvoir naviguer adroitement entre les messes basses et les intrigues de cour. Ses réflexions le portent en dehors du théâtre où se joue le drame, ouvrant alors les perspectives et les champs (cinématographiques) où l'extérieur, la campagne russe, est perçu comme un répit, une douce quiétude loin des affaires des grandes villes aux modèles aristocratiques décadents.
Le bât blesse lorsque l'on se concentre alors sur Anna et ses tourments secrets ; pourtant coutumier des grandes interrogations traversant le cœur et les esprits des femmes, Joe Wright paraît alors trop occupé par l'entreprise pachydermique qu'il aborde, et n'arrive pas totalement à faire ressentir toute l'émotion nécessaire étreignant ses personnages, qu'il devait imaginer pouvoir contenir et canaliser à bon escient. Et si on adore qu'un réal fasse appel à sa muse pour un énième projet, là, Keira Knightley n'a malheureusement pas la stature pour incarner une mère de famille tombant amoureuse d'un petit avorton d'officier (Aaron Taylor-Johnson, à mi-chemin entre le beau gosse grotesque et la caricature historique ratée). Jude Law, tout en retrait, incarne le mari de Anna, personnage intransigeant, dont la conduite est dictée par les impératifs de l'empire, sa position et ses responsabilités. La sobriété de l'acteur sauve le rôle, assez statique.
Dans les seconds rôles qui fourmillent autour du trio amoureux, Kelly Macdonald, Emily Watson et Olivia Williams tirent à elle la couverture à chaque apparition. C'est comme d'habitude chez Wright une constante d'avoir un casting féminin parfaitement apprêté, dont Ruth Wilson (de la série Luther), dans un rôle d'entremetteuse, domine tous les enjeux. Il faut un moment pour la discerner sous la blondeur étrange de son personnage, sa bouche à la moue si caractéristique permettant de la dévoiler sous les apparats, si sa voix ne permettait pas déjà de la distinguer des autres.
Du haut de ses 2h10 d'adaptation tendue, Joe Wright parvient tout de même à créer de beaux moment lancinants, dont une scène de bal d'une beauté absolue en écho direct à celle d'Orgueil et Préjugés, où les deux parties se jaugent et les masques tombent. Mais, essoufflé par son travail d'adaptation, ce dernier cru se perd partiellement en route, oubliant de nous faire aimer et trembler pour ses personnages qui pourtant le méritent amplement. L'exercice est pourtant magnifique formellement, et on souhaite au réalisateur de pouvoir renouveler de si fragiles moments d'équilibristes, once more, with feelings.
Dans les seconds rôles qui fourmillent autour du trio amoureux, Kelly Macdonald, Emily Watson et Olivia Williams tirent à elle la couverture à chaque apparition. C'est comme d'habitude chez Wright une constante d'avoir un casting féminin parfaitement apprêté, dont Ruth Wilson (de la série Luther), dans un rôle d'entremetteuse, domine tous les enjeux. Il faut un moment pour la discerner sous la blondeur étrange de son personnage, sa bouche à la moue si caractéristique permettant de la dévoiler sous les apparats, si sa voix ne permettait pas déjà de la distinguer des autres.
Du haut de ses 2h10 d'adaptation tendue, Joe Wright parvient tout de même à créer de beaux moment lancinants, dont une scène de bal d'une beauté absolue en écho direct à celle d'Orgueil et Préjugés, où les deux parties se jaugent et les masques tombent. Mais, essoufflé par son travail d'adaptation, ce dernier cru se perd partiellement en route, oubliant de nous faire aimer et trembler pour ses personnages qui pourtant le méritent amplement. L'exercice est pourtant magnifique formellement, et on souhaite au réalisateur de pouvoir renouveler de si fragiles moments d'équilibristes, once more, with feelings.
Pour poursuivre la soirée en compagnie de Joe Wright :
- La critique de Hanna (2011)
- Un avis sur Orgueil et Préjugés (2005)
- La critique de Hanna (2011)
- Un avis sur Orgueil et Préjugés (2005)
Trailer :
NB: Un ciné pas si tardif ; si le film est sorti en décembre 2012 en France, il n'a été disponible en Nouvelle-Zélande qu'en cette fin janvier.
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