De l'usine à rêves de Mark Millar nous parvient Kingsman : Services Secrets, ou l'histoire d'un garçon qui devient agent secret. Du même Millar, on se souvient de Kick-Ass dans lequel un gamin rêveur se réinventait en super-héros. Dans les deux cas, le scénariste écossais sait très exactement de quoi il parle quand il en vient à imaginer les fantasmes tonitruants d'adolescents rêvant d'une alternative à la normalité, comme en témoigne ses scénarios souvent frondeurs et pas toujours très subtils.
On en parlait déjà dans la chronique dédiée au comic-book dont s'inspire le film, Kingsman : Services Secrets part d'un postulat de base connu : celui de réunir deux générations et deux classes sociales diamétralement opposées, l'un des personnages servant de mentor à sa nouvelle recrue. Ici, l'agent secret et gentleman Harry Hart (Colin Firth) prend sous tutelle un jeune délinquant de banlieue, servant ainsi de guide à l'apprenti espion.
Mark Millar, scénariste de la série (et de dizaines d'autres titres), très conscient que développer des concepts simples mais forts est une garantie de succès, refile les rênes de l'adaptation à son collègue Matthew Vaughn, qui a prouvé avec Kick-Ass qu'il savait de quoi il était capable. Et la preuve que le travail d'adaptation peut être bénéfique, c'est qu'alors que le comics filait droit au but et pondait ses concepts et leur exécution en un minimum de pages, le film se permet quelques circonvolutions et une réelle réadaptation de la part du réalisateur pour offrir un résultat en tous points complet et satisfaisant - même si le fil rouge qui guide tout le film est assez évident pour ne pas dire classique...
On en parlait déjà dans la chronique dédiée au comic-book dont s'inspire le film, Kingsman : Services Secrets part d'un postulat de base connu : celui de réunir deux générations et deux classes sociales diamétralement opposées, l'un des personnages servant de mentor à sa nouvelle recrue. Ici, l'agent secret et gentleman Harry Hart (Colin Firth) prend sous tutelle un jeune délinquant de banlieue, servant ainsi de guide à l'apprenti espion.
Mark Millar, scénariste de la série (et de dizaines d'autres titres), très conscient que développer des concepts simples mais forts est une garantie de succès, refile les rênes de l'adaptation à son collègue Matthew Vaughn, qui a prouvé avec Kick-Ass qu'il savait de quoi il était capable. Et la preuve que le travail d'adaptation peut être bénéfique, c'est qu'alors que le comics filait droit au but et pondait ses concepts et leur exécution en un minimum de pages, le film se permet quelques circonvolutions et une réelle réadaptation de la part du réalisateur pour offrir un résultat en tous points complet et satisfaisant - même si le fil rouge qui guide tout le film est assez évident pour ne pas dire classique...
Il est d'ailleurs amusant de noter qu'en 2010, alors en pleine promotion de Kick-Ass dont il venait de signer l'adaptation ciné, Matthew Vaughn annonçait avec grandiloquence que le film de super-héros était mort. Et pourtant, en transposant aujourd'hui Kingsman, le comics de Mark Millar et Dave Gibbons sur grand écran, le réalisateur se paye le luxe de créer le plus comic-book des films qui soit, dans ses excès les plus grotesques et fendards, et s'en sort avec les honneurs.
Ouvertement méta dans sa démarche, le script reste fidèle au travail de Millar, qui commente sans cesse le média par ses personnages. Dans Kingsman, on y commente films d'espionnages avec en ligne de mire les premiers James Bond et la cohorte de codes (clichés) qu'ils ont créés au cours des décennies. Le film part sans cesse dans les situations convenues et les hommages, pour les détourner systématiquement : donner un rôle d'espion ultra-violent au très anglais, poli et posé Colin Firth (ex-Monsieur Bridget Jones), employer l'inévitable Michael Caine (chef de file d'une série de films d'espionnage dans les années 60), reconstruire des repaires déments de savants fous et plonger plus profondément dans le design, le luxe et le style des années formatives du genre - spécifiquement anglo-saxon (Chapeau Melon et Bottes de Cuir, Des agents très spéciaux, Le Prisonnier parmi tant d'autres).
Ouvertement méta dans sa démarche, le script reste fidèle au travail de Millar, qui commente sans cesse le média par ses personnages. Dans Kingsman, on y commente films d'espionnages avec en ligne de mire les premiers James Bond et la cohorte de codes (clichés) qu'ils ont créés au cours des décennies. Le film part sans cesse dans les situations convenues et les hommages, pour les détourner systématiquement : donner un rôle d'espion ultra-violent au très anglais, poli et posé Colin Firth (ex-Monsieur Bridget Jones), employer l'inévitable Michael Caine (chef de file d'une série de films d'espionnage dans les années 60), reconstruire des repaires déments de savants fous et plonger plus profondément dans le design, le luxe et le style des années formatives du genre - spécifiquement anglo-saxon (Chapeau Melon et Bottes de Cuir, Des agents très spéciaux, Le Prisonnier parmi tant d'autres).
Daniel Craig peut aller se rhabiller à Savile Row |
Daniel Craig révélait en 2012 que le ton plus sombre du nouveau James Bond qu'il incarnait était une réaction directe à la série des Austin Powers ; que Mike Myers, leur instigateur, a "ruiné James Bond", obligeant leurs producteurs à se tourner vers son cousin lointain d'alors (Jason Bourne) pour reconstruire le mythe. Et Kingsman, de se trouver un peu entre les deux. Le film est badass et poseur, ultra-cool mais aussi chargé d'un second degré salvateur qui fait du bien dans le paysage cinématographique actuel. L'équilibre est délicat, autant dans ses velléités ultra-violentes que sa mise à jour du code du super espion (pour faire simple, tout y est délicieusement excessif), mais la recette prend et le film est suffisamment surprenant sous ses dehors d'hommage assisté.
Le film s'émerveille en permanence de pouvoir jouer du genre super-espion : il s'y plonge avec bonheur avec Colin Firth et propose le plus inattendu des passages de relais entre le personnage et son public grâce à Eggsy, petite frappe londonienne reconvertie en gentleman et agent secret qui passe par un singulier et jouissif programme d'entraînement (l'un des meilleurs passages du film). Et alors que notre héros demande à son mentor si tel gadget est un taser, on lui répond d'un air cinglant "Ne sois pas stupide. C'est une grenade". La décontraction est méthodique, presque acharnée. Les références sont digérées. Le film est constamment fun.
Malin et totalement conscient de ce qu'il fait, Matthew Vaughn referme son film comme la majorité des James Bond machistes se terminaient, et s'amuse de son irrévérence de gamin mal élevé, bien conscient de sa propre vulgarité - non sans nous caler au passage des plans incroyables d'un dynamisme effarant, ainsi qu'un plan séquence trafiqué mais estomaquant (la scène du Free Bird). Et alors que 2015 verra aussi émerger le prochain James Bond, 'Spectre', toujours avec Daniel Craig, un remake de la série 'Des agents très spéciaux' (en anglais, The Man from U.N.C.L.E., par Guy Ritchie, ainsi qu'un Mission : Impossible 5 initié par l'increvable Tom Cruise, on peut déjà se douter que Kingsman restera de loin le film le plus fun et décomplexé du lot, un héritier certes bâtard de la tradition du film d'espions, mais aussi tellement plus rafraichissant, dingue et réjouissant.
Le film s'émerveille en permanence de pouvoir jouer du genre super-espion : il s'y plonge avec bonheur avec Colin Firth et propose le plus inattendu des passages de relais entre le personnage et son public grâce à Eggsy, petite frappe londonienne reconvertie en gentleman et agent secret qui passe par un singulier et jouissif programme d'entraînement (l'un des meilleurs passages du film). Et alors que notre héros demande à son mentor si tel gadget est un taser, on lui répond d'un air cinglant "Ne sois pas stupide. C'est une grenade". La décontraction est méthodique, presque acharnée. Les références sont digérées. Le film est constamment fun.
Malin et totalement conscient de ce qu'il fait, Matthew Vaughn referme son film comme la majorité des James Bond machistes se terminaient, et s'amuse de son irrévérence de gamin mal élevé, bien conscient de sa propre vulgarité - non sans nous caler au passage des plans incroyables d'un dynamisme effarant, ainsi qu'un plan séquence trafiqué mais estomaquant (la scène du Free Bird). Et alors que 2015 verra aussi émerger le prochain James Bond, 'Spectre', toujours avec Daniel Craig, un remake de la série 'Des agents très spéciaux' (en anglais, The Man from U.N.C.L.E., par Guy Ritchie, ainsi qu'un Mission : Impossible 5 initié par l'increvable Tom Cruise, on peut déjà se douter que Kingsman restera de loin le film le plus fun et décomplexé du lot, un héritier certes bâtard de la tradition du film d'espions, mais aussi tellement plus rafraichissant, dingue et réjouissant.
1 commentaires:
A part la musique que j'ai trouvée répétitive et le côté méta qui m'a fait un peu chier (y avait pas besoin des dialogues qui surlignent le truc), c'était mortel.
La scène de l'église c'est le meilleur moment ciné que j'ai vu depuis... la tentative de sauvetage de big daddy dans kick-ass.
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