"When a fire starts to burn, right, and it starts to spread..."
- Précédemment sur Geek me hard : Hunger Games - premier film
C'est avec un air bien circonspect qu'on s'était fait prendre par surprise, l'année dernière, par le film Hunger Games, sorti sur nos écrans en même temps que les romans traduits en français déboulaient dans les rayonnages ; il y a eu alors cette rare conjoncture dans le marketing savant qui avait su nous conquérir en amont, tout en pillant sur les terres délaissées par les Twilight et autres films du genre. J'avais passé en revue dans les grandes largeurs les rapports étroits entre le film et le livre, que j'avais ingéré à peu près au même moment de la sortie française. Et il fallait bien reconnaître quelque chose à l'entreprise : une addiction intéressante à subir alors qu'on est parfaitement conscient de son contenu plus que limité créée à destination d'un public adolescent.
Un an et demi plus tard seulement (!), le deuxième film (sur 4 prévus) nous parvient, hors d'haleine, sur grand écran alors que je n'ai pas poursuivi en parallèle ma progression des aventures de Katniss Everdeen… ce qui nous permettra, cette fois-ci, de nous pencher sur Hunger Games 2 en tant que simple objet ciné.
Et là, patatras.
Si on convenait volontiers avec le premier film que tout était à créer, à expliquer pour développer un nouvel imaginaire parsemés d'emprunts, difficile de se satisfaire de ce second film qui se repose autant sur ses lauriers. Pour faire simple, l'enveloppe budgétaire est plus consistante donc les producteurs ont tout poussé : encore plus de mauvais goût, de décors anonymes, de roucoulades embarrassantes, et non vraiment rien n'y fait, ça ne marche plus.
Après des débuts timides parfaitement explicables par des studios frileux à l'idée d'investir dans une nouvelle licence, le succès considérable du premier film aurait pu les décider à penser - au hasard - à investir dans un vrai production design entre autres choses, quitte à proposer de drastiques changements allant dans le bon sens (exemple parmi tant d'autres : un réalisateur avec une personnalité). Las, la vilenie absolue à laquelle on est exposé en permanence n'aide en rien à s'intéresser au destin des bêtes de foire exposées sur l'écran, dont toute la partie téléréalité reste toujours en théorie intéressante sur les dérives de notre culture actuelle des médias. Le côté cul-cul la praline ne quitte jamais le film alors que Gary Ross, le précédent réalisateur, parvenait plus volontiers à jouer de ses différents niveaux, n'oubliant pas sa cible tout en tentant de faire passer son message sous couvert de société sous oppression.
J. Law fait moins la maligne qu'aux Oscars... |
On en vient à honnêtement se demander quelles sont les différences si drastiques qui rendent les deux films si différents. Francis Lawrence, réalisateur de blockbusters (Constantine, Je suis une légende) et artisan plus honorable qu'un Brett Ratner, n'apporte rien par rapport à Gary Ross, qui lui avait travaillé en amont sur un concept et un personnage (Katniss) qu'il aimait foncièrement - ça se voyait à l'écran. À l'inverse, Hunger Games 2 est particulièrement faible en permanence, malgré ses deux parties bien distinctes aux fondations déjà précédemment expliquées.
Et hormis deux-trois éclairs d'acting de la part de Jennifer Lawrence, et 3 minutes chrono d'apparition à l'écran de Jena Malone qui se révèle être la meilleure actrice du lot (pas dur : elle a aussi le meilleur personnage avec une première scène joliment facétieuse), pas grand-chose à sauver tellement le film irrite : réalisation anonyme, personnages secondaires ridicules, belles gueules propres infâmes (comprenne qui voudra) et surtout, un sentiment d'urgence et une menace particulièrement mal gérés dans toute la montée dramatique du film (on a l'impression que les dialogues font office de récapitulatif de situations qu'on ne ressent pas) - bref tout le film est un schéma qui se fantasme comme une version réussie de l'image qu'il essaie de refléter.
Encore un moment awkward comme le film en propose par milliers |
La première partie retrouve Katniss et Peeta de retour dans le District 12, leur nouveau statut et les responsabilités en incombant - à un moment, on se demande ce qui justifie cette suite et ce qu'il pourrait s'y passer. Bien vite, cela devient évident tellement le scénario ne se cache pas de chasser sur les mêmes terres que le premier, avec en prime ce visuel toujours un peu cheap de science-fiction vintage - réalisé dans les années 70, Hunger Games aurait été perçu comme un chouette film d'anticipation particulièrement kitsch de nos jours. Étrangement, ce qui faisait le charme du premier film ne fonctionne plus devant la machinerie déployée pour nous convaincre que le film est un "bon" produit.
En soi, la seconde partie permet un regain d'intérêt en nous replongeant dans une arène mystérieuse aux relents de Lost qui ne manquera pas de réveiller les amateurs de la série de J.J. Abrams, depuis longtemps avachis dans leurs fauteuils ; le film se débat dans son bestiaire de beaux gosses, de faune étrange et d'effets spéciaux flous. Si l'énergie est bien là, tous ces efforts sont réduits à vau-l'eau dans la conclusion du film, un vulgaire cliffhanger bien mal amené censé nous faire patienter jusqu'aux deux prochains films ! (le troisième roman sera scindé en deux films, on rappelle). La honte, surtout au terme de 2h26 de film.
En soi, la seconde partie permet un regain d'intérêt en nous replongeant dans une arène mystérieuse aux relents de Lost qui ne manquera pas de réveiller les amateurs de la série de J.J. Abrams, depuis longtemps avachis dans leurs fauteuils ; le film se débat dans son bestiaire de beaux gosses, de faune étrange et d'effets spéciaux flous. Si l'énergie est bien là, tous ces efforts sont réduits à vau-l'eau dans la conclusion du film, un vulgaire cliffhanger bien mal amené censé nous faire patienter jusqu'aux deux prochains films ! (le troisième roman sera scindé en deux films, on rappelle). La honte, surtout au terme de 2h26 de film.
Fausse affiche promo du personnage de Jena Malone : killer. |
Quand on sait comme Jennifer Lawrence peut impressionner du haut de ses 23 ans dans des rôles infiniment mieux construits, on en vient à se demander ce qu'elle fout là ; heureusement, cette année ciné l'a plutôt gâtée avec Silver Linings Playbook en janvier dernier et American Hustle qui se profile à l'horizon, tous deux signés du réalisateur David O. Russell. On ne croit toujours pas à l'histoire entre Katniss et Peeta (le tellement fade Josh Hutcherson), à plus forte raison vu la tournure que leur fait prendre leur hyper-médiatisation et le retour aux Jeux. C'est là qu'on réalise comme la littérature ado peut s'avérer à ce point inconsistante, quand il ne reste au spectateur que ses expériences d'émotions passées pour combler les trous béants de la progression émotionnelle des personnages.
Katniss a perdu beaucoup de cœur dans cet essai incomplet, mais la sympathie qu'on peut avoir pour le personnage fait pour beaucoup dans le succès de la franchise. De plus, l'apparition de Jena Malone (Johanna) dans un rôle qui semble compter pour beaucoup dans le futur destin de Panem attise la curiosité : si le film en soi est un échec, la licence a encore de beaux jours devant elle si l'on en croit les chiffres du box-office ; 158 millions de dollars de recettes en trois jours, c'est l'assurance de faire mieux que le premier opus en bout de course. Hollywood s'en fout, l'industrie gagne à tous les coups. Comme le Président Snow ?
Hunger Games 3 - Mockingjay est en tournage et devrait sortir dans un an... Attention à ne pas se prendre les pieds dans le tapis, mais on parie que la franchise est déjà partie pour.
Un peu plus d'amour pour compenser, car cet article en manquait singulièrement :
- Josh Hutcherson : enfin un bon film, c'était Détention en 2012.
- Jennifer Lawrence : quelques lignes sur Like Crazy, sorti en 2012
- Jennifer Lawrence : un court texte sur Winter's Bone, présent dans le top 2011.
1 commentaires:
Je n'ai pas encore vu le film mais par contre je viens de lire le second tome de la série de Suzanne Collins. Je pense que tu es sans doute un peu dur sur un point : tu soulignes le manque de crédibilité de la relation amoureuse entre Katniss et Peeta... C'est normal ! L'héroïne ne cerne elle-même pas bien ses sentiments, qui sont de toute manière surjoués pour lui éviter d'être perçue comme une icône de cette rébellion qui commence à naître en sourdine depuis sa victoire inhabituelle aux Jeux qui peut apparaître comme un coup porté au pouvoir tout puissant du Capitole.
Dans le livre, le récit balance ainsi constamment entre le ressenti réel des personnages et la façade qu'ils présentent aux médias. C'est peut-être de là que vient ce sentiment de "faux" que tu as remarqué dans le film.
Enregistrer un commentaire