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dimanche 27 mars 2011

True Grit, de Joel et Ethan Coen


Après l'incursion aux frontières du western qu'avait été No Country for Old Men, les frères Coen entrent dans le vif du sujet avec cette réinterprétation (selon leurs dires) du livre 100 dollars pour un shériff... lui-même déjà adapté au cinéma en 1969 avec John Wayne. Rythmé par une musique inquiétante de Johnny Cash à la funeste promesse, écho de la fuite du tueur Tom Chaney (Sooner or later / God's gonna cut you down), le premier trailer est une promesse de western particulièrement savoureuse.

D'emblée, True Grit adresse un hommage appuyée au passé dont il est issu. C'est en introduisant discrètement au score une reprise du thème "Leaning on the everlasting arms", qu'on dégage déjà une mélancolie intrinsèque au film, un air funèbre en marche. Un classique rendu célèbre au cinéma (pour les non-américains) par son utilisation répétée dans le chef d'œuvre éternel qu'est La Nuit du Chasseur de Charles Laughton (1955), air que le faux-prophète interprété par Robert Mitchum tend à ressasser.
La majorité de la bande-originale composée par Carter Burwell est d'ailleurs une variation autour du thème "Leaning on the everlasting arms", rappelant une sorte de parenté jamais reniée.







Si True Grit revêt bien les apparats du western, les deux frères semblent se concentrer ailleurs. La chasse est lancée, l'intrigue est linéaire... à la menace de traverser les territoires indiens, on ne trouve aucune réelle représentation, et le voyage n'est prétexte qu'au plaisir de croiser certains personnages cocasses. Lancé en pilotage automatique, les deux frères semblent sacrifier leur sens de la loufoquerie habituelle au profit d'une histoire sans réelle surprise, aux chemins banalisés : le film a d'ailleurs été un succès incroyable aux États-Unis lors de sa sortie, si l'on prend en compte le genre du film (le western en désuétude) et ses réalisateurs (pas reconnus pour leur production de blockbuster).
Malgré tout, le film offre dans ses plans, son montage et ses promesses des variantes réjouissantes de situations déjà vues, qui peuvent en remontrer à bien des tâcherons. 


True Grit se veut un hymne à la vengeance sourde, mais pas barbare : Mattie Ross sait parfaitement qu'elle n'est pas de taille et pourtant, au nom de la justice et de son bon-droit, elle entend punir l'assassin de son père (elle-même s'il le faut comme le montre la séquence de la rivière). Le personnage est plein de bon-sens et de logique et est parfaitement consciente de la dureté de l'environnement dans lequel elle évolue. Elle n'hésite pas à avoir recours à une certaine ténacité, tout en sachant se montrer convaincante par une clarté d'esprit, allié à la précision et la justesse d'un vocabulaire semblant échapper au monde adulte : le comptable capitule, Rooster Cogburn accepte la mission, Tom Chaney, surpris, se laisse avoir.
Pour autant le personnage de Mattie Ross a une faiblesse : celui de ne pas être suffisamment humain, un paradoxe, quand on constate à quel point la jeune Hailee Steinfield peut être bouleversante.

Même si le second degré et l'absurde semble bien loin de ce film des frères Coen, certaines situations tendent à nous rappeler le sens de l'humour des frangins, qui dédramatise rapidement la chose : le personnage de Jeff Bridges est un ivrogne, Matt Damon est ridicule et n'aura jamais le temps de déclamer ses punchlines, et on trouve parmi la bande de cowboys sans foi ni loi quelqu'un d'un peu perdu poussant des cris d'animaux... Dans cette histoire, la véritable victime est la petite Mattie Ross, qui suite à cette aventure ne fera jamais vraiment le deuil des hommes ayant traversé sa vie à cet instant.



Le fameux Tom Chaney, cowboy un peu minable, n'est qu'un pantin un peu lent, pas bien conscient des enjeux en cours. La beauté de la chose, c'est ce grand écart de Josh Brolin, qui offre enfin l'assurance que celui-ci peut bien jouer les cowboys : le montage en flux ultra-tendu de Jonah Hex ne lui avait pas donné le temps de nous assurer de la chose, malgré un rôle originellement très intéressant et parfaitement tragique si l'on se réfère au comic-book original.
Comme tous les hommes de ce long-métrage, Tom Chaney disparaît en hors-champ et s'éclipse comme si de rien n'était. Au final, peu importe son sort, qu'on sait funeste (c'était la promesse du long-métrage), bien vite on passe de nouveau à autre chose, dans le sillage d'un conte un peu tordu de far-west... mais c'est déjà fini.

La dernière pirouette du scénario n'est qu'un prétexte à clôturer la douce épopée, où le chasseur de primes et son employée se trouvent tous deux un autre rôle, complémentaires l'un avec l'autre. L'occasion d'une dernière balade dans les plaines (qui manque singulièrement de Scope), la nuit, où règne l'ombre de La Nuit du Chasseur.
Pour boucler la boucle, "Leaning on the everlasting arms" est finalement ouvertement reprise dans cette séquence crépusculaire, adaptant les paroles à l'action (plus ou moins, "se reposer sur les bras jamais faillibles d'un sauveur"). La beauté intrinsèque de la scène, quoique déjà vue, est foudroyante.


Malheureusement moins riche, implacable et définitif que ne le laissait supposer sa bande-annonce, True Grit est tout de même un petit bonheur de film qui, à mesure qu'il s'égrène, nous fait réaliser ses évidentes qualités tout en mettant en lumière ses faiblesses : à trop l'avoir joué accessible, prémâché, les frère Coen ont perdu un peu de cœur, de cran. De "grit", en somme.


 Photographe à ses heures, Jeff Bridges a profité du tournage pour prendre quelques clichés mis en ligne sur son site. Cliquez ici pour accéder à des panoramiques en N&B, des images de western ou d'acteurs au repos... tout ce qu'on aime.

1 commentaires:

Anonyme a dit…

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